Politique5 vues4 min de lecture

Tensions politiques à Nice après un rassemblement de l'ultradroite

Un rassemblement de l'ultradroite au Monument aux Morts de Nice a provoqué une vive condamnation du Parti Communiste et des critiques sur le silence des élus.

Lucas Chevalier
Par
Lucas Chevalier

Journaliste spécialisé dans l'actualité locale de la Côte d'Azur, Lucas Chevalier couvre les questions sociales, politiques et les grands projets qui transforment la région. Il apporte un éclairage précis sur les mouvements sociaux et leurs impacts sur la vie quotidienne des citoyens.

Profil de l'auteur
Tensions politiques à Nice après un rassemblement de l'ultradroite

Une manifestation organisée par des groupes d'ultradroite au Monument aux Morts de Nice a déclenché une vague d'indignation politique. Le Parti Communiste Français des Alpes-Maritimes a fermement condamné l'événement, qualifiant l'acte de "récupération indigne" et dénonçant le silence des élus locaux.

Le rassemblement, qui a eu lieu dimanche soir, a vu une centaine de militants se réunir dans un lieu hautement symbolique, provoquant des réactions vives de la part de plusieurs acteurs politiques et associatifs de la région.

Déploiement de l'ultradroite au Monument aux Morts

Dimanche 14 septembre au soir, le parvis du Monument aux Morts de Nice a été le théâtre d'une démonstration de force. Environ une centaine de militants appartenant à divers groupuscules nationalistes, dont Aquila Popularis, se sont rassemblés.

Les participants ont brandi des drapeaux tricolores et déployé une banderole provocatrice sur laquelle était inscrite la phrase "Viens enlever mon drapeau" en lettres gothiques. Le choix du lieu, dédié à la mémoire des soldats morts pour la France, a été perçu comme une provocation délibérée.

Un lieu à forte charge symbolique

Le Monument aux Morts de Nice, situé sur le quai Rauba-Capeù, est un lieu de recueillement et de mémoire pour les Niçois. Il honore les milliers de soldats de la ville tombés au combat lors des grands conflits du XXe siècle, notamment ceux qui ont lutté contre le fascisme et le nazisme durant la Seconde Guerre mondiale.

La condamnation ferme du Parti Communiste

La réaction du Parti Communiste Français des Alpes-Maritimes (PCF06) a été immédiate et sans équivoque. Julien Picot, le secrétaire départemental, a publié un communiqué pour dénoncer ce qu'il qualifie d'acte de "l'extrême droite fasciste".

Il a vivement critiqué l'appropriation de symboles nationaux et de lieux de mémoire par ces groupes. Selon lui, cette action bafoue l'héritage de ceux qui se sont sacrifiés pour les valeurs républicaines.

"Nous dénonçons avec force cette récupération indigne : ce lieu appartient à la mémoire de celles et ceux qui ont combattu pour la liberté, et non à ceux qui en foulent l’héritage en piétinant les valeurs de la République", a déclaré Julien Picot.

Le drapeau tricolore, un héritage républicain

Dans sa déclaration, Julien Picot a insisté sur la signification historique du drapeau français, affirmant qu'il ne pouvait être l'emblème de mouvements extrémistes.

"Le drapeau bleu-blanc-rouge n’appartient pas aux fascistes", a-t-il martelé. "Il est celui des républicains, des héritiers de la Révolution, du peuple de France."

Le secrétaire du PCF06 a également rappelé le rôle des figures de la Résistance locale, comme Virgile Barel et son fils Max, mort sous la torture, pour souligner le contraste entre leur sacrifice et l'idéologie des manifestants.

Qui étaient Virgile et Max Barel ?

  • Virgile Barel (1889-1979) : Député communiste des Alpes-Maritimes, il fut une figure majeure de la Résistance dans la région. Arrêté en 1943, il fut déporté.
  • Max Barel (1913-1944) : Ingénieur et fils de Virgile, il fut un résistant actif. Arrêté par la Gestapo, il mourut sous la torture sans avoir parlé, devenant un symbole du sacrifice pour la liberté.

Julien Picot a conclu en appelant à la vigilance : "Face aux tentatives de réécriture de l’Histoire par l’extrême droite, nous affirmons : le fascisme ne passera pas. Nous serons toujours du côté de la démocratie, de la paix et de la fraternité des peuples."

Le silence des élus locaux pointé du doigt

L'indignation ne s'est pas limitée au Parti Communiste. David Nakache, président de l'association "Tous citoyens" et membre du mouvement de gauche Viva!, a également exprimé sa consternation face à cet événement.

Au-delà de la manifestation elle-même, il a surtout critiqué l'absence de réaction de la part des principales figures politiques de la droite locale.

"À cette atteinte à la mémoire des victimes du fascisme s'ajoute le silence assourdissant du maire de Nice, Christian Estrosi, et de son frère ennemi, Eric Ciotti", a souligné David Nakache dans un communiqué.

Cette absence de prise de parole des deux leaders politiques a été interprétée par certains observateurs comme un manque de fermeté face à la montée des mouvements d'ultradroite dans la région. L'événement continue de susciter des débats sur la place de ces groupuscules dans l'espace public et sur la réponse politique à y apporter.