Le professeur Laurent Castillo, médecin et député européen, a vivement critiqué la politique de la ville de Nice en matière de santé publique et de sécurité. Porte-parole d'Éric Ciotti, il dénonce des mesures qu'il juge insuffisantes face à la toxicomanie, à l'usage du gaz hilarant et à une crise hospitalière qu'il estime mal gérée.
Dans une analyse sévère, il pointe du doigt des décisions municipales considérées comme des solutions de surface qui ne s'attaquent pas aux racines des problèmes, tout en alertant sur les conséquences économiques et sanitaires pour la ville.
Points Clés
- Le professeur Castillo qualifie la politique de lutte contre la toxicomanie de simple "mise en scène", appelant à une approche médicale renforcée.
- Il juge l'interdiction de la vente de gaz hilarant insuffisante et réclame des sanctions plus fermes pour endiguer ce phénomène.
- Il critique les projets hospitaliers de la municipalité, notamment le futur "Centre des santés", qu'il considère comme irréaliste et non financé.
- La destruction du palais Acropolis est dénoncée comme une erreur stratégique ayant entraîné la fuite des grands congrès médicaux vers d'autres villes.
La gestion de la toxicomanie jugée inefficace
Le professeur Laurent Castillo dresse un constat sévère concernant la gestion de la toxicomanie dans les rues de Nice. Selon lui, les scènes de détresse visibles en centre-ville témoignent de l'échec des politiques actuelles.
Il critique particulièrement les mesures visant à déplacer les toxicomanes, comme la fermeture temporaire de certaines rues. Il qualifie cette approche de "mise en scène inutile", arguant qu'elle ne fait que déplacer le problème sans le résoudre.
"Déplacer le problème d’un trottoir à un autre, c’est ignorer le fond du sujet", a-t-il affirmé, soulignant la nécessité d'une prise en charge structurelle.
Pour l'eurodéputé, la solution ne réside pas dans des actions sécuritaires isolées mais dans une réponse sanitaire coordonnée. Il insiste sur le besoin urgent de renforcer les moyens médicaux et sociaux pour accompagner ces personnes en grande difficulté.
Un plaidoyer pour une approche médicale
Face à ce qu'il perçoit comme une lacune de la politique municipale, Laurent Castillo appelle à une véritable stratégie de santé publique. Il préconise une augmentation significative des ressources allouées à la prise en charge des addictions.
Ses recommandations incluent :
- La création de centres spécialisés supplémentaires.
- L'augmentation du nombre de lits d'hospitalisation, notamment en journée.
- Un renforcement de l'accompagnement psychiatrique, qu'il considère comme le "parent pauvre" du système de santé actuel.
Il estime que sans un investissement massif dans des soins structurés, la situation continuera de se dégrader, affectant à la fois la santé publique et la tranquillité des habitants.
Le gaz hilarant : un danger sous-estimé
Un autre sujet d'inquiétude majeur soulevé par Laurent Castillo est la consommation croissante de protoxyde d'azote, communément appelé "gaz hilarant", en particulier chez les jeunes. Les cartouches métalliques jonchant les trottoirs sont devenues un spectacle courant dans certains quartiers de la ville.
Le médecin rappelle que derrière son appellation trompeuse se cache un produit dangereux. Une consommation régulière peut entraîner de graves troubles neurologiques, des accidents et générer d'importantes nuisances sonores et environnementales.
Le protoxyde d'azote, lorsqu'il est inhalé, provoque une euphorie de courte durée mais peut causer des dommages irréversibles au système nerveux central, des troubles de la mémoire et des problèmes de coordination motrice.
Bien que la mairie de Nice ait pris un arrêté interdisant la vente de ce produit, le professeur Castillo juge cette mesure largement insuffisante pour endiguer le phénomène. Il estime que la simple interdiction commerciale ne suffit pas à dissuader les consommateurs et les trafiquants.
La nécessité de sanctions plus fermes
Pour Laurent Castillo, la réponse doit être plus répressive pour être efficace. Il est convaincu que seule une politique de sanctions claires et appliquées peut modifier les comportements à risque.
"Il n’y aura que la punition pour faire changer les comportements", a-t-il déclaré, appelant à un durcissement de la législation.
Il reconnaît que faire évoluer le cadre légal relève de la compétence des parlementaires nationaux, mais il incite les autorités locales à user de tous les pouvoirs à leur disposition pour sanctionner la consommation sur la voie publique.
En parallèle de la répression, il plaide pour une prévention repensée. Selon lui, les campagnes d'information classiques ne suffisent plus. "Les jeunes ne manquent pas d’informations, ils manquent de repères", affirme-t-il, suggérant un accompagnement plus ciblé et continu auprès des adolescents.
Une politique hospitalière critiquée
Le député européen s'attaque également aux projets d'infrastructures de santé portés par la municipalité. Il se montre particulièrement sceptique quant à l'annonce d'un grand "Centre des santés" dans la Plaine du Var.
Il dénonce un projet qu'il qualifie de "mirage", pointant l'absence de financement clair et de concertation avec les professionnels de santé. Pour lui, cette annonce est irréaliste alors que l'hôpital public est déjà en grande difficulté financière et humaine.
"C’est irréaliste", tranche-t-il, rappelant que l'extension de l'hôpital Pasteur 2 vient à peine de s'achever. Lancer un nouveau chantier de cette envergure lui semble incohérent avec la situation actuelle du système de santé niçois.
L'avenir de la fondation Lenval, un établissement pédiatrique emblématique de Nice, est également une source de préoccupation. Laurent Castillo s'oppose fermement à toute idée de démantèlement ou de délocalisation de ses services, affirmant que la pédiatrie doit impérativement rester sur son site historique.
Il qualifie Lenval de "joyau niçois" et refuse de voir ses activités dispersées, ce qui, selon lui, nuirait à la qualité des soins offerts aux enfants de la région.
L'impact économique de la perte des congrès médicaux
Enfin, Laurent Castillo aborde les conséquences économiques de certaines décisions d'urbanisme, notamment la destruction du Palais des Congrès Acropolis. Il affirme que cette décision a eu un impact direct et négatif sur le tourisme d'affaires à Nice.
Selon lui, Nice, qui était auparavant la deuxième ville de France pour l'accueil de grands événements professionnels, a perdu de nombreux congrès médicaux majeurs au profit de villes concurrentes comme Cannes et Monaco.
Cette perte représente un manque à gagner considérable pour l'économie locale, notamment pour les hôtels, les restaurants et les commerces. "C’est un gâchis", déplore-t-il, critiquant une décision qu'il juge à courte vue.
En conclusion, le porte-parole d'Éric Ciotti se positionne clairement en vue des prochaines échéances municipales. Il promet que s'il participe à une future majorité, la reconstruction d'une infrastructure de congrès moderne et adaptée sera une priorité pour redonner à Nice son attractivité dans ce secteur clé.