Société9 vues5 min de lecture

Nice : L'inclusion professionnelle des agents handicapés en action

À Nice, la Ville et la Métropole dépassent les obligations légales avec 8 % d'agents handicapés, grâce à un dispositif d'accompagnement et d'aménagement.

Manon Lefevre
Par
Manon Lefevre

Journaliste spécialisée dans les questions sociales, les politiques publiques locales et les dynamiques du marché du travail. Manon Lefevre enquête sur les initiatives qui favorisent l'inclusion et l'égalité des chances.

Profil de l'auteur
Nice : L'inclusion professionnelle des agents handicapés en action

La Ville de Nice, son Centre Communal d'Action Sociale (CCAS) et la Métropole Nice Côte d'Azur poursuivent leur engagement en faveur de l'emploi des personnes en situation de handicap. Avec un taux d'emploi moyen de 8 %, dépassant le minimum légal de 6 %, ces institutions publiques démontrent une politique active d'inclusion, soutenue par des dispositifs concrets d'aménagement de postes. Deux agents, Vincent et Magali, témoignent de l'impact de ces mesures sur leur maintien en activité.

Cet engagement est renforcé par le renouvellement d'une convention avec le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP), assurant le financement continu des adaptations nécessaires pour garantir des conditions de travail optimales.

Points Clés

  • La Ville de Nice et la Métropole emploient en moyenne 8 % de personnes en situation de handicap, soit 2 points de plus que le minimum légal.
  • Une convention avec le FIPHFP, renouvelée pour la cinquième fois, permet de financer les aménagements de postes.
  • Le Groupe handicap et maintien en emploi, créé en 2008, accompagne les agents dans leurs démarches.
  • Des témoignages concrets illustrent l'efficacité des mesures pour le maintien dans l'emploi malgré le handicap.

Un engagement institutionnel au service de l'inclusion

Depuis 2008, la Métropole Nice Côte d'Azur, la Ville de Nice et son CCAS ont mis en place une structure dédiée, le Groupe handicap et maintien en emploi. Pilotée par Christopher Say, cette cellule a pour mission d'accompagner les agents et de favoriser leur intégration et leur maintien dans leurs fonctions.

Cette politique volontariste se traduit par des résultats chiffrés significatifs. Le taux d'emploi des personnes en situation de handicap au sein de ces collectivités atteint 8 %, un chiffre bien supérieur à l'obligation légale de 6 % imposée aux employeurs publics et privés.

Le rôle du FIPHFP

Le Fonds pour l’insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (FIPHFP) a été créé en 2005. Il a pour mission de favoriser l'insertion professionnelle et le maintien dans l'emploi des personnes handicapées au sein des trois fonctions publiques (État, territoriale et hospitalière). Il collecte des contributions financières auprès des employeurs publics qui n'atteignent pas le taux d'emploi légal de 6 % et utilise ces fonds pour financer des actions concrètes comme l'aménagement de postes, la formation et l'accompagnement.

Pour pérenniser ces actions, les institutions locales ont renouvelé pour la cinquième fois leur convention avec le FIPHFP. Signée initialement en 2009, cette collaboration est essentielle pour débloquer les financements nécessaires à l'acquisition de matériel adapté et à la réalisation de travaux d'aménagement.

Vincent : Reconstruire une carrière après l'accident

Vincent Charles, âgé de 39 ans, incarne la résilience et l'importance du maintien d'une activité professionnelle. Un grave accident de moto à 26 ans l'a laissé en fauteuil roulant, mettant un terme brutal à sa carrière dans la sécurité.

« Quand je me suis réveillé, même si j’ai compris qu’il y avait un problème avec mes jambes, j’ai surtout été heureux d’être en vie », confie-t-il. Après dix mois de rééducation, il a entrepris une reconversion professionnelle. Un bilan de compétences l'a orienté vers le secrétariat.

Son parcours l'a mené au Groupe handicap et maintien en emploi, d'abord pour un stage en 2016, puis une alternance, avant d'être titularisé en 2019. Aujourd'hui, il aide à son tour d'autres agents.

« Le boulot, c’est hyper important pour moi. Déjà, ce que je fais me plaît ; ensuite, ça canalise mon énergie. Et puis c’est important vis-à-vis des autres, pour changer leur regard sur le handicap car c’est encore tabou. »

Grâce aux financements obtenus, son poste de travail a été entièrement adapté. Les aménagements incluent :

  • Une assistance électrique pour son fauteuil roulant.
  • Une imprimante de bureau personnelle.
  • La motorisation des portes d'entrée et des toilettes pour faciliter son autonomie.

Magali : Continuer son métier grâce aux adaptations

Magali, responsable du service des publics à la Direction des musées, a également bénéficié du dispositif. Souffrant de deux hernies discales invalidantes, elle a obtenu la Reconnaissance de la Qualité de Travailleur Handicapé (RQTH) en 2018.

Peu après, un autre défi est apparu : une perte auditive significative. « Je me suis rendu compte de l’ampleur du problème pendant la période Covid : avec le port du masque, j’avais de grosses difficultés à entendre les gens », explique-t-elle. Un diagnostic a révélé qu'elle avait perdu plus d'un tiers de ses capacités auditives.

Des aides essentielles au quotidien

Pour Magali, les prothèses auditives sont devenues indispensables. « Sans mes prothèses, je ne peux pas suivre une réunion par exemple », précise-t-elle. Le Groupe handicap et maintien en emploi l'a aidée à monter les dossiers de financement pour ses appareils, mais aussi pour un fauteuil ergonomique adapté à ses problèmes de dos.

Ces aménagements lui ont permis de poursuivre toutes ses missions, y compris son rôle de formatrice pour les candidats aux concours de la fonction publique. « J’aurais mal vécu que le handicap me contraigne à changer de métier », souligne-t-elle. Son histoire démontre comment des solutions ciblées peuvent préserver une carrière et des compétences précieuses.

Un modèle d'accompagnement personnalisé

Les expériences de Vincent et Magali mettent en lumière la mission centrale du Groupe handicap et maintien en emploi. Comme le résume Vincent, leur rôle est « d’aider tous les personnels en situation de handicap à identifier les aménagements qu’on peut leur proposer afin de continuer à travailler dans de bonnes conditions ».

Le processus commence par l'identification des besoins spécifiques de chaque agent, en lien avec les contraintes de son poste. Il se poursuit par un accompagnement administratif pour mobiliser les financements, notamment via la convention avec le FIPHFP.

Cette approche personnalisée est la clé du succès de la politique d'inclusion menée à Nice. Elle ne se contente pas d'atteindre des quotas, mais vise à garantir une véritable égalité des chances et à permettre à chaque agent, quelles que soient ses difficultés, de s'épanouir professionnellement et de contribuer pleinement au service public.