Une centaine de salariés ont manifesté jeudi matin au sein de l'hypermarché Carrefour Lingostière à Nice pour protester contre leurs conditions de travail. L'action, menée à l'initiative du syndicat CGT, visait à dénoncer un manque de personnel et un management jugé agressif par les employés.
La direction du groupe Carrefour a réagi en fin de journée, déplorant une absence de dialogue préalable tout en affirmant que des mesures, notamment des recrutements, étaient déjà en cours.
Points Clés de l'Affaire
- Environ 100 salariés ont participé à une action de protestation à Carrefour Lingostière, Nice.
- Les revendications portent sur le manque de personnel, le management et la dégradation des conditions de travail.
- La CGT a obtenu des promesses d'embauches et de renouvellement de matériel de la part de la direction locale.
- Le groupe Carrefour regrette une mobilisation sans dialogue préalable mais confirme des recrutements en cours.
Une mobilisation pour dénoncer un malaise profond
Ce jeudi matin, les clients de l'hypermarché Carrefour Lingostière, le plus grand de Nice, ont été témoins d'une scène inhabituelle. Des drapeaux rouges, des sifflets et des slogans ont animé les allées du magasin. Plus de 100 employés ont participé à une action de protestation qui a duré plusieurs heures.
Cette mobilisation était organisée par plusieurs branches de la CGT, incluant le syndicat Sud, l'Union départementale des syndicats CGT des Alpes-Maritimes et la Fédération CGT du commerce national. L'objectif était clair : attirer l'attention sur ce que les salariés décrivent comme une dégradation continue de leur environnement professionnel.
Les raisons de la colère des salariés
Au cœur des revendications figurent plusieurs problématiques récurrentes. Fabienne Ros, déléguée syndicale de l'enseigne, a résumé la situation en évoquant « les conditions de travail, le manque de personnel, le management agressif de la direction ».
Les manifestants ont particulièrement insisté sur les difficultés liées à la taille de l'établissement. Avec une surface de 14 000 mètres carrés, la gestion des rayons devient un défi quotidien pour des équipes en sous-effectif. Un exemple frappant a été donné concernant le rayon des fruits et légumes, où un seul employé peut se retrouver à gérer seul un espace immense pendant toute une journée.
Le poids des chiffres
Selon les syndicats, la pression exercée sur les salariés en raison du manque d'effectifs a des conséquences directes sur leur santé. Ils rapportent une multiplication des arrêts maladie et des accidents du travail au sein du magasin de Lingostière, un indicateur qu'ils lient directement à la charge de travail excessive.
Cette situation, selon eux, crée un cercle vicieux où l'absence de certains salariés augmente la pression sur ceux qui restent, aggravant encore les risques pour la santé et la sécurité.
Une action ciblée sans appel à la grève
Il est important de noter que cette mobilisation n'était pas une grève. Fabienne Ros a précisé la stratégie du syndicat : « On a pris la décision de ne pas solliciter les salariés du magasin de Lingostière ». L'action a donc été menée par des élus CGT du magasin, mais aussi avec le soutien notable de salariés venus d'autres magasins Carrefour de la Côte d'Azur.
Cette méthode a permis de rendre visible le mécontentement sans pour autant paralyser l'activité du magasin ni impacter financièrement les employés de Lingostière par une journée de grève non rémunérée. L'effet de surprise et la solidarité inter-établissements ont été les leviers de cette opération.
« Nous avons senti un possible dialogue social, mais chaque fois qu’un salarié sera touché d’une manière ou d’une autre sur ce magasin, la CGT se mobilisera. »
Un dialogue engagé mais une vigilance maintenue
Suite à la mobilisation, une rencontre a eu lieu entre les représentants de la CGT et la direction locale de Carrefour Lingostière. Selon les syndicats, cette discussion a abouti à des résultats concrets, bien que modestes pour le moment.
« Nous avons obtenu quelques promesses au niveau des embauches et du matériel à changer ou à réparer », a déclaré Fabienne Ros. Ces engagements sont perçus comme un premier pas positif et une ouverture vers un dialogue social plus constructif. Cependant, la méfiance reste de mise.
La déléguée syndicale a été très claire sur les intentions de la CGT pour l'avenir. Le syndicat restera extrêmement vigilant et n'hésitera pas à organiser de nouvelles actions si les promesses ne sont pas tenues ou si la situation d'un salarié venait à se dégrader. Le message envoyé à la direction est celui d'une surveillance continue.
La réponse officielle du groupe Carrefour
Sollicitée pour réagir à cette journée de tensions, la direction nationale du groupe Carrefour a fourni une réponse par communiqué. Le groupe exprime son regret quant à la forme de l'action menée.
Position de la direction
Le communiqué de Carrefour stipule : « Nous déplorons la mobilisation lancée par la CGT sans qu’aucun dialogue préalable n’ait été entamé et sans que la direction locale en ait été informée. »
Le groupe a tenu à réaffirmer son engagement en faveur du dialogue social et son attention portée aux conditions de travail de ses collaborateurs. « Carrefour a toujours favorisé le dialogue social et est très attentif aux conditions de travail de ses salariés dans tous ses magasins », peut-on lire dans le communiqué.
Enfin, la direction a confirmé que des mesures étaient déjà prévues pour répondre à certaines des problématiques soulevées par les salariés. Le communiqué conclut en précisant que « des recrutements sont en cours et du mobilier neuf a été commandé », corroborant ainsi en partie les promesses obtenues par les syndicats auprès de la direction locale. La situation à Carrefour Lingostière sera donc suivie de près dans les semaines à venir, tant par les employés que par leur représentation syndicale.