Des affaissements de chaussée dans le quartier de Cimiez à Nice ont déclenché une vive polémique entre une élue de l'opposition et la municipalité. Alors que l'écologiste Hélène Granouillac pointe du doigt les grands chantiers urbains, la mairie met en avant des causes géologiques anciennes et des défaillances de réseaux privés.
Ce débat met en lumière les tensions autour de la gestion des risques souterrains dans un secteur historiquement fragile de la ville, soulevant des questions sur la sécurité des habitants et la responsabilité des différents acteurs.
Points Clés
- Plusieurs affaissements de chaussée ont été signalés dans le quartier de Cimiez à Nice, notamment sur l'avenue Ratti.
- Une élue de l'opposition, Hélène Granouillac, demande une étude géotechnique et lie ces incidents aux grands chantiers de la ville.
- La mairie de Nice réfute ces accusations, attribuant les problèmes à la géologie du sous-sol (gypse) et à une fuite sur un réseau privé.
- La municipalité assure qu'un suivi rigoureux est déjà en place pour surveiller la stabilité des sols.
Une opposition inquiète face à des chaussées fragilisées
La conseillère municipale d'opposition Hélène Granouillac a récemment tiré la sonnette d'alarme concernant l'état des routes dans le quartier de Cimiez. Elle décrit une situation préoccupante avec l'apparition de plusieurs trous, dont un qualifié de "béant" sur l'avenue Ratti et un autre sur le chemin de Cimiez, comblé mais qui se fissurerait déjà.
Selon l'élue écologiste, ces désordres, apparus avant l'été, ne sont sécurisés que de manière sommaire. Face à ce qu'elle perçoit comme un risque pour la sécurité publique, elle réclame la réalisation en urgence d'une étude géotechnique complète sur le secteur.
Les grands chantiers pointés du doigt
Hélène Granouillac ne croit pas que la seule géologie soit en cause. Elle établit un lien direct entre ces affaissements et la pression exercée par les nombreux et importants chantiers menés par la ville. Elle cite notamment :
- La construction des lignes de tramway.
- La démolition du Théâtre National de Nice (TNN) et du palais des congrès Acropolis.
- L'extension de la Promenade du Paillon (Coulée Verte).
- La construction de l'hôtel des polices.
Pour elle, ces travaux, combinés à une "circulation croissante" et aux effets du changement climatique comme les "amplitudes thermiques intenses", contribuent à fragiliser les sous-sols. "Tout le monde redoute l'effondrement de trop", a-t-elle déclaré, soulignant également un risque de dévalorisation immobilière pour les riverains.
Le contexte géologique particulier de Cimiez
Le sous-sol de la colline de Cimiez est connu pour sa complexité. Il est en partie composé de gypse, une roche soluble qui peut se dissoudre au contact de l'eau, créant ainsi des vides souterrains. Ce phénomène naturel, connu depuis longtemps, rend la zone particulièrement sensible aux infiltrations d'eau et aux vibrations.
La réponse ferme de la municipalité
La réaction de la mairie de Nice ne s'est pas fait attendre. Par la voix de Franck Martin, adjoint délégué au territoire des Hauts de Nice, l'administration a rejeté en bloc les accusations de l'élue d'opposition, qualifiant son analyse de totalement erronée.
"Une nouvelle fois, Mme Granouillac illustre parfaitement le principe selon lequel 'quand on ne comprend pas un sujet, on en parle avec beaucoup d’assurance'", a déclaré l'adjoint au maire, adoptant un ton très critique.
Des causes géologiques et privées, selon la mairie
Franck Martin a rappelé que la nature géologique du sous-sol de Cimiez est un facteur connu de longue date. "Le gypse qui compose une partie du sous-sol de Cimiez ne date pas du tramway ni d’Acropolis, mais du Trias, il y a plus de 200 millions d’années", a-t-il précisé. Selon lui, le risque est donc principalement lié aux circulations d'eau souterraines et à la présence d'anciennes carrières, et non aux chantiers récents.
Le cas spécifique de l'avenue Ratti
Concernant le trou le plus spectaculaire, celui de l'avenue Ratti, la mairie fournit une explication précise. Il serait la conséquence d'un "affouillement dû à une fuite sur un réseau privé d’assainissement". La responsabilité incomberait donc aux propriétaires du réseau défaillant. L'adjoint a ajouté que la Ville avait engagé dès le mois d'août une procédure de "travaux d'office" pour intervenir à la place des propriétaires privés défaillants.
L'élu a insisté sur le fait que la Ville et la Métropole Nice Côte d'Azur suivent la situation de très près. Il a affirmé qu'un dispositif de surveillance rigoureux était en place, incluant une "instrumentation en continu et des études géotechniques" régulières pour contrôler la stabilité du secteur.
"Tout est faux [dans l'intervention de son opposante] : le diagnostic, les causes invoquées, et même la localisation", a conclu Franck Martin, rejetant toute responsabilité de la municipalité dans les incidents récents.
Un débat sur la gestion des risques urbains
Au-delà de la controverse politique, cet épisode met en évidence la complexité de la gestion des infrastructures dans les zones urbaines au sous-sol fragile. Le débat soulève la question de l'impact cumulé des grands projets d'aménagement sur des terrains déjà sensibles.
Alors que l'opposition demande plus de transparence et de mesures préventives via une nouvelle étude d'envergure, la majorité municipale se veut rassurante, affirmant que les outils de surveillance existants sont suffisants et que les causes des problèmes sont identifiées et traitées au cas par cas.
Pour les habitants de Cimiez, l'enjeu reste la garantie de leur sécurité et la préservation de leur cadre de vie, dans un contexte où la ville de Nice continue de se transformer à travers de nombreux projets d'urbanisme.