Une mobilisation d'une ampleur rare a rassemblé entre 700 et 1 000 professionnels de la santé dans les rues de Nice ce mercredi 3 décembre 2025. Médecins, infirmiers, kinésithérapeutes et internes ont défilé pour exprimer leur opposition au projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, dénonçant une vision purement budgétaire qui, selon eux, met en péril le système de santé français.
Les points clés
- Entre 700 et 1 000 soignants ont manifesté à Nice, bien plus que les 500 attendus.
- Le mouvement proteste contre le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) 2026.
- Les professionnels dénoncent des coupes budgétaires et une menace sur la liberté médicale.
- Le mouvement, initié dans les Alpes-Maritimes, pourrait s'étendre à l'échelle nationale.
Une mobilisation historique dans les Alpes-Maritimes
Malgré une pluie fine, l'ambiance était déterminée sur la place Garibaldi ce mercredi. Le cortège, parti à l'appel du Collectif médical du Sud-Est, a réuni des professionnels venus de tout le département. Médecins libéraux, praticiens hospitaliers, spécialistes, internes et professions paramédicales ont marché côte à côte, une unité rarement observée.
L'appel à la grève a également été suivi, avec la fermeture de nombreux cabinets médicaux dans la région. Ce mouvement, né localement, témoigne d'un mécontentement profond qui pourrait bien faire tache d'huile dans les semaines à venir.
Un rassemblement au-delà des attentes
Les organisateurs espéraient réunir 500 personnes. La participation finale, estimée entre 700 et 1 000 manifestants, a montré l'ampleur de la préoccupation au sein du monde de la santé.
Les racines d'une colère profonde
Si la taxation des dépassements d'honoraires a été l'étincelle, le malaise est bien plus vaste. Les soignants s'inquiètent des conséquences du projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2026, qu'ils jugent déconnecté des réalités du terrain.
Le Dr Jérôme Barrière, oncologue à Cagnes-sur-Mer et cofondateur du collectif, résume le sentiment général.
« En quelques semaines, c’est devenu le cri d’alarme d’un secteur entier. On fait face à l’attaque la plus violente depuis des décennies contre la liberté médicale. »
Les professionnels craignent l'instauration d'une « médecine low cost ». Ils pointent du doigt des tarifs d'actes jugés trop bas, des plafonnements pour les soins infirmiers et des coupes budgétaires déjà appliquées depuis le 1er novembre. Pour beaucoup, c'est un changement de modèle qui se dessine, dont les patients seraient les premières victimes.
De la ville à l'hôpital, une inquiétude partagée
La manifestation a mis en lumière la solidarité entre la médecine de ville et le secteur hospitalier. Les praticiens hospitaliers, également présents en nombre, savent que leur situation est directement liée à celle de leurs confrères libéraux.
« Si la ville s’asphyxie, l’hôpital se noie derrière », explique un médecin urgentiste. Il rappelle que les services d'urgence font déjà face à une saturation croissante. Un affaiblissement de la médecine de premier recours ne ferait qu'aggraver la pression sur un hôpital public déjà en difficulté.
Un soutien politique et citoyen
La mobilisation a reçu le soutien de plusieurs élus locaux. Christian Estrosi, maire de Nice, a pris la parole pour dénoncer « un projet de loi déconnecté des réalités, irrespectueux de la dignité des soignants comme de celle des patients ». Il a salué « l’unité inédite à Nice d’un corps médical menacé ».
De son côté, le député Éric Ciotti a fustigé « une vision comptable de la santé » et a promis de s'opposer fermement au texte de loi. Même l'Ordre des médecins, par la voix de son président régional le Dr Hervé Caël, est sorti de sa réserve pour critiquer un projet qui « relègue l’intérêt du patient derrière la logique budgétaire ».
L'accès aux soins au cœur des préoccupations
Au-delà des questions de tarifs et d'organisation, les soignants alertent sur une conséquence directe pour la population : la remise en cause de l'accès aux soins. La fermeture de cabinets, notamment dans les zones rurales, et l'allongement des délais pour obtenir un rendez-vous sont des craintes concrètes partagées par les manifestants.
Quelques patients se sont joints au cortège pour soutenir leurs médecins. « Ils nous comprennent, mais ce qui se joue est complexe », confie un généraliste. « Le PLFSS, c’est abstrait. Alors qu’en réalité, ce qui est en jeu, c’est leur futur accès aux soins. »
Vers un durcissement du mouvement ?
Pour les organisateurs, cette journée n'est qu'une première étape. Ils espèrent une prise de conscience du gouvernement et une révision du projet de loi. Sans réponse rapide, le mouvement pourrait prendre une nouvelle ampleur dès le mois de janvier.
« On espère ne pas devoir durcir. Mais si on ne nous écoute pas, on n’aura pas d’autre choix », prévient le Dr Barrière. La détermination affichée dans les rues de Nice laisse penser que les professionnels de la santé sont prêts à poursuivre leur action pour, selon leurs mots, « sauver le système de santé ».





