Alors que la saison estivale s'achève à Nice, le bilan pour le commerce local est mitigé. Franck Martin, adjoint au maire délégué aux commerces, dresse un tableau contrasté, marqué par des disparités sectorielles et géographiques. Entre la concurrence du e-commerce et les défis sécuritaires, la municipalité tente de mettre en place des solutions pour soutenir un tissu économique sous tension.
Si les hôteliers ont connu une saison globalement positive, les restaurateurs et surtout les commerçants de détail font face à une réalité plus complexe. Certains indépendants ont dû étendre leurs horaires d'ouverture pour atteindre leurs objectifs, illustrant ce que l'élu qualifie de "bataille incessante" pour la survie du commerce de proximité.
Points Clés
- Le bilan de la saison estivale 2025 pour les commerces niçois est très hétérogène selon les quartiers et les secteurs d'activité.
- La concurrence d'Internet, notamment dans le secteur du textile, et les problèmes de sécurité restent les préoccupations majeures des commerçants.
- La mairie de Nice met en avant plusieurs projets d'urbanisme et des dispositifs de soutien pour revitaliser le centre-ville.
- Des tensions politiques apparaissent autour de la gestion du commerce local, avec des critiques de l'opposition sur la sécurité et le plan de circulation.
Un été aux résultats inégaux pour les commerçants
La fin de la haute saison touristique à Nice laisse un goût partagé aux acteurs économiques. Selon Franck Martin, l'adjoint au maire en charge du commerce, la situation est loin d'être uniforme. "Je retiens beaucoup de disparités, entre les quartiers et entre les secteurs évidemment", a-t-il expliqué.
Certains commerces ont réalisé un excellent chiffre d'affaires, tandis que d'autres, particulièrement les indépendants du secteur textile, ont souffert de la concurrence massive des plateformes de vente en ligne. Cette tendance nationale n'épargne pas la capitale de la Côte d'Azur.
Pour de nombreux petits commerçants, la période a été tendue. Certains ont été contraints de rester ouverts jusqu'à 21 heures pour atteindre un seuil de rentabilité suffisant. Cette situation souligne la pression constante qui pèse sur le commerce de proximité.
La Grande Braderie, une bouffée d'oxygène
Malgré un contexte difficile, des événements locaux ont montré leur efficacité. La dernière grande braderie organisée en ville a connu un franc succès. Elle a permis de dynamiser l'activité et d'attirer une clientèle nombreuse, démontrant l'attachement des habitants à leurs commerces physiques.
Les réponses de la municipalité face aux défis
Face aux difficultés exprimées par les commerçants, la mairie de Nice articule sa stratégie autour de plusieurs axes, allant de l'aménagement urbain à la sécurité, en passant par le soutien administratif.
Aménagement urbain et revitalisation
L'une des principales demandes des professionnels concerne l'amélioration du cadre urbain. Plusieurs projets sont en cours ou à l'étude pour redynamiser des axes stratégiques. Une concertation publique a été lancée pour la zone piétonne Massena, et l'avenue de Suède fait l'objet d'une réévaluation. L'objectif est de trouver un meilleur équilibre entre les restaurants et les magasins pour créer un parcours commercial plus attractif.
La municipalité mise également sur de nouveaux pôles d'attraction pour renforcer le cœur de ville. Le complexe Iconic affiche des résultats solides, et le centre commercial Nicetoile s'apprête à connaître une importante montée en gamme. Un appel à projet a aussi été lancé pour une parcelle stratégique sur le boulevard Raimbaldi.
La question de la sécurité
La sécurité est une préoccupation majeure, notamment sur le boulevard Gambetta où les pillages sont fréquents. La ville a déployé le plan "Vigicommerces", avec une brigade dédiée et un réseau de vigilance. Cependant, Franck Martin souligne les limites de l'action municipale.
"Est-ce suffisant ? Évidemment que non, puisque la sécurité, c'est l'État. Notre police municipale n’a pas le droit de contrôler les identités. Que les députés qui nous font de grandes leçons aillent faire changer cette absurdité à Paris."
Cette déclaration met en lumière les tensions entre les compétences locales et nationales en matière de sécurité publique, un enjeu qui dépasse le seul cadre niçois.
Concurrence et débats politiques
Le commerce niçois évolue dans un environnement concurrentiel et fait l'objet de vifs débats politiques, notamment à l'approche des prochaines élections municipales.
La Plaine du Var est-elle une menace ?
Le développement de la zone commerciale de la Plaine du Var, autour du stade Allianz Riviera, ne semble pas inquiéter l'élu. Il estime que les clientèles sont distinctes : "Le Haut-Pays va descendre à Saint-Isidore [...], mais pas dans l'hypercentre." L'arrivée d'enseignes comme IKEA n'aurait pas eu d'impact négatif sur le centre-ville, selon lui.
Les atouts de Nice selon la mairie
- Un aéroport international en centre-ville, générant un flux constant de visiteurs.
- Un soutien administratif renforcé avec la "Maison de l’Artisanat et du Commerce" pour aider les professionnels dans leurs démarches.
- Une politique active pour attirer de nouvelles enseignes en participant à des salons spécialisés.
Le commerce au cœur des tensions politiques
L'opposition municipale, menée par l'équipe d'Eric Ciotti, critique "l'état dégradé" du commerce niçois. Parmi leurs propositions figurent l'instauration de deux heures de stationnement gratuit. Une mesure que Franck Martin rejette, craignant la multiplication des "voitures-ventouses" qui paralyseraient la rotation des places. Il rappelle que la ville offre déjà une heure de gratuité depuis le 1er juillet.
L'adjoint au maire réfute également les critiques concernant l'impact négatif des pistes cyclables, affirmant que le véritable adversaire du commerce de centre-ville reste Internet, et non le vélo. Face à une situation complexe, le dialogue entre la municipalité, les commerçants et les différentes forces politiques s'annonce crucial pour définir l'avenir du cœur économique de Nice.