La proposition du maire de Nice, Christian Estrosi, de baptiser le parvis du futur hôtel des polices du nom de Nicolas Sarkozy a déclenché une vive controverse. Annoncée quelques jours seulement après une condamnation judiciaire de l'ancien président, cette initiative suscite des réactions passionnées au sein de la population, de la classe politique locale et des associations citoyennes.
Cette décision, qui doit encore être validée par le conseil municipal, oppose les partisans d'un hommage à un ancien chef de l'État et ceux qui y voient un acte de provocation et un manque de respect envers les institutions judiciaires.
Les points clés
- Christian Estrosi a annoncé son intention de nommer une place à Nice en l'honneur de Nicolas Sarkozy.
- Cette annonce intervient peu après une condamnation judiciaire de l'ancien président de la République.
- La proposition a provoqué des réactions très contrastées parmi les habitants, les commerçants et les élus locaux.
- L'opposition politique et plusieurs associations citoyennes dénoncent une décision qu'ils jugent inappropriée.
Une annonce au timing politique
Le 29 septembre, le maire de Nice, Christian Estrosi, a utilisé son compte sur le réseau social X pour faire une annonce significative. Il a déclaré sa volonté de nommer le parvis du futur hôtel des polices municipales et nationales en hommage à Nicolas Sarkozy. Ce projet d'envergure, dont la livraison est prévue pour octobre 2026, regroupera les forces de l'ordre de la ville.
Pour justifier son choix, le maire a rappelé le soutien de l'ancien président au projet dès ses débuts. Il a également salué l'action de Nicolas Sarkozy en matière de sécurité, d'abord en tant que ministre de l'Intérieur, puis comme chef de l'État, soulignant qu'il avait fait de ce domaine une « priorité nationale ».
Un contexte judiciaire tendu
Le moment choisi pour cette annonce est particulièrement sensible. Elle a été faite quelques jours après que Nicolas Sarkozy a été condamné à une peine de prison. Ce contexte judiciaire alimente une grande partie de la polémique, beaucoup y voyant un défi lancé à la justice.
Le lieu concerné est une esplanade qui sera aménagée au-dessus du parking de la place Marshall, en plein centre-ville de Nice. Pour que le nom « Parvis Nicolas Sarkozy » soit officiellement adopté, la proposition devra être soumise au vote et approuvée lors d'un prochain conseil municipal.
Des réactions locales très partagées
Dans le quartier de la place Marshall, l'annonce du maire ne laisse personne indifférent, mais les avis sont loin d'être unanimes. Les réactions des commerçants et des résidents illustrent une profonde division au sein de l'opinion publique niçoise.
Soutien et résignation
Certains applaudissent l'initiative. « C’est une très bonne idée », affirme un commerçant de la rue Defly, qui perçoit les démêlés judiciaires de l'ancien président comme une « chasse aux sorcières ». Pour lui, cet hommage est une manière de réhabiliter une figure politique qu'il estime injustement traitée.
D'autres se montrent plus modérés, voire résignés. Un restaurateur du quartier confie ne « pas être choqué plus que ça ». Il ajoute : « On voit beaucoup de places être baptisées par des noms de personnes qui ne le méritent pas. Un de plus ne changera pas grand-chose. »
Incompréhension et colère
À l'inverse, l'indignation est forte chez une partie des Niçois. Une commerçante, apprenant la nouvelle, réagit avec ironie : « Bah oui, bien sûr ! Et pourquoi pas Pablo Escobar ? » Elle exprime son incompréhension face à ce choix. « Pourquoi on ne choisit pas quelqu’un de valeureux au lieu de tirer le monde vers le bas ? »
« Je ne vois pas l’intérêt de faire ça, c’est de la provocation. Et puis c’est d’un ridicule », déclarent deux septuagénaires attablés à une terrasse, qui auraient préféré des noms d'artistes comme Jean-Paul Belmondo ou Claudia Cardinale.
L'opposition politique et citoyenne monte au créneau
La proposition de Christian Estrosi a immédiatement fait réagir les élus de l'opposition et les collectifs citoyens, qui dénoncent unanimement une décision qu'ils jugent inacceptable.
Jean-Christophe Picard, conseiller municipal écologiste, a tourné la décision en dérision, suggérant que le maire « cherche visiblement à avoir les honneurs du Gorafi ». Il rappelle que la municipalité a déjà honoré par le passé des personnalités politiques condamnées par la justice, comme Jacques Médecin ou Charles Pasqua. « Il faut remettre la vertu au goût du jour », insiste-t-il.
Une ironie soulignée par les critiques
Plusieurs opposants ont rappelé que durant le mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy, entre 2007 et 2012, plus de 10 000 postes ont été supprimés au sein des forces de l'ordre. Ils soulignent l'ironie de nommer un lieu dédié à la police en l'honneur de celui qui a, selon eux, affaibli ses effectifs.
Le discours est similaire du côté de La France Insoumise. Olivier Salerno y voit « un pied de nez de plus à la justice » et parle de « trumpisme à la française ». Pour le Parti communiste, par la voix de Robert Injey, la décision est « pitoyable », estimant que Nice mérite mieux que de voir ses rues porter « les noms de multi-condamnés ».
Des associations et des internautes indignés
Le rejet de cette proposition est également très fort au sein du tissu associatif local. L'association Tous citoyens a publié un communiqué au titre sans équivoque : « Non, Nice ne doit pas honorer Nicolas Sarkozy ! » Elle accuse le maire d'avoir « perdu toute mesure » et de faire preuve d'un « mépris total pour la justice ».
Le Collectif citoyen 06 abonde dans le même sens, dénonçant une transformation de la ville en « musée des repris de justice ». Cette vague de contestation s'est largement propagée sur les réseaux sociaux, où les commentaires oscillent entre la moquerie et la colère.
Les internautes ont réagi vivement, certains ironisant sur le fait que « Christian Estrosi enterre déjà Sarkozy », tandis que d'autres exprimaient leur consternation avec des comparaisons acerbes : « Et pourquoi pas donner le nom de Marc Dutroux à une prochaine école maternelle ? » Le débat est loin d'être clos et promet des discussions animées lors du prochain conseil municipal de Nice.