Face à une situation critique dans les établissements pénitentiaires français, l'Université Côte d'Azur organise une conférence majeure sur la surpopulation carcérale. L'événement, prévu pour le 22 octobre 2025, accueillera Dominique Simonnot, la Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, pour un débat public sur l'état des prisons en France.
Cette rencontre, ouverte à tous, se tiendra sur le campus Trotabas à Nice et vise à analyser les causes et les conséquences d'une crise qui touche aux droits fondamentaux des personnes détenues.
Points Clés
- Dominique Simonnot, Contrôleure générale des lieux de privation de liberté, tiendra une conférence sur la surpopulation carcérale.
- L'événement aura lieu le 22 octobre 2025 à 10h30 à l'Université Côte d'Azur, campus Trotabas.
- La conférence est organisée pour aborder la crise sans précédent des prisons françaises, marquée par des records de détenus.
- L'entrée est libre et ouverte aux étudiants, enseignants et au grand public.
Un débat public sur une crise silencieuse
La question de la surpopulation dans les prisons françaises n'est pas nouvelle, mais elle atteint des niveaux alarmants depuis plusieurs années. Pour mettre en lumière cette problématique, l'École internationale de droit de l'Université Côte d'Azur, sous l'impulsion de sa directrice, la Professeure Florence Crouzatier-Durand, a décidé d'organiser un événement significatif.
La conférence, intitulée « Surpopulation carcérale : l’état des prisons en France », se veut un espace de dialogue et de réflexion. Elle offre une occasion rare d'entendre une experte de premier plan partager son analyse basée sur des visites de terrain et des rapports officiels.
Le choix de l'intervenante, Dominique Simonnot, est stratégique. En tant que Contrôleure générale des lieux de privation de liberté (CGLPL), elle est l'une des voix les plus écoutées et respectées sur ce sujet. Sa mission est de veiller au respect des droits fondamentaux des personnes enfermées, qu'il s'agisse de prisons, d'hôpitaux psychiatriques ou de centres de rétention administrative.
Informations pratiques sur l'événement
La rencontre est programmée pour le mardi 22 octobre 2025 à 10h30. Elle se déroulera dans l'Amphi 1 du Campus Trotabas, un lieu emblématique de la faculté de droit de Nice. L'accès est entièrement gratuit et ne nécessite pas d'inscription préalable, dans le but de favoriser une participation citoyenne large.
Dominique Simonnot : du journalisme à la défense des droits
Le parcours de Dominique Simonnot est singulier et lui confère une légitimité particulière. Avant sa nomination à la tête du CGLPL en octobre 2020, elle a eu une longue et riche carrière dans le journalisme judiciaire, ce qui lui a permis de développer une connaissance intime du système pénal français.
Elle a débuté sa carrière non pas comme journaliste, mais comme conseillère d'insertion et de probation à Nanterre. Cette première expérience professionnelle l'a plongée directement au cœur des problématiques de la réinsertion et du suivi des personnes condamnées.
Le rôle du CGLPL
Le Contrôleur général des lieux de privation de liberté est une autorité administrative indépendante créée en 2007. Sa mission principale est de contrôler les conditions de prise en charge et de transfèrement des personnes privées de liberté afin de s'assurer du respect de leurs droits fondamentaux. Le CGLPL peut visiter à tout moment n'importe quel lieu d'enfermement sur le territoire français et publie des rapports et recommandations pour alerter les pouvoirs publics.
Par la suite, elle a rejoint la rédaction du quotidien Libération, où elle s'est spécialisée dans les questions de justice. Pendant des années, elle a couvert les grandes affaires, analysé les politiques pénales et enquêté sur les conditions de détention, devenant une référence dans le domaine.
Les chroniques qui ont marqué l'opinion
De 2006 à 2020, Dominique Simonnot a tenu une chronique judiciaire hebdomadaire, « Coup de barre », dans l'hebdomadaire satirique Le Canard enchaîné. Ces textes courts et incisifs décrivaient avec un réalisme cru le quotidien des tribunaux et la réalité des comparutions immédiates.
« Ses chroniques ont permis de faire connaître au grand public la réalité souvent méconnue d'une justice expéditive et les difficultés rencontrées par les justiciables et les magistrats. »
Le succès de ses écrits a été tel que certains ont été adaptés pour le théâtre. La pièce « Comparution immédiate, une justice sociale ? », jouée notamment au Théâtre du Rond-Point à Paris, a permis de sensibiliser un public encore plus large aux dysfonctionnements du système judiciaire.
La surpopulation carcérale en France : des chiffres inquiétants
La conférence intervient dans un contexte de tension extrême pour le système pénitentiaire. La France bat régulièrement ses propres records en matière de nombre de détenus, entraînant une dégradation continue des conditions de vie en prison.
Quelques chiffres clés
- En 2024, la France a franchi le cap des 77 000 détenus pour environ 61 000 places opérationnelles.
- La densité carcérale moyenne dépasse les 125 % au niveau national.
- Dans certaines maisons d'arrêt, ce taux peut atteindre, voire dépasser, les 200 %, obligeant des détenus à dormir sur des matelas posés au sol.
Cette situation a des conséquences dramatiques sur plusieurs plans :
- La dignité humaine : La promiscuité, le manque d'hygiène et l'absence d'intimité portent atteinte à la dignité des personnes détenues.
- La sécurité : La surpopulation augmente les tensions et les violences entre détenus, mais aussi envers le personnel pénitentiaire.
- La réinsertion : Les services pénitentiaires d'insertion et de probation (SPIP) sont débordés et ne peuvent plus assurer un suivi correct des détenus, compromettant leur préparation à la sortie.
- La santé : L'accès aux soins est complexifié, et la santé mentale des détenus se dégrade, avec un taux de suicide bien plus élevé qu'à l'extérieur.
La France a été condamnée à plusieurs reprises par la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH) pour ses conditions de détention jugées « inhumaines et dégradantes ».
Quelles solutions face à l'enfermement de masse ?
La conférence de Dominique Simonnot ne se limitera pas à un simple constat. L'objectif est également d'ouvrir des pistes de réflexion sur les alternatives possibles à l'incarcération. Son expérience de terrain lui permet d'apporter un regard lucide sur les défis à relever.
Parmi les sujets qui seront probablement abordés, on peut citer :
- Le développement des peines alternatives à la prison (bracelet électronique, travail d'intérêt général, sursis probatoire).
- La nécessité de repenser la politique pénale pour limiter le recours à la détention provisoire.
- L'importance d'investir dans la prévention de la récidive plutôt que dans la seule construction de nouvelles places de prison.
- La question du sens de la peine et du rôle de la prison dans la société du XXIe siècle.
Cette rencontre à l'Université Côte d'Azur est donc un événement citoyen majeur. Elle s'adresse non seulement aux futurs juristes et avocats, mais aussi à toute personne désireuse de mieux comprendre les enjeux d'un système qui se trouve à un point de rupture. C'est une invitation à un débat essentiel sur la justice, la dignité et les libertés fondamentales.