Politique10 vues5 min de lecture

Avenir de la Gare du Sud : le projet culturel de la mairie contesté

Le projet de centre culturel de 10 M€ de la mairie de Nice pour la Gare du Sud est contesté. L'opposition propose un grand marché couvert et réclame une consultation citoyenne.

Isabelle Marchal
Par
Isabelle Marchal

Journaliste spécialisée dans les projets d'urbanisme, les politiques culturelles locales et les transformations des territoires sur la Côte d'Azur. Isabelle Marchal analyse les grands projets qui redessinent la ville et leurs impacts sur la vie des habitants.

Profil de l'auteur
Avenir de la Gare du Sud : le projet culturel de la mairie contesté

Le projet de transformation de la Gare du Sud à Nice en un centre culturel, porté par la municipalité, suscite un vif débat. Doté d'un budget de dix millions d'euros pour une ouverture prévue en 2026, le plan de la mairie fait face à des propositions alternatives de l'opposition, qui réclame la création d'un grand marché couvert et une consultation citoyenne.

Après l'échec de la halle gourmande gérée par un opérateur privé, la Ville de Nice a décidé de reprendre en main le destin de ce lieu emblématique du quartier de la Libération. Cependant, la vision d'un pôle culturel ne fait pas l'unanimité et ravive les discussions sur l'usage des grands équipements niçois.

Les points clés

  • La mairie de Nice prévoit un centre culturel de 10 millions d'euros à la Gare du Sud pour début 2026.
  • L'opposant socialiste Patrick Allemand critique un projet "fourre-tout" et propose un grand marché couvert.
  • Le collectif citoyen Viva! exige une consultation publique pour décider de l'avenir du bâtiment.
  • Le projet de déplacer le Théâtre National de Nice (TNN) sur le site a été jugé "infaisable" par sa directrice.

Le projet municipal pour la Gare du Sud

La Ville de Nice, sous l'impulsion du maire Christian Estrosi, a présenté son ambition pour la Gare du Sud. Le projet vise à créer un vaste espace culturel polyvalent. L'investissement prévu s'élève à environ dix millions d'euros, avec un objectif d'inauguration au premier trimestre 2026.

Ce futur centre a pour vocation d'accueillir diverses activités. Parmi les aménagements annoncés figurent un hall pour des conférences, une artothèque permettant d'emprunter des œuvres d'art, et des espaces équipés d'outils numériques modernes.

Le complexe comprendrait également un lieu de détente, un café et un kiosque à journaux, complétant ainsi une offre destinée aux spectacles et aux événements publics. Cette reconversion sera soumise au vote du conseil municipal prochainement.

Un lieu en quête de vocation

La Gare du Sud a connu plusieurs tentatives de reconversion ces dernières années. La plus récente, une halle gourmande gérée par un acteur privé, n'a pas rencontré le succès escompté, conduisant la municipalité à reprendre le contrôle direct du site pour y développer un nouveau projet public.

Une vision culturelle vivement critiquée

Le projet de la mairie est loin de faire consensus. L'ancien vice-président de la région, Patrick Allemand, a exprimé une critique acerbe, qualifiant le concept de "vaste fourre-tout".

"Un lieu de détente, un café et un kiosque à journaux, et un lieu d’accueil pour des spectacles et des conférences. Décidément ce lieu est maudit…", a déclaré le conseiller municipal d'opposition.

Selon lui, cette multiplication de fonctions manque de cohérence et ne répond pas aux véritables besoins des Niçois. Il met en doute la capacité d'un tel aménagement à donner une identité forte et pérenne à ce bâtiment historique.

L'hypothèse du TNN écartée

Une autre proposition, émise par Éric Ciotti, suggérait de déménager la grande salle du Théâtre National de Nice (TNN) à la Gare du Sud. Cette idée a cependant été rapidement invalidée par les principaux intéressés.

Muriel Mayette-Holtz, directrice du TNN, avait clairement indiqué que le projet était techniquement irréalisable. Dans une interview accordée le 18 septembre, elle assurait que "les surfaces étant trop petites", la Gare du Sud ne pouvait accueillir les infrastructures nécessaires à un théâtre de cette envergure.

Un débat plus large sur les grands projets

La discussion sur la Gare du Sud s'inscrit dans un contexte plus large de remise en question des grands projets urbains à Nice. La démolition du TNN et du palais des congrès Acropolis a déjà suscité de nombreuses réactions, et les collectifs citoyens demandent plus de transparence et de participation dans les décisions d'aménagement.

La contre-proposition d'un marché couvert

Face au projet culturel, Patrick Allemand avance une idée radicalement différente : transformer la Gare du Sud en un grand marché couvert permanent. Il souligne que Nice est l'une des rares grandes villes de la Côte d'Azur à ne pas disposer d'une telle infrastructure.

Il prend pour modèles les marchés de villes voisines qui connaissent un grand succès :

  • Le marché Forville à Cannes
  • Le marché provençal d'Antibes
  • Le marché des Halles à Menton
  • Le marché de Vintimille en Italie

Pour l'opposant, un tel marché répondrait à une attente forte des habitants du quartier de la Libération et de toute la ville, en valorisant les produits locaux et en créant un lieu de vie et de convivialité authentique.

L'appel à une consultation citoyenne

La proposition d'un marché n'est pas la seule alternative. Un consensus émerge au sein de l'opposition et des milieux associatifs sur la nécessité d'impliquer directement les habitants dans la décision finale.

Le collectif citoyen Viva!, proche de La France Insoumise, appelle à "stopper les projets à l'emporte-pièce". Le groupe estime que les Niçois auraient dû être consultés pour l'avenir du TNN et d'Acropolis, et qu'ils doivent impérativement l'être pour la Gare du Sud.

"Il est indispensable de prendre le temps d’une véritable concertation publique pour décider du devenir de ce bel édifice qui porte en lui beaucoup de l’histoire locale", affirme le collectif dans un communiqué.

Cette demande de démocratie participative est également relayée par Patrick Allemand. Concernant l'aménagement de l'étage et des balcons de la gare, il propose de lancer une "grande consultation populaire, plutôt que de penser à la place des Niçois, comme souvent". Le débat sur l'avenir de ce lieu emblématique ne fait que commencer.