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Nice : La mairie lance l'expropriation de la Halle Raiberti

La Ville de Nice a engagé une procédure d'expropriation de la Halle Raiberti, un marché historique, en raison de la négligence de sa propriétaire privée.

Isabelle Marchal
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Isabelle Marchal

Journaliste spécialisée dans les projets d'urbanisme, les politiques culturelles locales et les transformations des territoires sur la Côte d'Azur. Isabelle Marchal analyse les grands projets qui redessinent la ville et leurs impacts sur la vie des habitants.

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Nice : La mairie lance l'expropriation de la Halle Raiberti

La municipalité de Nice a officiellement engagé une procédure pour exproprier la Halle Raiberti, un marché couvert historique du quartier de la Libération. Cette décision radicale fait suite à ce que la ville qualifie de "dégradation" et de "négligence" de la part de la propriétaire privée, mettant en péril l'avenir du site et les conditions de travail des commerçants.

Cette intervention s'inscrit dans une stratégie plus large de la mairie visant à reprendre le contrôle de lieux emblématiques du quartier, incluant également la transformation future de la Gare du Sud.

Points Clés

  • La Ville de Nice a initié une procédure d'expropriation pour la Halle Raiberti, invoquant "l'intérêt général".
  • Le premier adjoint, Anthony Borré, accuse la propriétaire privée de négligence et d'absence de projet de rénovation.
  • L'objectif est de préserver ce lieu historique, de soutenir les commerçants et de redynamiser le site.
  • Cette action coïncide avec la reprise en main de la Gare du Sud, qui deviendra un centre culturel d'ici 2026.

Un bâtiment emblématique face à l'abandon

Inaugurée en 1921, la Halle Raiberti, également connue sous le nom de "Docks de la Riviera", est une institution dans le quartier de la Libération. Située à l'angle de la rue Flaminius Raiberti, elle a longtemps été un pôle commercial dynamique, contribuant à l'identité et à l'âme du quartier.

Cependant, depuis plusieurs années, le bâtiment montre des signes évidents de déclin. Le manque d'investissements et de travaux de rénovation a entraîné une perte d'attractivité notable. Plusieurs commerces ont dû fermer leurs portes, même si de nouvelles initiatives ont récemment tenté de redonner vie à l'endroit.

La patience de la municipalité a atteint ses limites

Face à cette situation, la mairie a décidé d'agir. Dans un courrier daté du 2 septembre, dont la presse a obtenu copie, le premier adjoint au maire, Anthony Borré, a informé la propriétaire, Françoise Boutry, de l'intention de la ville de prendre des mesures drastiques.

"Il n’a été constaté, depuis nos échanges, que peu d’évolution et surtout l’absence de projet pour redynamiser ce site", a écrit M. Borré, soulignant que les conditions de travail des commerçants restaient "particulièrement préoccupantes".

Cette lettre faisait suite à une première alerte envoyée en décembre de l'année précédente, où la ville exprimait déjà sa "vive préoccupation" face à l'état du bâtiment.

La procédure d'expropriation est enclenchée

Devant l'absence de progrès jugé suffisant, la municipalité passe à la vitesse supérieure. La prochaine étape consistera à proposer au Conseil municipal d'approuver une déclaration d'utilité publique (DUP). Cette procédure juridique permet à une collectivité de contraindre un propriétaire à céder son bien pour un motif d'intérêt général, moyennant une indemnisation.

Qu'est-ce qu'une Déclaration d'Utilité Publique ?

La Déclaration d'Utilité Publique (DUP) est un acte administratif qui reconnaît qu'une opération d'aménagement (construction, infrastructure, etc.) présente un intérêt pour la collectivité. Elle constitue le préalable indispensable à une expropriation, qui est le transfert forcé de propriété d'un bien immobilier pour cause d'utilité publique.

L'objectif affiché par la mairie est clair : protéger et préserver la halle marchande. La municipalité insiste sur le fait que cette action vise à ne pas abandonner les commerçants à leur sort et à garantir la pérennité de ce lieu de vie essentiel pour le quartier.

Quel avenir pour la Halle Raiberti ?

Si la mairie reste encore discrète sur les détails du projet futur, la volonté est de redonner à la halle son lustre d'antan. La reprise en main par la collectivité publique ouvrirait la voie à un programme de rénovation ambitieux et à une nouvelle stratégie commerciale pour attirer à la fois les résidents et les visiteurs.

Les commerçants encore présents, bien que confrontés à des conditions difficiles, pourraient voir cette intervention comme une lueur d'espoir pour la modernisation de leur outil de travail et la revitalisation de leur environnement.

Une stratégie globale pour le quartier Libération

L'intervention à la Halle Raiberti n'est pas un acte isolé. Elle s'inscrit dans une démarche plus vaste de la Ville de Nice pour remodeler le quartier de la Libération, l'un des cœurs battants de la ville.

La transformation de la Gare du Sud

Un autre projet majeur illustre cette stratégie : la Gare du Sud. La municipalité a confirmé que le gestionnaire privé actuel, Iera, et son concept de "food court" quitteront les lieux d'ici le premier trimestre 2026. À la place, la ville prévoit d'y installer un grand centre culturel, s'inspirant du modèle des Franciscaines à Deauville, qui combine médiathèque, musée et salle de spectacle.

Ces deux projets, la Halle Raiberti et la Gare du Sud, témoignent de la volonté de la municipalité de renforcer le service public et l'attractivité culturelle et commerciale du quartier. En reprenant le contrôle de ces deux sites stratégiques, la ville entend maîtriser leur développement pour répondre aux besoins des habitants et préserver le patrimoine niçois.

  • Objectif 1 : Sauvegarder le patrimoine architectural et commercial.
  • Objectif 2 : Améliorer les conditions de travail des artisans et commerçants.
  • Objectif 3 : Renforcer l'attractivité du quartier de la Libération.
  • Objectif 4 : Développer une offre culturelle et de proximité de qualité.

La procédure d'expropriation de la Halle Raiberti marque donc un tournant décisif. Les prochaines semaines, avec le vote attendu au Conseil municipal, seront cruciales pour l'avenir de ce lieu chargé d'histoire et pour la transformation du visage du quartier de la Libération.