Le parquet de Grasse a officiellement annoncé le classement sans suite de la procédure visant un enseignant d'une école maternelle de Saint-Laurent-du-Var. Des accusations d'abus sexuels avaient été portées par deux familles au début du mois d'octobre, suscitant une vive émotion dans la communauté locale.
Après une enquête approfondie, la justice a conclu à une absence de charges suffisantes pour poursuivre. Cette décision met fin à plusieurs semaines d'incertitude pour l'enseignant, les familles et l'établissement scolaire.
Les points essentiels
- La procédure pour "abus sexuels" contre un enseignant de maternelle a été classée sans suite.
- Le parquet de Grasse a conclu qu'il n'existait "aucune charge" pour étayer les accusations.
- Les auditions des enfants ont révélé des incohérences et des contradictions.
- Une expertise psychologique n'a décelé aucun signe de traumatisme chez les enfants, mais a noté une certaine "suggestibilité".
- L'enseignant, qui a toujours clamé son innocence, bénéficie d'un dossier professionnel jugé "exemplaire".
Une décision fondée sur un manque de preuves
La décision du parquet de Grasse a été communiquée ce mardi 21 octobre, apportant un épilogue judiciaire à une affaire sensible. La procédure avait été initiée le 1er octobre suite aux plaintes de deux familles dont les enfants, âgés de quatre ans, sont scolarisés dans la même classe.
Dans un communiqué, le procureur a expliqué les raisons de ce classement. La conclusion est sans équivoque : l'enquête n'a pas permis de rassembler d'éléments matériels ou de témoignages concordants qui pourraient confirmer les faits dénoncés.
"Il n’existe aucune charge susceptible de laisser soupçonner la réalité des faits qui ont été rapportés à la justice."
Cette déclaration officielle souligne que les investigations menées, incluant les auditions et les expertises, n'ont pas permis de constituer un dossier à charge contre le professeur mis en cause.
Les auditions des enfants au cœur de l'enquête
L'un des aspects les plus délicats de l'enquête concernait l'audition des deux jeunes enfants. En raison de leur âge, ces entretiens ont été menés avec une extrême précaution par des spécialistes.
Le parquet a indiqué que "plusieurs éléments ont interrogé" les enquêteurs lors de ces auditions. Le premier enfant se serait montré "agité", livrant un récit jugé "mal assuré" et changeant à plusieurs reprises. Certains détails de son témoignage se sont même révélés être erronés après vérification.
Le second enfant, quant à lui, a été beaucoup plus direct dans ses déclarations. Interrogé sur les faits présumés, il a simplement affirmé que rien ne s’était passé. Ces divergences majeures entre les deux seuls témoignages directs ont considérablement affaibli la thèse de l'accusation.
Le lieu des faits impossible à déterminer
Les parents avaient indiqué que les abus présumés auraient eu lieu dans les toilettes de l'école. Cependant, les enquêteurs n'ont jamais pu confirmer cette information. Le témoignage du premier enfant n'a pas permis de "contextualiser" le lieu, rendant impossible la reconstitution d'un scénario précis.
L'expertise psychologique ne révèle aucun traumatisme
Pour compléter les auditions, une expertise psychologique a été ordonnée pour les deux enfants. Elle a été réalisée par un expert assermenté près la cour d’appel d’Aix-en-Provence, un professionnel habitué à ce type de situation délicate.
Les conclusions de ce rapport ont été déterminantes dans la décision du parquet. L'expert n'a relevé "aucune souffrance post-traumatique" chez les enfants, un indicateur souvent présent dans les cas d'abus avérés.
Signes de suggestibilité
Le rapport d'expertise a toutefois mis en lumière des "signes de suggestibilité" chez les enfants. Ce terme psychologique indique une tendance à être influencé par les questions ou les suggestions de l'entourage. L'expert a également noté que l'intégration dans une nouvelle classe avec un nouvel enseignant ne s'était "pas faite sans difficultés" pour les élèves concernés, un contexte qui a pu jouer un rôle dans la situation.
Le procureur a précisé que ces conclusions professionnelles "obligent à accueillir avec encore plus de prudence les accusations formulées", renforçant ainsi les doutes déjà soulevés par les auditions.
Un enseignant au parcours irréprochable
Pour l'enseignant visé par les plaintes, cette période a été une véritable épreuve. Selon le parquet, il a accueilli les accusations avec "la plus totale incompréhension". Cet homme, dont l'identité n'a pas été révélée pour préserver sa vie privée, a été profondément affecté par la situation.
Sa hiérarchie, consultée dans le cadre de l'enquête, a fourni des informations très positives à son sujet. Ses supérieurs ont rapporté des états de service exemplaires, décrivant un professionnel apprécié et sans histoire tout au long de sa carrière.
- Soutien psychologique : L'enseignant a été "particulièrement marqué par les accusations".
- Aide professionnelle : L'association d'accompagnement Harpèges a été mandatée pour lui apporter un soutien psychologique et l'aider à surmonter ce traumatisme.
- Réputation intacte : Le classement sans suite permet de laver son nom de tout soupçon sur le plan judiciaire.
Cette affaire rappelle la complexité des accusations portées en milieu scolaire et l'importance d'une enquête judiciaire rigoureuse pour établir la vérité des faits, tout en protégeant l'ensemble des parties impliquées.