La plateforme de location touristique Airbnb a étendu sa présence à 81% des communes en France, selon une nouvelle étude. Cette expansion massive, qui touche près de 29 000 municipalités, transforme le paysage touristique national tout en alimentant un vif débat sur ses conséquences pour le marché du logement.
Points Clés
- 81% des communes françaises disposent désormais d'au moins une annonce Airbnb.
- Le nombre de nuitées réservées sur les plateformes a plus que doublé entre 2018 et 2024.
- Les experts sont partagés sur l'impact réel de cette expansion sur la crise du logement.
- La France compte en moyenne 1,31 million d'annonces de meublés touristiques actives chaque mois.
Une toile tissée sur tout le territoire
L'empreinte d'Airbnb en France a connu une croissance spectaculaire depuis son arrivée. Une étude récente du centre de réflexion Terram, réalisée à partir des données de la plateforme, révèle une couverture géographique impressionnante. Aujourd'hui, plus de huit communes françaises sur dix proposent au moins une option d'hébergement via le géant américain.
Cette expansion ne se limite pas aux grandes métropoles ou aux zones touristiques traditionnelles. Si les littoraux, les régions montagneuses et les villes au riche patrimoine restent des pôles d'attraction majeurs, le phénomène s'est diffusé sur la quasi-totalité du territoire.
Des logements existants majoritairement utilisés
L'étude souligne que l'offre sur Airbnb repose principalement sur le parc résidentiel existant. Il s'agit le plus souvent de résidences principales, de résidences secondaires ou de logements vacants qui sont mis en location, plutôt que de constructions neuves dédiées à cette activité.
Pour Airbnb, cette dissémination est une force. La société affirme que sa présence dans près de 29 000 communes bénéficie directement aux économies locales, y compris dans des zones dépourvues d'infrastructures hôtelières classiques.
Des chiffres qui illustrent une croissance fulgurante
L'ampleur du phénomène est confirmée par les données européennes. Selon Eurostat, le nombre de nuitées réservées via des plateformes de location de meublés touristiques en France a plus que doublé entre 2018 et 2024, atteignant le chiffre de 192,4 millions.
Ces locations de courte durée représentent désormais plus de 40% du total des nuitées touristiques dans le pays, marquant un changement profond dans les habitudes des voyageurs.
Le marché français en chiffres
Le cabinet AirDNA, spécialisé dans l'analyse de ce secteur, a recensé en moyenne 1,31 million d'annonces actives par mois en France sur la période d'octobre 2024 à septembre 2025. Airbnb domine largement le marché avec 71% des annonces, suivi par Abritel (12%), tandis que 17% des biens sont listés sur les deux plateformes simultanément.
Cette dynamique soulève des questions sur la capacité du marché immobilier traditionnel à répondre à la fois aux besoins des résidents permanents et à cette demande touristique croissante.
Un impact sur le logement qui divise les experts
L'expansion rapide d'Airbnb est au cœur d'un débat complexe sur ses effets sur le marché du logement. D'un côté, certains analystes modèrent son rôle dans la crise actuelle.
"Airbnb a pu accentuer des tensions déjà présentes avant, mais ne les a pas créées", estime Jérôme Fourquet, directeur du département opinion de l'Ifop et co-auteur de l'étude.
Cette vision suggère que la plateforme agit comme un amplificateur de problèmes préexistants, tels que le manque de construction ou la spéculation immobilière, plutôt que comme une cause première.
La nature des biens loués au cœur des interrogations
D'autres chercheurs estiment cependant que l'analyse doit aller plus loin. Pour Thomas Aguilera, chercheur à Sciences Po Rennes, le point crucial est la typologie des logements proposés sur la plateforme. Il est essentiel de savoir s'il s'agit d'une résidence principale louée occasionnellement, d'une résidence secondaire ou d'un bien entièrement dédié à la location touristique pour mesurer la concurrence réelle avec le marché locatif à long terme.
Francesca Artioli, chercheuse à l’École d’urbanisme de Paris, abonde dans ce sens. Elle insiste sur la nécessité d'étudier "la concentration de l'offre, le type d'offre, le niveau de professionnalisation" des loueurs et "l'intensité de la mise en location". Ces facteurs sont déterminants pour évaluer l'impact sur des phénomènes comme le surtourisme et la pression immobilière.
Le débat reste donc ouvert, entre un modèle qui démocratise le tourisme et dynamise des territoires, et un système dont la croissance rapide pose des défis majeurs aux politiques publiques du logement en France.





