Un contrôleur aérien de l'aéroport de Nice Côte d'Azur a récemment alerté sur des problèmes d'éclairage des pistes. Cette déclaration intervient après un incident aérien majeur le 21 septembre. Un avion de Nouvelair a failli entrer en collision avec un appareil d'EasyJet. L'incident a ravivé les débats sur la sécurité et les opérations aéroportuaires.
Points Clés
- Un contrôleur aérien anonyme dénonce des problèmes d'éclairage des pistes.
- L'incident du 21 septembre a été évité grâce à la tour de contrôle.
- Une piste utilise des LED, l'autre des ampoules classiques, créant une confusion visuelle.
- La direction de l'aéroport assure la conformité du balisage.
- De nouvelles procédures d'approche nocturne ont été mises en place.
- Le contrôleur pointe un manque d'effectifs comme cause des retards.
Un incident évité de justesse
Le 21 septembre dernier, un incident grave a failli se produire à l'aéroport de Nice. Un avion de la compagnie Nouvelair, en phase d'atterrissage, s'est trompé de piste. Il a tenté de se poser sur une piste déjà occupée par un appareil d'EasyJet en attente de décollage. Seule l'intervention rapide des contrôleurs aériens a permis d'éviter une catastrophe.
Un contrôleur, en poste à Nice depuis 2007, a décidé de s'exprimer anonymement. Il a brisé le devoir de réserve pour clarifier la situation. Selon lui, les retards de vols et cet incident ne sont pas liés. Il a réfuté les accusations portées contre la tour de contrôle. Il a souligné que c'est grâce à l'équipe que le drame a été évité.
« Ce soir-là, oui nous avons frôlé une catastrophe à Nice. Elle n’a été évitée que grâce à la tour de contrôle. La réaction de mes collègues, qui ont demandé au pilote du Nouvelair de remettre les gaz, a été formidable compte tenu de la complexité de la situation. »
Le contrôleur a expliqué le déroulement des faits. Il a précisé qu'un système d'alarme, mis en place il y a trois ans, s'est déclenché. C'est ce système qui a alerté les contrôleurs d'un alignement incorrect. Cette alerte a permis de demander au pilote de Nouvelair de reprendre de l'altitude. L'effectif de la tour était complet ce soir-là, a-t-il affirmé.
Fait important
- L'aéroport de Nice Côte d'Azur est le troisième aéroport de France en termes de trafic passagers.
- Il gère plus de 14 millions de passagers par an.
- Deux pistes parallèles sont utilisées pour les atterrissages et décollages.
Problèmes d'éclairage des pistes
La question centrale soulevée par le contrôleur concerne l'éclairage des pistes. Selon lui, la différence de luminosité entre les deux pistes peut prêter à confusion pour les pilotes. Une piste est équipée de la technologie LED, tandis que l'autre utilise des ampoules à filaments classiques. Cette disparité visuelle est significative.
Le contrôleur estime que le rendu lumineux est dans un rapport de 1 à 3. La piste équipée de LED est considérablement plus brillante. L'incident du 21 septembre s'est produit sur la piste la plus lumineuse. Le pilote de Nouvelair, bien qu'ayant annoncé se poser sur la piste d'atterrissage (la gauche), a finalement tenté de se poser sur celle de droite. Cette dernière était déjà occupée et présentait une plus forte brillance.
Contexte technique
Le balisage lumineux des pistes d'aéroport est essentiel pour la sécurité des vols, surtout la nuit ou par faible visibilité. Il guide les pilotes lors des phases critiques d'atterrissage et de décollage. Les technologies LED offrent une meilleure visibilité, une plus longue durée de vie et une consommation d'énergie réduite par rapport aux ampoules traditionnelles.
Le problème d'éclairage a été signalé à plusieurs reprises. La réponse de l'aéroport était que le balisage est conforme aux normes. Un équipement total en LED est prévu, mais dans un délai de deux à trois ans. Le contrôleur espère une accélération de ce processus suite à l'incident.
Réponse de la direction de l'aéroport
Franck Goldnadel, président du directoire des aéroports de la Côte d'Azur, a confirmé certains points. Il a assuré que le balisage des pistes fonctionnait parfaitement le soir de l'incident. Il a expliqué que la piste sud a été rénovée il y a deux ou trois ans. Son balisage a été remplacé par des LED. La piste nord doit également passer à la technologie LED dans les prochains mois, dans le cadre du plan d'investissement.
Il a rappelé que le balisage des pistes est un élément de sécurité crucial. Il fait l'objet de suivis permanents, d'audits et de contrôles par des autorités indépendantes. M. Goldnadel a précisé qu'il est courant pour les aéroports à pistes multiples d'avoir des technologies différentes pendant la période de transition. Il n'est pas possible de fermer les deux pistes simultanément pour les rénover.
Le président a également souligné que la différence de technologie n'empêche pas la modulation de l'éclairage. Les contrôleurs ont la capacité d'ajuster la puissance des éclairages. Cela se fait en fonction des conditions et des retours des pilotes. Il a réitéré que le balisage était conforme aux normes d'utilisation ce soir-là.
Nouvelles procédures pour la sécurité
Pour éviter la répétition d'un tel incident, de nouvelles procédures d'approche ont été mises en place. Elles sont provisoires et concernent les vols de nuit. Selon le contrôleur aérien, la nuit a été un facteur aggravant le 21 septembre. Désormais, entre 20h00 et 23h00, les avions en approche doivent utiliser la procédure d'atterrissage la plus sécuritaire. Il s'agit de la procédure la plus directe, qui ne contourne pas Cannes et le Cap d'Antibes.
Cette mesure pourrait générer des plaintes de la part des riverains à l'ouest du département. Ces habitants se plaignent déjà des nuisances aériennes depuis des années. De plus, une politique de monopiste sera privilégiée en soirée. Cela se fera lorsque le trafic aérien est moins important. L'objectif est de réduire les risques de confusion pour les pilotes.
La problématique des retards et des effectifs
Au-delà de l'incident, le contrôleur a abordé la question des retards de vols à l'aéroport de Nice. Il a affirmé que les retards sont un problème réel. La cause principale est un manque d'effectifs. En 2007, l'aéroport comptait 90 contrôleurs aériens. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 70, alors que le trafic aérien a augmenté.
Cette situation est "très frustrante et épuisante" pour les équipes. L'été dernier, l'aéroport a enregistré jusqu'à 2 000 minutes de retard par jour. La direction a reconnu des "mauvais choix" en matière de recrutement. Des départs en retraite n'ont pas été remplacés. Cependant, la solution ne sera pas immédiate. Le contrôleur estime qu'il faudra au minimum cinq ans pour récupérer les 20% d'effectifs manquants à Nice.
Statistiques clés
- Effectifs de contrôleurs aériens à Nice : 90 en 2007, 70 actuellement.
- Trafic aérien en augmentation.
- Jusqu'à 2 000 minutes de retard par jour enregistrées l'été dernier.
- Estimation de 5 ans pour combler le manque d'effectifs.
Les conditions de travail à la tour de contrôle de Nice sont jugées difficiles. Les demandes de mutation y seraient plus nombreuses qu'ailleurs. De plus, 20% des effectifs actuels seront en âge de prendre leur retraite d'ici cinq ans. Le contrôleur reste pessimiste quant à une amélioration rapide de la situation des retards. Il a néanmoins conclu sur un point essentiel : la sécurité des passagers reste la priorité absolue des contrôleurs aériens.