Suite au décès tragique de son fils dans un accident de trottinette électrique, une mère de Cannes lance un appel poignant pour rendre le port du casque obligatoire en France. Son témoignage intervient alors que la ville de Nice s'apprête à imposer cette mesure, ravivant le débat national sur la sécurité des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM).
Le drame, survenu en juillet, a coûté la vie à un homme de 60 ans, victime d'une chute mortelle après une collision. Sa mère, Lina, est aujourd'hui convaincue qu'un équipement de protection adéquat aurait pu le sauver et demande une action législative pour éviter que d'autres familles ne vivent une telle épreuve.
Points Clés
- Une mère cannoise demande une loi nationale pour le port du casque obligatoire après la mort de son fils.
- L'homme de 60 ans est décédé d'une hémorragie cérébrale suite à une chute de trottinette sans casque.
- Son témoignage soutient l'initiative de la ville de Nice, qui rendra le casque obligatoire dès le 1er novembre.
- Le débat met en lumière les limites de la réglementation actuelle et les risques croissants liés aux EDPM.
Le témoignage poignant d'une mère endeuillée
Le quotidien de Lina, une octogénaire de Cannes, a basculé en juillet dernier. Son fils, qui venait de fêter ses 60 ans, a perdu la vie dans un accident de trottinette électrique. C'est en apprenant la décision du maire de Nice, Christian Estrosi, d'imposer le port du casque que cette mère a décidé de prendre la parole, espérant que son histoire puisse faire évoluer les mentalités et la législation.
« Si mon fils avait mis un casque ce soir-là, les choses auraient peut-être été différentes », confie-t-elle avec une grande dignité. Elle souhaite que son témoignage serve d'électrochoc. « Je trouve que la démarche de la Ville de Nice est très bien et qu’elle devrait être généralisée partout en France », affirme-t-elle.
Un accident aux conséquences fatales
Le soir du drame, son fils rentrait chez lui. Il utilisait sa trottinette pour des raisons pratiques, en affirmant toujours rouler prudemment et à vitesse modérée. Selon Lina, c'est cette prudence apparente qui le dissuadait de porter un casque, malgré ses recommandations.
« Il disait qu’il ne prenait pas de risque. C’est vrai sauf que cette fois, il a été percuté par quelqu’un, aussi en trottinette électrique, qui l’a doublé à toute allure. Il a chuté et selon ce que nous a dit le médecin, sa tête a violemment percuté le sol, ce qui a causé une hémorragie provoquant sa mort. »
Ce récit met en évidence un point crucial : même un usager prudent n'est pas à l'abri des comportements dangereux des autres. L'absence de casque a transformé une chute, qui aurait pu être bénigne, en un accident mortel.
L'appel à un changement de la loi
Pour Lina, la non-obligation du port du casque a joué un rôle direct dans la décision de son fils. « Il disait aussi qu’il ne portait pas de casque parce que ce n’était pas obligatoire », se souvient-elle. Cette phrase résonne aujourd'hui comme un appel urgent à l'action pour les législateurs.
Déterminée, elle a écrit au préfet pour plaider sa cause. Ce dernier a transmis son courrier au ministère de l'Intérieur. Mais pour elle, l'attente est insupportable.
« Ça pourrait sauver des vies ! Combien de morts attend-on avant qu’il y ait une loi ? Il faut mobiliser la population, que chacun prenne conscience des enjeux. »
Les accidents de trottinettes en chiffres
Selon les derniers bilans de la Sécurité routière, les accidents impliquant des engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) sont en forte hausse. En 2023, 42 personnes ont perdu la vie en France, et plus de 600 ont été gravement blessées. Les traumatismes crâniens représentent une part significative des blessures graves et des décès.
L'appel de cette mère met en lumière une réalité statistique alarmante. La popularité croissante des trottinettes électriques s'accompagne d'une augmentation des risques, en particulier dans les zones urbaines denses où la cohabitation avec les autres usagers est complexe.
L'initiative de Nice et le contexte juridique
À partir du 1er novembre 2025, la ville de Nice deviendra l'une des premières en France à rendre le port du casque obligatoire pour tous les utilisateurs de trottinettes électriques sur son territoire. Cette décision, prise par arrêté municipal, est saluée par de nombreuses associations de prévention routière et par des citoyens comme Lina.
Cependant, la portée d'une telle mesure reste limitée. Un arrêté municipal peut être contesté devant les tribunaux administratifs, car il modifie une règle de circulation qui relève normalement du Code de la route, et donc de la loi nationale. Pour que l'obligation soit appliquée uniformément et sans contestation possible sur tout le territoire, une modification législative est indispensable.
Que dit la loi actuelle ?
Actuellement, la réglementation nationale sur les EDPM impose plusieurs règles :
- Âge minimum : 14 ans.
- Vitesse maximale : 25 km/h.
- Circulation : Interdite sur les trottoirs, obligatoire sur les pistes cyclables ou, à défaut, sur la chaussée.
- Équipements obligatoires : Feux avant et arrière, avertisseur sonore, freins.
- Port du casque : Fortement recommandé, mais obligatoire uniquement hors agglomération sur les routes où la vitesse maximale autorisée est de 80 km/h.
Cette distinction entre l'usage en ville et hors agglomération est souvent jugée incohérente par les experts en sécurité, car la majorité des accidents graves surviennent en milieu urbain, où la densité de circulation et les obstacles sont plus nombreux.
Vers une prise de conscience collective ?
Le combat de Lina dépasse son drame personnel. Il incarne une demande croissante de la part du public et des autorités locales pour une meilleure régulation des nouvelles formes de mobilité. Les trottinettes électriques offrent une solution de transport pratique et écologique, mais leur déploiement rapide a souvent précédé la mise en place d'un cadre sécuritaire adapté.
Des campagnes de sensibilisation sont régulièrement menées pour rappeler les bonnes pratiques, mais pour beaucoup, seule une obligation légale peut réellement changer les comportements. L'argument selon lequel le casque n'est pas pratique ou esthétique pèse peu face au risque d'un traumatisme crânien irréversible.
L'histoire de cette mère cannoise rappelle que derrière les débats réglementaires et les statistiques se trouvent des vies brisées. Son appel, « Combien de morts avant de changer la loi ? », résonne comme une question urgente adressée aux pouvoirs publics, dont la réponse pourrait sauver de nombreuses vies à l'avenir.