Face à une concurrence croissante sur le marché ferroviaire français, la SNCF a dévoilé un plan de réorganisation majeur pour sa division Voyageurs. Cette décision stratégique, annoncée le 17 octobre 2025, fait suite à la perte du contrat d'exploitation de la ligne TER Marseille-Nice, attribué à son concurrent Transdev.
La nouvelle structure, qui sera mise en place d'ici la fin du premier trimestre 2026, vise à rendre l'opérateur historique plus agile et compétitif pour les futurs appels d'offres, tant au niveau régional qu'européen.
Points Clés de l'Article
- Annonce d'une réorganisation de SNCF Voyageurs pour début 2026.
- Création de deux unités distinctes : une pour le TGV et l'Europe, l'autre pour les services publics (TER, Transilien).
- Cette mesure répond à la perte du contrat de la ligne TER Marseille-Nice, qui représente 35 % des voyageurs en région PACA.
- L'objectif est de mutualiser les ressources pour mieux affronter la concurrence et remporter de futurs contrats.
Une Réponse à l'Ouverture du Marché Ferroviaire
L'opérateur ferroviaire national, la SNCF, amorce une transformation profonde pour s'adapter à une nouvelle ère de compétition. Christophe Fanichet, PDG de SNCF Voyageurs, a présenté le 17 octobre 2025 les contours d'une restructuration d'envergure, conçue pour affronter la fin de son monopole historique sur le transport de passagers.
Cette initiative intervient dans un contexte de plus en plus concurrentiel, particulièrement visible en région Provence-Alpes-Côte d'Azur. La région est devenue, selon les mots de M. Fanichet, un véritable "laboratoire national de l'ouverture à la concurrence".
La perte récente de la ligne emblématique reliant Marseille à Nice a agi comme un électrochoc, poussant l'entreprise publique à revoir son organisation pour mieux défendre ses positions et en conquérir de nouvelles.
Deux Pôles pour Clarifier les Missions
La réorganisation, prévue pour le début de l'année 2026, s'articule autour de la création de deux grandes entités commerciales aux périmètres bien définis. L'objectif est de permettre à chaque branche de se concentrer pleinement sur ses propres défis et clients.
Le TGV Tourné vers l'Europe
La première unité sera entièrement dédiée au TGV et à son expansion internationale. La SNCF entend renforcer sa position de leader sur le marché de la grande vitesse en Europe, où elle détient déjà 43 % des parts de marché.
Après avoir consolidé sa présence en Espagne, la SNCF ambitionne désormais de se développer davantage en Italie, un marché à fort potentiel pour la grande vitesse ferroviaire.
Ce pôle aura pour mission de piloter l'innovation, d'optimiser l'offre TGV en France et d'accélérer son "européanisation" pour capter de nouveaux voyageurs au-delà des frontières nationales.
Un Pôle Dédié aux Services Publics
La seconde entité, nommée "délégation de service public", regroupera toutes les activités opérées sous contrat avec les autorités publiques. Cela inclut les réseaux TER dans les différentes régions, ainsi que le réseau Transilien en Île-de-France.
Cette branche représentera un effectif considérable, avec environ 40 000 collaborateurs. Sa mission principale sera de répondre aux appels d'offres lancés par l'État et les régions, en proposant des services fiables et adaptés aux besoins locaux. Elle devra faire preuve d'une grande agilité pour remporter des contrats face à des concurrents de plus en plus nombreux.
Le Contexte de la Concurrence en PACA
La région Provence-Alpes-Côte d'Azur a été l'une des premières en France à ouvrir ses lignes TER à la concurrence. Avant la perte de la ligne Marseille-Nice, la SNCF a tout de même remporté deux des trois lots mis en jeu, conservant ainsi l'exploitation de cinq lignes au départ de Marseille, une décision confirmée par le président de région, Renaud Muselier.
Le Revers Stratégique de la Ligne Marseille-Nice
La perte du lot numéro 3, correspondant à la liaison TER entre Marseille et Nice, a été un coup dur pour la SNCF. Cette ligne n'est pas anodine : elle est l'une des plus fréquentées de la région et représente à elle seule 35 % du trafic voyageurs régional. C'est le groupe franco-allemand Transdev qui assurera désormais son exploitation.
Ce revers est hautement symbolique et illustre les défis concrets que pose l'ouverture à la concurrence pour l'opérateur historique. Il a mis en lumière la nécessité d'une approche plus ciblée et compétitive pour chaque appel d'offres.
"On fait tout pour gagner bien évidemment. Mais on ne gagne pas à chaque fois", a reconnu Christophe Fanichet lors de sa conférence, soulignant la réalité du nouveau paysage concurrentiel.
Malgré cette défaite, la SNCF a su conserver d'autres lignes importantes dans la région, démontrant sa capacité à rester un acteur majeur. La réorganisation annoncée est une manière de tirer les leçons de cet échec pour mieux préparer les batailles futures.
Mutualisation des Forces pour l'Avenir
Un des piliers de cette nouvelle stratégie est la mutualisation des fonctions support. Les ressources humaines, les services financiers et juridiques seront centralisés pour servir les deux nouvelles entités commerciales. Cette approche doit permettre de réaliser des économies d'échelle et de libérer les équipes opérationnelles des tâches administratives.
En concentrant les efforts et en clarifiant les objectifs, la SNCF espère gagner en efficacité. L'enjeu est de taille : il s'agit non seulement de remporter les prochains appels d'offres pour les lignes régionales, mais aussi de préparer l'entreprise à reconquérir, à terme, des marchés perdus comme celui de la ligne azuréenne.
Cette transformation interne marque un tournant pour la SNCF, qui doit désormais prouver qu'elle peut évoluer d'un monopole d'État à un compétiteur agile sur un marché ouvert et exigeant.





