La France fait face à une augmentation des cas de chikungunya, une maladie virale transmise par le moustique tigre. Santé publique France a recensé 570 cas répartis dans 65 foyers sur le territoire national. La ville d'Antibes, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, est particulièrement touchée, concentrant 103 cas, ce qui en fait le principal foyer métropolitain. Face à cette situation, la ville voisine de Nice a déployé un plan de bataille préventif pour contenir la propagation du virus.
Points Clés
- Bilan national : 570 cas de chikungunya identifiés dans 65 foyers en France métropolitaine.
- Foyer principal : Antibes est l'épicentre avec 103 cas, soit près d'un cinquième du total national.
- Régions concernées : Neuf régions sont sous surveillance, dont la Provence-Alpes-Côte d'Azur.
- Action à Nice : La municipalité a lancé un plan anti-moustique avec des pièges, une brigade dédiée et des expérimentations.
Une propagation du chikungunya sous haute surveillance
Le dernier rapport de Santé publique France, daté du 24 septembre, dresse un tableau préoccupant de la circulation du chikungunya en France métropolitaine. Avec 570 cas confirmés, le virus s'est implanté dans de nombreuses régions. Bien qu'un tiers des 65 foyers détectés soient maintenant considérés comme "clos", la vigilance reste de mise.
Les autorités sanitaires portent une attention particulière à neuf régions. La Provence-Alpes-Côte d'Azur, l'Occitanie, l'Auvergne-Rhône-Alpes, la Corse et l'Île-de-France sont des zones où le virus a déjà circulé les années précédentes. D'autres régions, comme la Bourgogne-Franche-Comté, le Centre-Val-de-Loire, le Grand Est et la Nouvelle-Aquitaine, sont également sous surveillance.
Antibes : un foyer d'infection sans précédent
La situation sur la Côte d'Azur est particulièrement tendue. La ville d'Antibes est devenue le principal noyau d'infection du pays, avec 103 cas recensés. Cette concentration représente un peu moins de 20 % de tous les cas détectés en France métropolitaine.
Qu'est-ce que le chikungunya ?
Le chikungunya est une maladie virale transmise à l'homme par des moustiques infectés, principalement le moustique tigre (Aedes albopictus) en France. Les symptômes incluent une forte fièvre et des douleurs articulaires sévères, qui peuvent parfois devenir chroniques.
Les autorités sanitaires qualifient cette situation d'"exceptionnelle". Cependant, Olivier Brahic, directeur adjoint de l'Agence Régionale de Santé (ARS) de Provence-Alpes-Côte d'Azur, a tenu à nuancer le propos en précisant qu'il ne s'agissait "pas d'une épidémie" au sens strict du terme.
Nice déploie son plan de bataille contre le moustique tigre
Face à la proximité de ce foyer majeur, la ville de Nice a anticipé les risques en lançant dès le mois de juin un "plan anti-moustique" complet. L'objectif est de lutter activement contre le vecteur de la maladie : le moustique tigre.
Ce programme repose sur plusieurs piliers. L'un des plus visibles est l'installation de 66 pièges répartis stratégiquement dans les différents quartiers de la ville. Ces dispositifs sont placés en priorité dans les zones accueillant des publics vulnérables.
- Les EHPAD (Établissements d'Hébergement pour Personnes Âgées Dépendantes)
- Les crèches et les écoles
- Les parcs et jardins publics
À l'école élémentaire Saint-Isidore, par exemple, des pièges pondoirs ont été installés. Ces systèmes attirent les moustiques femelles qui cherchent un lieu pour pondre leurs œufs et les capturent, empêchant ainsi la naissance de nouvelles générations d'insectes.
Selon le maire de Nice, Christian Estrosi, les actions mises en place depuis le début de l'été auraient permis d'éviter la prolifération de dix millions de moustiques dans la ville.
Une brigade et des expérimentations sur le terrain
Le plan niçois ne se limite pas à l'installation de pièges. Une brigade anti-moustique a été créée. Ses agents se déplacent directement au domicile des citoyens signalant des nuisances pour évaluer la situation, fournir des conseils préventifs et installer des dispositifs de capture si nécessaire.
La ville a également mis en place une plateforme en ligne permettant aux habitants de signaler facilement la présence de moustiques tigres, facilitant ainsi une intervention rapide des équipes municipales.
"Il faut maintenir un haut niveau de vigilance avec une veille sanitaire, des pièges, une stratégie vaccinale et un parcours patient adapté.", a souligné Christian Estrosi, insistant sur la nécessité de poursuivre les efforts.
En parallèle, deux secteurs de la ville, Cimiez et la zone du port incluant la colline du Château, font l'objet d'une expérimentation poussée. Pendant cinq mois, depuis cet été, des experts identifient et cartographient précisément les zones de nuisance et les gîtes larvaires potentiels. Ces données sont actualisées toutes les deux semaines pour permettre un traitement ciblé des lieux de ponte.
Si cette méthode s'avère efficace, elle pourrait être étendue à l'ensemble de la ville dès 2026. La municipalité finance également une thèse universitaire en partenariat avec l'Université Côte d'Azur pour approfondir les connaissances scientifiques sur le comportement du moustique tigre et améliorer les stratégies de lutte.