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Le rire comme remède à l'hôpital Lenval de Nice

À l'hôpital Lenval de Nice, les clowns de l'association La Ronde des clowns apportent joie et réconfort aux enfants malades, un soutien essentiel menacé par des difficultés financières.

Alice Dubois
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Alice Dubois

Journaliste spécialisée dans les reportages de société et les initiatives à caractère social. Alice met en lumière les actions associatives et les histoires humaines qui façonnent la vie locale sur la Côte d'Azur.

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Le rire comme remède à l'hôpital Lenval de Nice

À l'hôpital pédiatrique Lenval de Nice, des visites pas comme les autres viennent rompre le silence des couloirs. Deux clowns de l'association La Ronde des clowns, Bidouille et Tap Tap, parcourent les services pour offrir aux enfants hospitalisés des moments de joie et de légèreté. Leur mission est d'apporter un soin différent, basé sur le rire et l'imagination, là où la maladie impose souvent son sérieux.

Soutenue par des dons, leur intervention est devenue un complément essentiel pour les équipes soignantes et un réconfort précieux pour les familles. Cependant, l'association fait face à des défis financiers qui menacent la continuité de ces visites hebdomadaires.

Les points essentiels

  • L'association La Ronde des clowns intervient deux fois par semaine à l'hôpital Lenval de Nice.
  • Les clowns Bidouille et Tap Tap utilisent l'improvisation pour interagir avec les enfants malades.
  • Leur présence facilite les soins médicaux et améliore le bien-être des patients.
  • L'association a besoin de 10 000 euros pour boucler son budget annuel et maintenir ses activités.

Une parenthèse de joie dans le quotidien hospitalier

Chaque mercredi après-midi, les couloirs de l'hôpital Lenval s'animent d'une énergie nouvelle. Bidouille, avec 31 ans d'expérience, et Tap Tap, clown depuis 17 ans, commencent leur tournée. Leur approche est simple : transformer l'environnement hospitalier en un terrain de jeu et de poésie.

Vêtue d'une jupe rose à pois et de grandes chaussures colorées, Bidouille annonce la couleur dès son arrivée. Pour elle, chaque visite est une nouvelle aventure. À ses côtés, Tap Tap et son ukulélé sont toujours prêts à entonner une comptine. Leur force réside dans leur capacité d'adaptation. "Être clown, c’est surtout de l’impro", explique Tap Tap. "Le clown dit toujours oui… et réfléchit après."

L'association La Ronde des clowns

Fondée pour apporter du réconfort aux enfants hospitalisés, La Ronde des clowns dépend entièrement des dons pour financer ses interventions. Les clowns qui en font partie sont des artistes professionnels formés pour travailler en milieu médical, un environnement qui demande une grande sensibilité et une capacité d'adaptation constante.

Leur travail est rendu possible grâce à la générosité du public, mais la pérennité de leurs actions reste fragile. Tap Tap confie avec inquiétude : "Le budget reste serré. Il nous manquera 10 000 euros à la fin de l’année." Ce manque de fonds pourrait réduire la fréquence de leurs visites, privant de nombreux enfants de ces moments précieux.

Des rencontres uniques et sur mesure

La magie des clowns opère différemment dans chaque chambre, s'ajustant à l'âge, à l'état de santé et à l'humeur de chaque enfant. Chaque porte poussée est le début d'une nouvelle histoire improvisée.

De la chanson douce au rire communicatif

Dans la chambre d'un nourrisson de seulement 17 jours, le duo s'installe avec une infinie douceur. Les notes du ukulélé de Tap Tap emplissent la pièce, le bébé agite les bras et un sourire illumine le visage de ses parents. L'espace d'un instant, l'angoisse liée à l'hospitalisation s'estompe.

Quelques portes plus loin, un petit garçon de 3 ans, tout juste réveillé de sa sieste, est plus difficile à approcher. Bidouille sort alors son arme secrète : des bulles de savon. Le silence se fait, puis un petit "pouet-pouet" sur le ventre du papa déclenche enfin un éclat de rire. La mission est accomplie.

Le pouvoir de la distraction

Des études ont montré que le rire et la distraction peuvent avoir des effets bénéfiques sur les patients, notamment en réduisant la perception de la douleur et en diminuant le stress lié aux procédures médicales. Les clowns thérapeutiques jouent un rôle actif dans ce processus.

Pour un jeune garçon de 12 ans immunodéprimé qui les attendait avec impatience, elles improvisent un rituel princier, tout en respectant les mesures d'hygiène strictes. Il repartira avec une carte postale en souvenir, un trésor qu'il serre déjà contre lui.

S'adapter aux situations les plus délicates

Leur travail n'est pas toujours facile. Face à une adolescente de 14 ans, anxieuse avant de partir au bloc opératoire, l'interaction est plus timide. La jeune fille, gênée, esquive leur tentative de contact. "Au moins, on lui a fait quitter sa chambre plus vite !", relativise Bidouille avec philosophie. Le succès n'est pas toujours un rire, mais parfois simplement un changement d'état d'esprit.

"On peut échouer. Mais si on décroche ne serait-ce qu’un sourire, c’est déjà parfait."

Même avec un adolescent hospitalisé suite à une situation personnelle complexe, les clowns trouvent un moyen d'entrer en contact. Ils parlent de cinéma, de musique, avant de glisser une blague sur Star Wars. Un petit moment de légèreté dans un contexte lourd.

Un soutien essentiel pour les soignants et les familles

L'impact des clowns va bien au-delà du simple divertissement. Pour le personnel médical de Lenval, leur présence est un véritable atout. Ils sont considérés comme des partenaires de soin à part entière.

Une infirmière du service explique l'importance de leur intervention lors des moments difficiles. "Quand il y a un soin technique, c’est magique", témoigne-t-elle. "Les enfants se laissent distraire, tout devient plus facile. Souvent, ils les réclament." La diversion créée par les clowns permet de réaliser des gestes médicaux de manière plus sereine pour l'enfant.

Joanna, une autre infirmière, confirme ce sentiment. "C’est un soulagement. Les clowns, c’est la joie de vivre qui entre dans les chambres. Ça enlève un instant le poids de la maladie." Pour les parents, voir leur enfant sourire à nouveau est une bouffée d'oxygène inestimable. Ces visites brisent la monotonie et l'isolement que peut engendrer une longue hospitalisation.

En offrant une bulle d'humanité et de fantaisie, Bidouille et Tap Tap rappellent que même dans un hôpital, l'insouciance et la joie ont leur place. Ils ne se contentent pas d'amuser ; ils soignent les esprits et les cœurs, prouvant que le rire est parfois le plus puissant des remèdes.

Pour soutenir leur action et permettre à la magie de continuer, il est possible de faire un don à l'association sur la plateforme helloasso.com, en recherchant "La Ronde des clowns".