À l'approche des élections municipales de 2026 à Nice, le socialiste Patrick Allemand et sa liste d'union de la gauche « Unis pour Nice » présentent une stratégie détaillée sur la sécurité. En réponse à une récente fusillade qui a marqué la ville, leur programme cherche à combiner fermeté, prévention et proximité, se démarquant à la fois de la majorité actuelle et de l'aile plus radicale de la gauche.
La proposition centrale repose sur un renforcement du lien social et une police de quartier repensée, tout en maintenant des outils jugés essentiels comme la vidéoprotection et l'armement de la police municipale. Cette approche vise à offrir une alternative crédible sur un thème traditionnellement dominé par la droite.
Les Points Clés
- Retour d'une police de quartier pour renforcer la proximité avec les habitants.
- Maintien de la vidéoprotection et de l'armement de la police municipale.
- Fin des contrats avec les sociétés de sécurité privées pour les missions régaliennes.
- Accent mis sur la prévention par le soutien aux associations et aux clubs sportifs.
- Propositions concrètes sur la toxicomanie et l'amélioration des transports publics.
Une approche sécuritaire axée sur la proximité
Face à un sentiment d'insécurité grandissant, exacerbé par de récents faits divers violents, Patrick Allemand propose une vision de la sécurité qui tranche avec ce qu'il qualifie de « gestion de l'émotion » de la part de la majorité municipale actuelle. Il critique une politique axée sur la communication et les annonces spectaculaires, prônant au contraire des solutions de fond.
Sa démarche a été illustrée par son refus de se rendre sur les lieux de la fusillade du quartier des Moulins pour une visite médiatisée. « La sécurité mérite du sérieux, pas du spectacle », a-t-il affirmé, ciblant indirectement les élus de droite qu'il accuse de privilégier la mise en scène à l'action concrète. Cette posture vise à installer l'image d'une gauche sérieuse et pragmatique.
Le retour de la police de quartier
Le pilier de la stratégie d'« Unis pour Nice » est la réintroduction d'une police de quartier. Selon Patrick Allemand, les augmentations d'effectifs policiers depuis 2008 n'ont pas suffi à endiguer la montée de la violence. Il plaide pour un modèle où les policiers sont des visages connus des habitants, capables de créer du lien et de désamorcer les tensions avant qu'elles ne dégénèrent.
Ce modèle, abandonné lors d'une réforme nationale sous la présidence de Nicolas Sarkozy, est présenté comme une solution plus humaine et efficace sur le long terme. L'objectif est de passer d'une logique purement répressive à une approche préventive, où la connaissance du terrain et des populations est primordiale.
Contexte : La sécurité, un enjeu majeur à Nice
La question de la sécurité est un thème central et souvent sensible dans le débat politique niçois. La ville a investi massivement dans la vidéoprotection et dispose d'une des polices municipales les plus importantes de France. Cependant, des événements violents liés notamment au trafic de drogue continuent d'alimenter les préoccupations des habitants et les débats entre les différentes forces politiques.
Fermeté et pragmatisme : les lignes rouges de la gauche niçoise
Si la liste de Patrick Allemand met l'accent sur la prévention, elle ne rejette pas pour autant les outils traditionnels de la sécurité. Le candidat socialiste adopte une ligne pragmatique sur plusieurs sujets clivants, marquant ainsi sa différence avec les positions de La France Insoumise.
Maintien de la vidéoprotection et de l'armement
Patrick Allemand se positionne clairement en faveur du maintien du vaste réseau de caméras de vidéoprotection de la ville. Il en reconnaît l'utilité pour la résolution des enquêtes, tout en critiquant une gestion qu'il juge trop « quantitative » et déconnectée du travail humain sur le terrain.
« Priver les agents de leurs moyens serait les mettre en danger. »
De même, la question du désarmement de la police municipale est balayée d'un revers de main. Il qualifie cette idée d'« irresponsable », estimant que dans une ville comme Nice, exposée à de multiples menaces, les policiers doivent disposer des moyens nécessaires pour se protéger et protéger les citoyens. Cette position ferme vise à rassurer un électorat attaché aux principes d'ordre.
La police municipale de Nice en chiffres
La police municipale de Nice est l'une des plus importantes de France, avec plusieurs centaines d'agents. Elle est équipée d'armes à feu depuis de nombreuses années, une décision qui fait l'objet de débats réguliers au niveau national mais qui est largement acceptée localement.
Des propositions concrètes pour le quotidien des Niçois
Le projet d'« Unis pour Nice » ne se limite pas aux questions policières. Il englobe plusieurs aspects de la vie urbaine qui, selon la liste, contribuent directement ou indirectement à la sécurité et à la cohésion sociale.
La fin de la sécurité privée et le renforcement du public
Une des mesures fortes annoncées est la fin des contrats avec les sociétés de sécurité privées, comme le groupe Gaida. Patrick Allemand estime que la sécurité est une mission régalienne qui doit rester sous le contrôle exclusif de la puissance publique. Pour compenser, il propose de renforcer les effectifs des Agents de Surveillance de la Voie Publique (ASVP), dont les missions seraient redéfinies.
Lutte contre la toxicomanie et amélioration des transports
Le programme aborde également la question de la toxicomanie, un problème visible dans certains quartiers. Critiquant la fermeture de l'ancien centre d'accueil pour toxicomanes (CAARUD), qui aurait déplacé le problème sans le résoudre, Allemand préconise la création de lieux d'accueil, d'hygiène et d'écoute. Cette approche sanitaire et sociale vise à traiter les causes profondes de l'addiction.
Enfin, la sécurité dans les transports est liée à la qualité du service. En tant qu'usager régulier, il affirme que l'amélioration du réseau est une priorité. Les projets d'extension des lignes de tramway 4 et 5 vers des quartiers comme Cagnes et l'Ariane sont considérés comme essentiels pour désenclaver des zones et promouvoir ce qu'il appelle « l'égalité urbaine ».
- Prévention : Soutien accru aux associations de quartier, clubs sportifs et structures d'aide aux devoirs.
- Toxicomanie : Création de structures d'accueil et de soin pour les usagers de drogues.
- Économie : Contrôles ciblés contre le blanchiment d'argent, sans stigmatiser les commerçants.
- Transports : Priorité à l'extension du réseau de tramway pour relier les quartiers.
Avec ce programme, Patrick Allemand tente d'incarner une troisième voie, celle d'une gauche qui parle d'ordre sans renoncer à ses valeurs de solidarité et de prévention. Une stratégie qui pourrait trouver un écho auprès des Niçois en quête d'une autorité apaisée et de solutions concrètes.