La Ville de Nice a annoncé une série de mesures visant à renforcer la sécurité et à simplifier la communication entre les citoyens et la police municipale. Un nouveau numéro de téléphone court, des postes de police mobiles et des boutons d'alerte dans les résidences privées font partie des initiatives validées lors du dernier conseil municipal.
L'objectif affiché par la municipalité est de rendre les forces de l'ordre plus accessibles et plus visibles au quotidien, en réponse aux préoccupations des habitants concernant la tranquillité publique.
Les points clés
- Création d'un numéro unique et simplifié, le 3606 "Allo PM", pour contacter la police municipale.
- Déploiement permanent de trois postes de police mobiles dans des secteurs stratégiques de la ville.
- Extension du dispositif de boutons d'alerte aux copropriétés privées pour une intervention rapide.
- Ces mesures s'inscrivent dans une stratégie plus large de police de proximité, tout en suscitant des débats politiques.
Un contact simplifié avec "Allo PM"
Pour faciliter le signalement des incivilités et des délits, la Ville de Nice va mettre en service un nouveau numéro de téléphone. Dès la fin du mois de novembre ou le début de décembre, les Niçois pourront composer le 3606 pour joindre directement la police municipale.
Ce service, baptisé "Allo PM", est conçu sur le modèle du numéro "Allo Mairie" (3906) déjà bien connu des habitants. Il remplacera l'ancien numéro à dix chiffres, jugé trop complexe à mémoriser en cas d'urgence.
Chaque année, la police municipale de Nice reçoit environ 90 000 appels de la part des citoyens. La municipalité a constaté que des milliers d'appels passés via "Allo Mairie" concernaient en réalité des questions de sécurité, ce qui a motivé la création de ce canal dédié.
Le premier adjoint au maire en charge de la Sécurité, Anthony Borré, a précisé que ce numéro permettra de signaler une large gamme de problèmes. « Véhicule ventouse, squat, circulation, commerce qui poserait difficulté, bivouac ou bien un trafic en train de s’installer », a-t-il énuméré comme exemples de situations pouvant être rapportées via le 3606.
L'objectif est de « traiter les saisines des administrés » et de privilégier « le rapprochement du citoyen avec son administration locale », a souligné Anthony Borré lors du conseil municipal.
Cette initiative vise à améliorer la réactivité des services de police en centralisant les appels non urgents qui relèvent de leur compétence, libérant ainsi les lignes d'urgence pour les situations les plus critiques.
Des postes de police mobiles au cœur des quartiers
En complément du nouveau numéro, la municipalité a décidé de pérenniser et d'étendre son expérimentation de postes de police municipale mobiles. Après une phase de test jugée concluante durant l'été, ces structures seront désormais déployées de manière permanente.
Une première expérimentation menée sur les places Garibaldi et Masséna avait permis d'accueillir 8 750 personnes. Forte de ce succès, la Ville a décidé de poursuivre l'initiative en se concentrant exclusivement sur les missions de police.
Trois emplacements stratégiques
Trois zones ont été identifiées pour l'installation de ces postes, choisies en fonction des problématiques de sécurité spécifiques à chaque secteur :
- Quartier Libération : Pour lutter contre les regroupements qui, selon la mairie, « nuisent à la tranquillité et à la sécurité des Niçois ».
- Secteur Jean Médecin / Notre-Dame : Afin de répondre aux troubles à l'ordre public liés à la présence de « populations errantes et toxicomanes ».
- Place Garibaldi : Le poste initial est maintenu pour assurer une présence continue dans ce lieu de forte affluence.
Anthony Borré a précisé que ces emplacements ne sont pas figés. « On pourra les déplacer », a-t-il indiqué, suggérant que le dispositif pourrait s'adapter aux besoins évolutifs des différents quartiers de la ville.
La sécurité renforcée jusque dans les immeubles
Une autre mesure significative adoptée concerne l'extension des boutons d'alerte aux copropriétés privées. Ce système, déjà utilisé dans d'autres contextes, permet de signaler une situation d'urgence d'une simple pression.
Reliés directement au centre de supervision urbain de la ville, ces boutons permettent une transmission instantanée de l'alerte aux opérateurs, qui peuvent alors visionner les images des caméras de surveillance du secteur et dépêcher une patrouille si nécessaire.
Le déploiement se fera par le biais de conventions signées entre la Ville et les syndics de copropriété volontaires. La municipalité a indiqué que « certains syndics ont manifesté le souhait de bénéficier de ce dispositif afin d’améliorer la sécurité de leurs résidents ».
Cette initiative vise à offrir un sentiment de sécurité accru aux habitants directement chez eux, en particulier dans les halls d'immeuble ou les parkings, souvent perçus comme des zones vulnérables.
Une vision de la police qui alimente le débat
Si ces mesures de proximité sont présentées par la majorité comme une avancée, elles ne font pas l'unanimité sur l'échiquier politique local. L'opposition écologiste, par la voix de Juliette Chesnel Le Roux, a salué le principe d'une « police de proximité visible, au contact direct des habitants », une demande qu'elle formule depuis plusieurs années.
Cependant, l'élue a souligné ce qu'elle perçoit comme une contradiction dans la stratégie globale de la Ville.
« Cette décision prouve que ce n’est pas dans un super-commissariat centralisé [l’hôtel des polices de Saint-Roch qui devrait être livré fin 2026] à plusieurs centaines de millions d’euros que se construit la sécurité des Niçoises et des Niçois, mais bien dans la présence humaine au quotidien dans chaque quartier », a-t-elle déclaré.
Cette intervention met en lumière un débat de fond sur la meilleure approche pour assurer la sécurité : faut-il privilégier les infrastructures centralisées et technologiques ou la présence humaine et décentralisée ? La municipalité semble vouloir jouer sur les deux tableaux, en combinant des investissements massifs dans un futur hôtel des polices avec des dispositifs de terrain conçus pour être plus proches des citoyens.





