Mireille Damiano, désignée tête de liste par La France Insoumise et le collectif citoyen « Viva ! », se lance dans la course pour les élections municipales de 2026 à Nice. Son projet, axé sur la participation citoyenne, vise à offrir une alternative politique face au duo Estrosi-Ciotti. Elle détaille ses propositions en matière de sécurité, de logement, de transports et d'écologie.
S'appuyant sur la dynamique créée en 2020, où sa liste avait manqué de peu le second tour, l'avocate niçoise entend co-construire son programme directement avec les habitants des différents quartiers de la ville.
Les points clés du programme
- Construction du programme électoral via des assemblées de quartier et des questionnaires citoyens.
- Réforme de la politique de sécurité : audit des caméras, renforcement de la police de proximité et opposition à la sécurité privée.
- Priorité au logement social avec encadrement des loyers et réquisition des logements vacants.
- Instauration progressive de la gratuité des transports en commun.
- Développement d'une politique écologique axée sur des espaces verts fonctionnels et partagés.
Une campagne fondée sur la démocratie participative
Mireille Damiano place la participation des citoyens au cœur de sa stratégie pour 2026. L'objectif est de relancer la dynamique du collectif « Viva ! », qui avait déjà permis d'élaborer un programme en 2020. Selon elle, ce lien avec les habitants a été maintenu depuis.
Pour bâtir son nouveau projet, la candidate s'appuie sur des outils concrets. Des réunions thématiques ont été organisées et un questionnaire est en cours de diffusion. Le but est de recueillir les priorités des Niçois, quartier par quartier.
« L’idée, c’est de proposer la liste d’un rassemblement large et citoyen, ancré dans ce que nous avions déjà construit en 2020 avec Viva ! », explique Mireille Damiano. Cette méthode de co-construction vise à garantir que le programme final reflète les préoccupations réelles de la population.
La question des alliances à gauche
Alors que la gauche niçoise apparaît divisée, Mireille Damiano revient sur l'échec des négociations avec la liste « Unis pour Nice », qui regroupe le Parti Socialiste, le Parti Communiste Français et les Écologistes. « Nous avons tout fait pour aboutir à ce rassemblement. Mais il nous a été clairement dit que la notion d’union « sans exclusives » n’était pas partagée. En clair, sans LFI… », déplore-t-elle.
Malgré cette situation, elle ne ferme pas la porte à de futures discussions. « Je reste convaincue que des évolutions sont possibles jusqu’au dépôt des listes, début 2026 », affirme la candidate, tout en précisant que son rassemblement « n’exclut personne ».
Sécurité : une approche repensée
La sécurité est un thème central de la campagne. Mireille Damiano propose une rupture avec la politique actuelle, qu'elle juge trop axée sur la vidéosurveillance. Sa première mesure serait de stopper l'installation de nouvelles caméras.
Un audit sur la vidéosurveillance
La candidate demande un audit complet, quartier par quartier, pour évaluer l'efficacité réelle des caméras de surveillance. Elle souhaite analyser leur coût, leur utilisation et leur impact sur la résolution des enquêtes, critiquant le manque de transparence actuel sur ces données.
Elle s'oppose également fermement au recours à des sociétés de sécurité privée, estimant que la sécurité doit rester une compétence régalienne. « Les retours des Moulins sont édifiants, avec des patrouilles qui « déambulent » sans résultats probants. La sécurité est une compétence publique et doit le rester », insiste-t-elle.
Police de proximité et missions redéfinies
Le projet de Mireille Damiano met l'accent sur le renforcement d'une véritable police de proximité. Elle estime qu'un rééquilibrage des missions entre la police nationale et la police municipale est nécessaire. Selon elle, trop de tâches relevant de l'État ont été transférées à la police municipale, ce qui crée une confusion.
Concernant la question du désarmement de la police municipale, souvent associée à La France Insoumise, sa position est nuancée. Elle souhaite « objectiver cela avec un audit sérieux, en tenant compte de la réalité des quartiers et des risques pour les agents » avant toute décision.
Logement et transports : les priorités sociales
Face à la crise du logement qui touche Nice, la candidate avance plusieurs propositions fortes. La priorité est claire : favoriser le logement pour les habitants plutôt que les résidences secondaires et les hôtels de luxe.
Les leviers pour le logement
Pour augmenter l'offre de logements accessibles, Mireille Damiano propose un plan d'action en plusieurs points :
- Instaurer l'encadrement des loyers.
- Réquisitionner les logements vacants.
- Favoriser la surélévation des immeubles existants.
- Reconvertir des bureaux en habitations.
- Mieux contrôler la location de meublés touristiques de type Airbnb.
Elle se déclare défavorable à de nouvelles constructions massives qui artificialiseraient les sols. « On ne peut pas sacraliser des terres agricoles d’un côté, et bétonner de l’autre. Il faut choisir un cap et inverser les priorités en rendant Nice aux Niçois », argumente-t-elle.
Vers la gratuité des transports
En matière de mobilité, la proposition phare est l'instauration progressive de la gratuité des transports en commun. Mireille Damiano cite en exemple des villes comme Dunkerque ou Montpellier. Ce projet serait financé, entre autres, par une augmentation de la taxe de séjour.
« Au-delà du budget, c’est un lien social vital. Des jeunes des quartiers excentrés disent « on va à Nice ? » quand ils sortent alors qu’ils y sont déjà. La gratuité facilite l’égalité urbaine. »
Elle souhaite également réintroduire la carte « 10 trajets à 10 euros », une mesure populaire dont la suppression a pénalisé de nombreuses familles.
Écologie et gouvernance locale
Mireille Damiano critique la politique environnementale de la municipalité actuelle, qualifiant le verdissement de la ville de « pot de fleurs ». Elle prône une écologie plus fonctionnelle, avec la création de jardins partagés et d'une « vraie trame verte utile au vivant et à la fraîcheur urbaine ».
Elle rappelle son opposition à l'extension de l'aéroport, un projet qui, selon elle, augmente la pollution et le surtourisme. Elle dénonce le fait que la consultation publique, massivement défavorable au projet, ait été ignorée, y voyant un exemple de « déni démocratique ».
Ce reproche s'étend à la gouvernance de Christian Estrosi en général, qu'elle juge « verticale » et « personnalisée ». Elle critique un manque de transparence sur les budgets et les frais de représentation, qui selon elle, « abîme la confiance envers les politiques et alimente l’abstention ».
Enfin, elle exprime son inquiétude face à une possible candidature d'Éric Ciotti, craignant qu'elle ne pousse le maire actuel vers des positions d'extrême droite. Se positionnant comme « la maire des plus vulnérables », Mireille Damiano entend porter une vision sociale et citoyenne pour l'avenir de Nice.