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Aéroport de Nice : le BEA confirme l'erreur de piste du vol Nouvelair

Le BEA confirme qu'un avion Nouvelair s'est trompé de piste à l'aéroport de Nice, frôlant un appareil easyJet. Une catastrophe a été évitée de justesse.

Benoît Fournier
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Benoît Fournier

Journaliste spécialisé dans les questions de transport, de logistique et de sécurité. Benoît Fournier couvre les incidents, les innovations et les politiques publiques qui façonnent le secteur des transports aériens, maritimes et terrestres.

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Aéroport de Nice : le BEA confirme l'erreur de piste du vol Nouvelair

Le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA) a confirmé qu'une erreur de pilotage est à l'origine de l'incident grave survenu dimanche soir à l'aéroport de Nice-Côte-d'Azur. Un avion de la compagnie Nouvelair, en phase d'atterrissage, s'est aligné sur une mauvaise piste, occupée par un appareil d'easyJet prêt au décollage, évitant de justesse une collision.

L'événement, qualifié d'« exceptionnel » par les autorités de la navigation aérienne, a déclenché l'ouverture de plusieurs enquêtes, dont une enquête judiciaire pour mise en danger de la vie d'autrui. Les premiers résultats de l'analyse des enregistreurs de vol pointent directement vers une erreur d'alignement de l'équipage tunisien.

Points Clés

  • Un avion Nouvelair en provenance de Tunis s'est aligné sur la mauvaise piste lors de son atterrissage à Nice.
  • Un avion easyJet à destination de Nantes se trouvait sur cette même piste, prêt à décoller.
  • Le pilote de Nouvelair a effectué une remise de gaz après avoir survolé l'autre appareil, évitant une collision.
  • Le BEA a confirmé l'erreur de piste après analyse des enregistreurs de vol.
  • Des enquêtes administrative et judiciaire sont en cours pour établir toutes les responsabilités.

Retour sur un incident évité de justesse

Les faits se sont déroulés dimanche soir, vers 23h30, sur le tarmac de l'aéroport Nice-Côte-d'Azur. Le vol de la compagnie tunisienne Nouvelair, un Airbus A320 immatriculé TS-INP, arrivait de Tunis avec l'autorisation d'atterrir sur la piste 04L.

Au même moment, un autre Airbus A320, exploité par easyJet et immatriculé OE-IJZ, attendait sur la piste parallèle, la 04R, pour décoller en direction de Nantes. C'est sur cette piste déjà occupée que l'avion de Nouvelair a commencé sa descente finale.

Une manœuvre d'urgence cruciale

Selon les informations confirmées par le BEA, l'équipage de Nouvelair a poursuivi son approche vers la piste 04R jusqu'à survoler l'avion d'easyJet à très faible altitude. Réalisant la situation critique, le pilote a alors interrompu l'atterrissage en effectuant une manœuvre de remise de gaz, une procédure d'urgence qui consiste à redonner de la puissance aux moteurs pour reprendre de l'altitude et effectuer un nouveau tour de piste.

Cet incident a immédiatement suscité une vive émotion dans le milieu aéronautique. Dès le lendemain, le chef du Service de la navigation aérienne Sud-Est (SNA) qualifiait l'événement de « pas classique » et soulignait qu'une catastrophe avait été évitée de peu.

Qu'est-ce qu'une incursion sur piste ?

Une incursion sur piste est un événement au cours duquel un aéronef, un véhicule ou une personne se trouve sans autorisation sur une piste active. Ces incidents sont considérés comme parmi les plus dangereux dans l'aviation civile car ils peuvent entraîner des collisions à haute vitesse au décollage ou à l'atterrissage.

L'enquête du BEA confirme l'erreur de pilotage

Face à la gravité des faits, le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile a immédiatement ouvert une enquête. Quatre enquêteurs ont été dépêchés sur place dès le lundi matin pour recueillir les premiers éléments.

L'autorité française responsable des enquêtes de sécurité dans l'aviation civile a rapidement récupéré les enregistreurs de vol des deux appareils, communément appelés « boîtes noires ». Ces dispositifs enregistrent les paramètres du vol (vitesse, altitude, etc.) ainsi que les conversations dans le cockpit.

Analyse des données de vol

Les données des quatre enregistreurs (deux par avion) ont été extraites et analysées dans les laboratoires du BEA au Bourget. Cette analyse technique a permis de reconstituer précisément la trajectoire et les actions de l'équipage de Nouvelair.

Des conclusions claires et rapides

Vendredi soir, le BEA a publié ses premières conclusions sur le réseau social X. Le message était sans équivoque :

« L’équipage du TS-INP [l'avion de Nouvelair] est autorisé à l’atterrissage sur la piste 04L mais s’aligne sur la piste 04R occupée par le OE-IJZ [l'avion d'Easyjet] aligné et prêt au décollage. Il approche de la piste 04R jusqu’à survoler le OE-IJZ puis il interrompt son atterrissage. »

Cette déclaration confirme officiellement que l'incident est dû à une erreur de l'équipage tunisien qui n'a pas suivi les instructions de la tour de contrôle et s'est aligné sur la mauvaise piste. L'enquête se poursuit pour comprendre les facteurs qui ont pu conduire à cette confusion.

Plusieurs enquêtes pour déterminer les responsabilités

Si l'enquête technique du BEA a rapidement identifié la cause directe de l'incident, d'autres investigations sont menées en parallèle pour établir l'ensemble des responsabilités, qu'elles soient techniques, humaines ou pénales.

Le BEA a précisé que ses investigations se poursuivraient la semaine prochaine, notamment avec le recueil des témoignages des pilotes, des contrôleurs aériens et de toutes les personnes impliquées. L'objectif est de comprendre le contexte de l'erreur et de formuler d'éventuelles recommandations de sécurité pour éviter que cela ne se reproduise.

Un volet judiciaire ouvert

En plus de l'enquête administrative, le parquet de Nice a ouvert une enquête judiciaire pour « mise en danger de la vie d'autrui ». Cette procédure vise à déterminer si des responsabilités pénales peuvent être engagées. Elle a été confiée à la brigade de gendarmerie des transports aériens (GTA), l'unité spécialisée dans les affaires liées à l'aviation.

Le Service de la navigation aérienne (SNA) mène également sa propre enquête interne pour analyser la gestion de l'incident par les services de contrôle du trafic aérien. Les communications radio entre la tour de contrôle et les pilotes seront particulièrement examinées pour vérifier si toutes les procédures ont été respectées.

Cet événement rappelle la vigilance constante requise dans le secteur du transport aérien, où la moindre erreur peut avoir des conséquences dramatiques. Les conclusions complètes des différentes enquêtes sont attendues dans les prochains mois.