La mairie de Nice a relancé l'idée d'un projet de grande envergure visant à regrouper plusieurs établissements hospitaliers de la ville au sein d'un nouveau pôle de santé dans la Plaine du Var. Portée par l'élu Hervé Caël, cette initiative a pour objectif de moderniser une offre de soins jugée dispersée et vieillissante. Cependant, le projet suscite de vives critiques de la part des oppositions politiques, qui questionnent son financement, son impact sur l'accès aux soins et sa pertinence face aux urgences actuelles du système de santé.
Les points clés
- Un projet de "Centre des santés" est proposé dans la Plaine du Var pour moderniser l'infrastructure hospitalière niçoise.
- Plusieurs hôpitaux, dont Cimiez, L'Archet et le Centre Antoine Lacassagne, seraient concernés par ce regroupement.
- Le financement reposerait principalement sur la vente du patrimoine immobilier des établissements déplacés.
- L'opposition politique exprime de sérieuses inquiétudes sur la faisabilité financière et l'éloignement des services de santé pour les habitants.
- L'échéance envisagée pour la réalisation de ce pôle se situe entre 2030 et 2033.
Une vision pour l'avenir de la santé à Nice
La ville de Nice fait face à une offre de soins hospitaliers géographiquement éclatée. Selon Hervé Caël, conseiller municipal et président de l'Ordre des médecins en région Sud, cette dispersion limite l'efficacité du système. Il a souligné que si le pôle sanitaire de l'hôpital Pasteur à l'Est est de grande qualité, d'autres établissements souffrent de contraintes importantes.
L'argument principal en faveur du projet est de rationaliser et de moderniser les infrastructures. "La logique est d’implanter dans la Plaine du Var un Centre des santés", a expliqué M. Caël, mettant en avant le développement de la ville vers l'Ouest. Ce nouvel emplacement permettrait de construire des équipements modernes et adaptés aux besoins futurs.
Les établissements concernés et le diagnostic actuel
Le projet cible plusieurs institutions jugées vieillissantes ou mal situées. Hervé Caël a détaillé les problématiques spécifiques à chaque site pour justifier la nécessité d'un regroupement :
- L'hôpital de Cimiez : Ses services de soins sont considérés comme peu nombreux et ses bureaux administratifs occupent un bâtiment historique prestigieux.
- L'hôpital de l'Archet : Son accessibilité est jugée difficile en raison de sa position sur une colline, qui présenterait également des risques sismiques.
- Le Centre Antoine Lacassagne : Bien qu'en progression, il est géographiquement contraint et ne peut pas s'étendre sur son site actuel.
Le contexte du projet
L'idée de regrouper des hôpitaux n'est pas nouvelle et s'inscrit dans une tendance nationale de rationalisation des infrastructures de santé. L'objectif est souvent de mutualiser les moyens, de créer des pôles d'excellence et de remplacer des bâtiments anciens par des structures plus fonctionnelles et moins coûteuses à entretenir.
Le plan de mise en œuvre et le financement
Le projet, qualifié d'ambitieux par ses promoteurs, est actuellement à l'étude. Selon Hervé Caël, "tous les acteurs prennent ceci très au sérieux" et l'Agence Régionale de Santé (ARS) aurait reconnu la pertinence de la démarche. L'horizon de réalisation est fixé entre 2030 et 2033.
La question financière est au cœur du dispositif. Le plan repose sur la vente du patrimoine immobilier des hôpitaux qui seraient déplacés. "Il y a un patrimoine immobilier important qui peut être vendu pour supporter les coûts", a affirmé M. Caël. L'objectif est de créer un pôle unifié tout en respectant les statuts spécifiques de chaque institution.
"L'idée est de grouper ces institutions, dans le respect de leurs particularités et de leurs statuts." - Hervé Caël, conseiller municipal de Nice.
Concernant la pédiatrie, le projet prévoit une évolution complémentaire. La Fondation Lenval "se maintiendrait sur la Promenade des Anglais, en complément d’une nouvelle offre pour la pédiatrie à l’Ouest, publique et universitaire", a précisé l'élu.
Une opposition politique unanime et virulente
Le projet de pôle de santé est loin de faire l'unanimité. Les partis d'opposition, de gauche comme de droite, ont exprimé de fortes réserves, voire un rejet total de l'idée.
Inquiétudes sur le financement et la faisabilité
Jean-Christophe Picard, conseiller municipal EELV, a dénoncé le manque de clarté du plan financier. "Comme d’habitude, le flou le plus total règne sur le financement de cet énième méga-projet", a-t-il déclaré. Il s'inquiète que la vente des actifs immobiliers soit insuffisante et craint que la ville ne remplace "des établissements durables par du provisoire".
Le patrimoine immobilier en jeu
Les sites actuels des hôpitaux de Cimiez et de l'Archet représentent une valeur immobilière considérable en raison de leur emplacement dans des quartiers prisés de Nice. La réussite financière du projet dépendra entièrement de la capacité de la ville à valoriser ces biens sur le marché.
La crainte d'un éloignement des services de soins
Pour la gauche, le principal problème est l'accessibilité. Juliette Chesnel-Le Roux (PS-EELV-PCF) et Julien Picot (PCF) estiment que le transfert vers la Plaine du Var va "éloigner davantage l’offre de soins de la population". Ils qualifient cette décision d'"erreur majeure" dans un territoire déjà marqué par de fortes inégalités sociales et géographiques.
Pour eux, la priorité est ailleurs. Ils appellent à concentrer les efforts pour obtenir plus de moyens de la part du ministère de la Santé. "Face à la saturation des urgences et au manque de moyens hospitaliers, il est urgent de mettre la pression sur le Ministère pour obtenir des postes, des lits et des moyens à la hauteur des besoins", ont-ils insisté.
Un projet jugé déconnecté des réalités actuelles
Du côté du Rassemblement National, Benoît Kandel a qualifié le projet de manœuvre politique à quelques mois des élections municipales. Il estime que l'urgence est de s'occuper des problèmes concrets et immédiats, comme "la sécurité aux urgences de l’hôpital Pasteur, laquelle ne fait que se dégrader au préjudice des patients et des personnels de santé".
Cette convergence des critiques, bien que partant de points de vue différents, met en lumière les nombreux défis que ce projet devra surmonter pour voir le jour. Entre la nécessité de moderniser l'offre de soins et le risque d'aggraver les inégalités d'accès, le débat sur l'avenir des hôpitaux niçois ne fait que commencer.