Les responsables de l'emblématique Castel Plage, située sur la promenade des Anglais à Nice, ont comparu devant le tribunal correctionnel. Ils sont accusés d'avoir réalisé des travaux sans autorisation sur le domaine public maritime et de pollution, des faits qui se seraient déroulés entre 2019 et 2023.
Le directeur de l'établissement et sa fille, représentante légale de la société exploitante, doivent répondre de plusieurs infractions, dont l'installation d'un enrochement non autorisé et un déversement de gazole sur les galets. La décision du tribunal est attendue pour le 25 novembre 2025.
Les points clés de l'affaire
- Les gérants de Castel Plage sont poursuivis pour travaux non autorisés, pollution et circulation d'un engin motorisé sur la plage.
- La défense plaide l'urgence suite à une tempête pour justifier les interventions, affirmant qu'il s'agissait de protéger les installations.
- Le parquet a requis une peine de 6 mois de prison avec sursis pour le directeur, 30 000 euros d'amende pour la société et la remise en état du site.
- Le jugement sera rendu le 25 novembre 2025.
Des aménagements au cœur des débats
L'accusation principale porte sur l'installation progressive de blocs rocheux sur le rivage de Castel Plage. Selon un procès-verbal établi par les services de l'État, ces travaux d'enrochement auraient été menés entre 2019 et 2023 sans aucune autorisation préalable.
Une expertise de la cour administrative d’appel de Marseille, datant de juillet dernier, a documenté cette évolution. Alors qu'aucun aménagement de ce type n'était visible en 2017, quelques rochers sont apparus en 2019. En 2023, l'enrochement s'étendait sur près de 80 mètres de long. Un employé, lors de son audition, a indiqué que ces blocs avaient été « apportés par camion ».
La défense conteste fermement cette version des faits. S'appuyant sur des photographies datant de 2014, l'avocat des prévenus, Maître Jean-Marc Szepetowski, a affirmé que ces rochers étaient présents depuis bien plus longtemps.
« Ils sont là depuis des temps immémoriaux et déplacés par la mer, cette fausse amie, qui lorsqu’elle est en colère, pas grand-chose ne lui résiste », a-t-il déclaré à la barre.
Un incident de pollution reconnu
En plus des travaux non autorisés, les gérants de la plage sont également poursuivis pour un épisode de pollution. En octobre 2023, un agent de la direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) a constaté la présence d'un engin de chantier sur la plage.
Lors de ce contrôle, une fuite de gazole a été découverte. Le carburant avait souillé une surface d'environ 3 mètres carrés de galets sur plusieurs centimètres de profondeur. À l'audience, les prévenus ont reconnu l'incident, tout en cherchant à en minimiser la portée.
L'incident en chiffres
- Surface polluée : environ 3 m²
- Quantité estimée : 2 litres de gazole selon la défense
- Date du constat : Octobre 2023
« Deux litres au maximum, loin de la mer », ont-ils assuré au tribunal. Cet incident a également mis en lumière la circulation d'un véhicule motorisé sur la plage, une autre infraction reprochée aux exploitants.
La défense plaide l'état de nécessité
Pour justifier l'intervention de l'engin de chantier en octobre 2023, le père et la fille ont invoqué une situation d'urgence. Ils ont expliqué qu'une forte tempête survenue le 20 octobre avait déplacé de gros blocs, menaçant directement les structures du restaurant.
Face à l'imminence d'un nouveau coup de mer, ils ont affirmé avoir agi pour protéger leurs biens. « Nous avons sollicité la Métropole, mais leur engin n’était pas disponible. Nous avons dû agir pour protéger nos infrastructures », a expliqué la représentante légale de la société.
Le cadre réglementaire du littoral
Le domaine public maritime est soumis à une réglementation très stricte. Toute modification, même temporaire, nécessite une autorisation préalable des services de l'État (DDTM). L'objectif est de préserver l'équilibre écologique du littoral, de garantir la sécurité publique et d'assurer un accès équitable à la côte.
Leur avocat a dénoncé ce qu'il qualifie de « querelle institutionnelle » entre la Métropole et la DDTM. « La plage était fermée depuis fin septembre. Il ne s’agissait pas d’aménagements mais de protection », a-t-il argumenté, qualifiant les poursuites d'« hérésie logique et économique ». Il a donc demandé la relaxe pour ses clients.
Des réquisitions sévères du parquet
La procureure, Sabine Neal, n'a pas été convaincue par l'argument de l'urgence. Elle a rappelé que même dans une telle situation, les exploitants avaient l'obligation d'informer immédiatement les services de l'État, ce qui n'a pas été fait.
Elle a requis des peines significatives à l'encontre des prévenus. Pour le directeur, elle a demandé une peine de 6 mois de prison avec sursis, la qualifiant de « peine d'avertissement », ainsi qu'une amende personnelle de 1 500 euros.
Pour la société exploitante (SARL), la procureure a requis une amende beaucoup plus lourde, s'élevant à 30 000 euros. Enfin, elle a exigé la remise en état du site dans un délai de six mois, sous peine d'une astreinte de 400 euros par jour de retard.
Le tribunal, présidé par Christian Legay, a mis sa décision en délibéré. Le sort de Castel Plage et de ses dirigeants sera connu le 25 novembre prochain.





