À l'approche des élections municipales de 2026 à Nice, La France Insoumise (LFI) prépare sa campagne en solo après l'échec des négociations pour une union de la gauche. Anne-Laure Chaintron, figure du parti, a détaillé les grands axes d'un programme axé sur le logement, la sécurité et la gratuité des transports, tout en visant à rassembler largement la société civile.
Le mouvement entend se positionner comme une alternative crédible, en rupture avec les politiques actuelles, et ambitionne d'arriver en position de force au premier tour du scrutin.
Les points clés
- La France Insoumise présentera une liste autonome pour les élections municipales de 2026 à Nice.
- Le programme s'articule autour de la gratuité des transports, d'une nouvelle politique de sécurité et d'une réponse à la crise du logement.
- La composition de la liste, qui sera dévoilée le 12 octobre, privilégiera des figures de la société civile plutôt que des politiciens professionnels.
- LFI critique vivement la stratégie sécuritaire actuelle basée sur la vidéosurveillance et propose de réallouer les moyens vers la présence humaine.
Une campagne autonome et un objectif clair
La France Insoumise a confirmé sa décision de mener sa propre campagne pour les élections municipales de 2026 à Nice. Cette orientation fait suite à l'impossibilité de former une alliance avec les autres forces de gauche, notamment le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français et les Écologistes.
Selon Anne-Laure Chaintron, cheffe de file de LFI, les discussions ont été rapidement closes par leurs partenaires potentiels. « Ils ont tout verrouillé très tôt. Qu’ils assument », a-t-elle déclaré, soulignant que LFI avait proposé une méthode incluant une place significative pour la société civile. Face à ce refus, le mouvement a choisi de tracer sa propre voie.
L'objectif affiché est ambitieux : arriver en position de force au soir du premier tour. Cette stratégie repose sur une campagne de terrain et un programme détaillé, conçu pour répondre aux préoccupations quotidiennes des Niçois.
La composition de l'équipe municipale
Le suspense reste entier concernant la tête de liste, qui sera officiellement annoncée le 12 octobre. Anne-Laure Chaintron a laissé entendre que ni elle ni Olivier Salerno ne seraient nécessairement les candidats désignés, ouvrant la porte à une surprise.
La future équipe se veut le reflet de la diversité de la société niçoise. Elle intégrera des syndicalistes, des membres d'associations, des habitants des quartiers populaires et des experts en politiques publiques. L'accent est mis sur la fiabilité et la disponibilité des candidats plutôt que sur leur carrière politique.
« Une liste municipale, c’est une équipe qui va siéger et travailler en collectif pendant six ans. On veut des gens fiables et disponibles, pas des professionnels de la politique », a précisé Anne-Laure Chaintron.
Les grands axes du programme LFI pour Nice
Le projet de La France Insoumise pour Nice se concentre sur trois thématiques majeures : la sécurité, les transports et le logement. Sur chaque sujet, le mouvement propose des solutions en rupture avec les politiques menées par la majorité actuelle.
Repenser la sécurité urbaine
Nice est l'une des villes les plus équipées de France en caméras de vidéosurveillance, un dispositif que LFI juge inefficace et coûteux. « Les caméras, c’est une illusion de sécurité. On a dépensé des millions d’euros, et est-ce que la délinquance a disparu ? Non », affirme Anne-Laure Chaintron.
Le parti propose de réévaluer l'ensemble du système de surveillance, caméra par caméra, et de réinvestir les fonds dans des solutions jugées plus efficaces :
- La présence humaine : renforcer la police municipale de proximité, les médiateurs et les travailleurs sociaux.
- La prévention : agir sur les causes de l'insécurité.
- L'aménagement urbain : améliorer l'éclairage public et la vitalité des quartiers.
Le programme de LFI inclut également le désarmement de la police municipale, une mesure défendue par une majorité de ses sympathisants.
La gratuité des transports en commun
Une des propositions phares de La France Insoumise est d'instaurer la gratuité totale des transports publics à Nice. Loin d'être une « lubie », cette mesure est présentée comme un choix politique finançable et juste.
Le financement proviendrait de plusieurs sources :
- Le versement-mobilité, une taxe payée par les entreprises.
- La réaffectation des budgets alloués à des « projets d'urbanisme pharaoniques » et à des contrats de sécurité privée.
- Des subventions de l'État et de l'Union Européenne, qui ont déjà contribué au financement du réseau.
Pour LFI, la gratuité des transports est une mesure à la fois sociale, en augmentant le pouvoir d'achat des ménages, et écologique, en incitant les automobilistes à laisser leur voiture au garage.
Une réponse d'urgence à la crise du logement
Face à la flambée des prix de l'immobilier, La France Insoumise dénonce une situation « indécente ». Le parti rappelle que la ville ne compte que 14 % de logements sociaux, alors que 20 % des Niçois vivent sous le seuil de pauvreté.
Pour inverser la tendance, LFI propose une stratégie en trois points :
- Lutter contre la spéculation : réguler strictement les locations touristiques de type Airbnb qui réduisent l'offre de logements pour les habitants.
- Investir dans la rénovation : privilégier la réhabilitation et la surélévation des bâtiments existants pour créer de nouveaux logements sans artificialiser les sols.
- Faire du logement un droit : garantir l'accès à un logement décent pour tous les habitants de Nice.
Positions sur les enjeux nationaux et internationaux
Interrogée sur des sujets de politique nationale, Anne-Laure Chaintron a réaffirmé les positions de son parti, notamment sur le conflit israélo-palestinien et les accusations d'antisémitisme.
Le conflit israélo-palestinien
Concernant la qualification des attaques du 7 octobre 2023, la cheffe de file de LFI a insisté sur la ligne du parti, qui est de se référer au droit international. Elle a rappelé que la reconnaissance de l'État de Palestine et la solution à deux États sont des points fondamentaux du programme du Nouveau Front Populaire, partagés par toutes ses composantes.
« Aujourd’hui, même le président de la République a fini par reconnaître l’État de Palestine. Cela veut dire que l’on avait raison de tenir bon », a-t-elle souligné, défendant une position basée sur le droit et la protection des civils.
La lutte contre l'antisémitisme
Anne-Laure Chaintron a fermement rejeté les accusations d'antisémitisme portées contre son mouvement, les qualifiant d'« insulte violente ». Elle a rappelé l'engagement de LFI à combattre toutes les formes de racisme sans compromis.
« L’antisémitisme est une forme de racisme, et nous combattons toutes les formes de racisme. Il est hors de question de transiger là-dessus », a-t-elle martelé.
Elle a également établi une distinction claire avec l'extrême droite, dont elle a dénoncé « l'héritage historique antisémite », et a assuré que son parti défendait tous les habitants de Nice, sans distinction, contre toutes les formes de haine.