Les enseignants du collège Jean-Henri Fabre à Nice ont cessé le travail pendant une heure ce lundi 6 octobre 2025. Cette action, une première en vingt ans pour l'établissement, visait à alerter sur un manque de personnel jugé dangereux, suite à une bousculade survenue quelques jours plus tôt devant le portail.
L'incident, qui a mis en cause la sécurité des élèves et d'un membre du personnel, a été le point de rupture pour une équipe pédagogique déjà préoccupée par l'augmentation des effectifs et la surcharge des classes cette année.
Les points clés de la situation
- Un débrayage d'une heure a eu lieu au collège Jean-Henri Fabre à Nice.
- Les enseignants demandent plus de personnel pour assurer la sécurité.
- Une bousculade impliquant des élèves a eu lieu le vendredi 3 octobre.
- L'établissement a accueilli 80 élèves supplémentaires cette année, portant le total à 798.
- Le rectorat a accepté de recevoir une délégation d'enseignants.
Un incident déclenche la mobilisation
La tension est montée d'un cran au collège Jean-Henri Fabre, situé dans un quartier prioritaire de Nice. Vendredi 3 octobre 2025, aux alentours de 15h30, un important mouvement de foule s'est produit devant le portail de l'établissement. Selon les témoignages, la situation a rapidement dégénéré en une bousculade incontrôlée.
Elsa Cuffi, professeure de français et représentante du personnel enseignant, décrit une scène inquiétante. « Il y a eu un phénomène de foule. Des enfants se sont retrouvés écrasés contre le portail », a-t-elle raconté. Une surveillante présente sur les lieux a été malmenée lors de l'événement, soulignant la difficulté pour le personnel de gérer les flux d'élèves en toute sécurité.
Cet incident a agi comme un catalyseur pour une équipe pédagogique qui alertait depuis la rentrée sur ses conditions de travail. Face à ce qu'ils considèrent comme un risque pour la sécurité des élèves, les professeurs ont décidé d'organiser une action symbolique mais ferme.
Une protestation calme mais déterminée
Lundi 6 octobre, dès 8 heures du matin, l'ensemble des professeurs du collège a cessé le travail. Il ne s'agissait pas d'une grève classique. Les enseignants sont restés présents dans l'établissement, au sein de la cour de récréation, aux côtés de leurs élèves.
« On n’a pas voulu faire de rassemblement ou de manifestation. Nous sommes restés dans la cour, avec nos élèves, mais on a refusé d’enseigner », précise Elsa Cuffi.
Cette forme de protestation, connue sous le nom de débrayage, a duré une heure, jusqu'à 9 heures. L'objectif était de marquer les esprits sans pénaliser lourdement les élèves. Selon la représentante syndicale, c'est la première action de ce type en 20 ans au sein du collège, ce qui témoigne de la gravité de la situation perçue par le corps enseignant.
La mobilisation a rapidement porté ses fruits. Informé de l'action en cours, le rectorat de l'académie de Nice a accepté de recevoir une délégation d'enseignants pour discuter de leurs revendications. Suite à cette proposition de dialogue, les cours ont pu reprendre normalement dès la fin du débrayage.
Au cœur du problème : le manque d'effectifs
La cause principale de ce mécontentement est l'inadéquation entre le nombre d'élèves et les moyens humains alloués à l'établissement. Pour la rentrée 2025, le collège Jean-Henri Fabre a vu ses effectifs augmenter de manière significative.
Les chiffres de la discorde
- 798 élèves inscrits cette année.
- 80 élèves supplémentaires par rapport à l'année précédente.
- 29 à 30 élèves par classe selon les enseignants.
- 26 élèves en moyenne par classe (hors SEGPA) selon le rectorat.
Cette hausse a des conséquences directes sur le quotidien. « Ça monte nos effectifs à 29 ou 30 élèves par classe. Ce n’est plus possible, avec la typologie du public qu’on accueille », estime Elsa Cuffi. Elle met en avant le profil particulier de l'établissement, qui demande un encadrement renforcé.
Un collège à la forte culture inclusive
Le collège Jean-Henri Fabre n'est pas un établissement comme les autres. Il se distingue par un projet pédagogique tourné vers l'inclusion. Selon les données fournies par les enseignants, il accueille :
- 50 % d'élèves issus de catégories socioprofessionnelles (CSP) défavorisées.
- 25 élèves malentendants bénéficiant d'un suivi spécifique.
- 89 élèves scolarisés en Section d'enseignement général et professionnel adapté (SEGPA).
Cette diversité des profils d'élèves nécessite des moyens humains et un taux d'encadrement plus importants pour garantir un suivi pédagogique de qualité et un climat scolaire serein.
Pour les professeurs, le manque de personnel de vie scolaire, notamment de surveillants, est particulièrement criant. Ils estiment que le personnel actuel est insuffisant pour gérer près de 800 collégiens, notamment aux heures de pointe comme les entrées et les sorties.
La réponse du rectorat
Contacté, le rectorat de l'académie de Nice a assuré être attentif à la situation du collège. L'institution reconnaît que « la spécificité du collège Jean-Henri Fabre, situé dans un quartier prioritaire de la politique de la ville, est prise en compte chaque année dans l’affectation des moyens ».
Le but affiché est de « maintenir un taux d’encadrement favorable et limiter les effectifs par classe ». Le rectorat conteste légèrement les chiffres des enseignants, établissant la moyenne à 26 élèves par classe cette année, hors SEGPA.
L'administration académique affirme également avoir « légèrement amélioré » les moyens alloués à la vie scolaire pour cette rentrée. Une affirmation qui ne semble pas correspondre au ressenti du personnel sur le terrain, qui juge ces moyens insuffisants face à l'augmentation du nombre d'élèves.
La réunion prévue entre la délégation d'enseignants et le rectorat sera donc cruciale. Elle devra permettre de confronter les points de vue et, espèrent les professeurs, d'obtenir des moyens supplémentaires pour garantir la sécurité et des conditions d'apprentissage optimales pour tous les élèves du collège.