La Mairie de Nice a initié une procédure pouvant mener à l'expropriation de la Halle Raiberti, un marché historique du quartier de la Libération en état de délabrement avancé. La propriétaire a réagi en annonçant un projet de rénovation de plusieurs millions d'euros, une promesse qui laisse les commerçants et la municipalité sceptiques face à des années d'attente.
Le conseil municipal a voté une délibération pour constituer un dossier de déclaration d'utilité publique (DUP), maintenant la pression sur la propriétaire tout en acceptant de la rencontrer pour évaluer son projet.
Points Clés
- La Mairie de Nice a voté une délibération pour une potentielle expropriation de la Halle Raiberti.
- La propriétaire, Françoise Boutry, promet un investissement privé de plusieurs millions d'euros pour la rénovation.
- Les commerçants, exaspérés, ne croient plus aux promesses et prévoient une action en justice pour suspendre les loyers.
- Le maire Christian Estrosi maintient la procédure d'expropriation, citant 15 ans de promesses non tenues.
La Ville de Nice lance une procédure d'expropriation
Le dossier de la Halle Raiberti, également connue sous le nom des Docks de la Riviera, connaît un nouveau développement. Face à la dégradation continue de ce lieu emblématique du quartier de la Libération, le conseil municipal de Nice a pris une décision forte. Il a approuvé une délibération autorisant la préparation d'un dossier de déclaration d'utilité publique (DUP).
Cette étape administrative est le préalable à une éventuelle expropriation, une mesure qui permettrait à la ville de prendre le contrôle du site pour le réhabiliter. La décision a été prise malgré une communication de dernière minute de la propriétaire.
La réponse inattendue de la propriétaire
Juste avant le vote, le premier adjoint au maire, Anthony Borré, a lu une lettre de la propriétaire, Françoise Boutry. Dans ce courrier, elle affirme partager l'ambition de la ville pour le site et annonce travailler sur un projet de rénovation majeur.
« Nous travaillons à l’élaboration d’un programme de rénovation ambitieux et respectueux de ce patrimoine. [...] qui reposera sur un investissement privé conséquent de plusieurs millions d’euros », a écrit Mme Boutry.
Elle a également exprimé son opposition formelle à toute expropriation et a sollicité une rencontre avec la mairie sous six semaines pour présenter son plan. Anthony Borré a indiqué que le maire recevrait la propriétaire, et que la procédure de DUP pourrait être suspendue si le projet présenté était jugé satisfaisant.
Scepticisme et méfiance de la municipalité
Malgré cette ouverture, le maire de Nice, Christian Estrosi, a insisté pour que la délibération soit maintenue. Sa décision est motivée par une longue histoire de promesses non concrétisées.
Quinze ans de promesses non tenues
Le maire Christian Estrosi a justifié sa fermeté en rappelant les engagements passés des propriétaires qui n'ont jamais abouti. « Nous avons eu tellement de promesses au cours des 15 années écoulées de la part des propriétaires qui n’ont pas été respectées, que je ne voudrais pas que ça nous fasse encore perdre du temps », a-t-il déclaré lors du conseil municipal.
Pour l'exécutif municipal, maintenir la pression via la procédure de DUP est une manière de garantir que des actions concrètes seront enfin entreprises, que ce soit par la propriétaire ou par la ville elle-même. La municipalité ne veut plus retarder la rénovation indispensable de ce lieu central pour la vie du quartier.
La colère et le désarroi des commerçants
Les premiers concernés par cette situation, les commerçants de la halle, sont à bout. Ils accueillent les dernières annonces de la propriétaire avec un mélange de colère et de résignation. Pour eux, il s'agit d'une stratégie récurrente pour gagner du temps.
Des conditions de travail dégradées
Les commerçants dénoncent un manque total d'entretien et des loyers qu'ils jugent exorbitants. Ils accusent la propriétaire de laisser volontairement le site se dégrader pour les pousser à partir et réaliser une opération immobilière plus lucrative.
« C’est une menteuse, on n’y croit pas une seconde », a déclaré Jérôme Verecchio, le poissonnier de la halle. « Chaque année elle dit qu’elle va investir, et la mairie tombe toujours dans le piège, mais elle ne fait jamais rien. » Il exprime également son scepticisme quant au calendrier politique, soulignant que l'annonce de la DUP intervient à seulement cinq mois des élections municipales.
Une contre-offensive judiciaire en préparation
Face à ce qu'ils considèrent comme une impasse, les commerçants ont décidé de passer à l'action sur le plan légal. Représentés par Maître Philipe Boufflers, plusieurs d'entre eux préparent une offensive judiciaire.
« On va poursuivre la propriétaire devant la justice pour faire suspendre les loyers », a annoncé l'avocat. Cette démarche vise à contester les montants demandés au vu du délabrement des locaux et du manque d'entretien qui leur incombe, selon eux, à la propriétaire.
L'avenir de la Halle Raiberti reste donc en suspens. La rencontre prochaine entre la mairie et la propriétaire sera décisive. Elle déterminera si un projet privé crédible peut enfin voir le jour ou si la ville devra poursuivre la complexe procédure d'expropriation pour sauver ce patrimoine niçois.