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Alpes-Maritimes : Trois nouveaux pôles pour l'aide aux victimes

Le procureur de Grasse annonce la création de trois pôles de proximité pour les victimes dans l'ouest des Alpes-Maritimes afin de faciliter leur accès à l'aide.

Charles Mercier
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Charles Mercier

Journaliste spécialisé dans l'analyse des affaires politico-judiciaires et de leurs répercussions sur la gouvernance locale. Charles Mercier décrypte les interactions entre le pouvoir politique et le système judiciaire en France.

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Alpes-Maritimes : Trois nouveaux pôles pour l'aide aux victimes

Le procureur de la République près le tribunal judiciaire de Grasse, Eric Camous, a annoncé un plan visant à établir trois nouveaux pôles dédiés à l'accompagnement des victimes dans l'ouest des Alpes-Maritimes. Cette initiative a pour objectif de créer un réseau de proximité afin de rendre l'aide plus accessible et d'assurer un suivi continu pour les personnes les plus vulnérables.

Le projet, qui sera déployé sur trois ans, débutera par une phase d'expérimentation à Antibes. Il vise à renforcer les dispositifs existants en collaboration avec des associations comme Harpèges, acteur majeur du soutien aux victimes dans la région depuis 1989.

Les points essentiels

  • Création de trois pôles médico-judiciaires pour les victimes dans l'arrondissement de Grasse.
  • L'objectif est de réduire les distances pour les victimes et de proposer un soutien de proximité.
  • Le projet est dirigé par le procureur de Grasse, Eric Camous, sur un modèle déjà éprouvé à Narbonne.
  • Une première phase expérimentale sera lancée à Antibes, en lien avec l'unité de médecine légale.
  • L'association Harpèges, partenaire clé, salue cette initiative pour renforcer la confiance et l'efficacité de l'aide.

Un nouveau réseau pour un soutien de proximité

Le constat est simple : pour une victime résidant à Cagnes-sur-Mer, se rendre à Grasse pour obtenir de l'aide représente souvent un obstacle majeur. C'est de cette réalité qu'est né le projet porté par Eric Camous, le nouveau procureur de la République de Grasse. L'objectif est de mailler le territoire pour qu'aucune victime ne se sente isolée en raison de son lieu de résidence.

Ce plan prévoit la mise en place de trois pôles médico-judiciaires. Ces structures fonctionneront en réseau pour offrir un accompagnement complet et coordonné. L'idée est de créer un véritable "parcours victime" simplifié et accessible, où les différents professionnels (juristes, psychologues, médecins) travaillent de manière harmonisée.

"Il est évident qu’il semble compliqué de demander à une personne victime d’une agression à Cagnes-sur-Mer de se déplacer à Grasse par exemple…" a souligné Eric Camous pour illustrer la nécessité de cette réforme.

Lutter contre l'abandon des procédures

Un enjeu central de ce projet est de maintenir le lien avec les victimes qui, pour diverses raisons, abandonnent les démarches judiciaires. Selon le procureur, ce désengagement est rarement le fruit d'une décision libre et éclairée.

Le suivi est crucial car de nombreuses victimes subissent des pressions extérieures. "Il y a des problématiques de contrôles réflexifs, communautaires, identitaires, parfois religieuses… Ces personnes n’arrivent plus à décider pour elles-mêmes, donc une situation de danger perdure", explique-t-il. Un accompagnement de proximité est donc indispensable pour identifier ces situations et continuer à proposer un soutien adapté.

Une expérience réussie à Narbonne

Avant sa nomination à Grasse, Eric Camous a mis en place un réseau similaire dans sa précédente fonction à Narbonne. Le succès de ce modèle a servi de base pour le projet actuellement développé dans les Alpes-Maritimes, démontrant son efficacité pour améliorer concrètement l'aide apportée aux victimes.

Le déploiement du projet sur trois ans

La création de ce réseau est un chantier de longue haleine qui s'étalera sur les trois prochaines années. Si les emplacements exacts des trois pôles ne sont pas encore définis, la stratégie de déploiement est déjà claire. La première étape se déroulera à Antibes.

Le choix d'Antibes pour lancer l'expérimentation n'est pas anodin. "Comme l’unité de médecine légale y est présente, nous allons commencer à poser les premières pierres de cette doctrine ici", a précisé le procureur. Cette synergie permettra de tester et d'ajuster les protocoles de coopération entre les services médicaux et judiciaires avant un déploiement plus large.

Cette approche progressive vise à garantir la solidité du réseau et l'efficacité des méthodes de travail partagées entre tous les acteurs impliqués dans la prise en charge des victimes.

Harpèges, un partenaire historique et essentiel

Ce projet ne part pas de zéro. Il s'appuie sur le travail de terrain réalisé depuis des décennies par des associations agréées. Parmi elles, Harpèges est la seule association de ce type dans le ressort du tribunal de Grasse, qui couvre la moitié du département.

Qu'est-ce que l'association Harpèges ?

Fondée en 1989, Harpèges est une structure clé dans l'aide sociale et judiciaire de la région. Ses activités sont organisées autour de quatre pôles :

  • Socio-éducatif
  • Petite enfance
  • Socio-judiciaire
  • Hébergement, logement et parentalité

L'association propose un service gratuit et confidentiel, avec des points d'accueil dans les commissariats, les hôpitaux, les antennes de justice et les centres sociaux. Elle mobilise une force humaine considérable avec 169 salariés et 100 bénévoles.

L'annonce du procureur a été accueillie très positivement par l'association. Son président, Philippe Cotta, y voit une reconnaissance du travail accompli et une opportunité de renforcer son action.

"Cela signifie que nous allons pouvoir exercer nos rôles et missions dans une relation à la fois de forte attente mais aussi de confiance, indispensable à nos activités", a-t-il déclaré.

Cette nouvelle dynamique promet de consolider la collaboration entre les institutions judiciaires et le secteur associatif, avec un objectif commun : ne laisser aucune victime sans réponse ni soutien.

Alpes-Maritimes : Trois nouveaux pôles d'aide aux victimes créés à Gra