À l'approche des élections municipales de 2026 à Nice, l'avenir de Rauba Capeu et du quai des États-Unis est devenu un enjeu majeur. L'aménagement actuel, qui privilégie une voie unique pour les voitures au profit d'une piste cyclable, fait l'objet d'une bataille juridique et divise profondément les candidats, chacun proposant une vision distincte pour ce lieu emblématique de la ville.
Ce débat cristallise les tensions autour de la mobilité urbaine, opposant la fluidité du trafic automobile à la promotion des modes de transport doux. La décision des électeurs en 2026 pourrait redéfinir durablement le visage de ce littoral célèbre dans le monde entier.
Les points clés
- L'aménagement de Rauba Capeu en sens unique avec une piste cyclable, mis en place en 2020, est au cœur des débats politiques niçois.
- Une décision du tribunal administratif de Nice en février 2024 a jugé cette modification non conforme au statut de route à grande circulation, mais la mairie a fait appel.
- Les candidats aux municipales de 2026 sont partagés entre le maintien du statu quo, le retour au double sens, et des solutions alternatives comme la piétonnisation ponctuelle.
- Cette question illustre le conflit plus large entre la place de la voiture en ville et le développement des mobilités douces.
Un aménagement contesté devant la justice
En 2020, la municipalité dirigée par Christian Estrosi a pris la décision de réaménager le quai des États-Unis et la pointe de Rauba Capeu. Le passage à un sens unique pour les automobiles a permis la création d'une piste cyclable bidirectionnelle sur ce tronçon d'environ 1,5 kilomètre, reliant le port à la promenade des Anglais.
Cette initiative, saluée par les défenseurs du vélo, a rapidement suscité l'opposition de certains riverains et automobilistes. Le Comité de défense des quartiers du port et de l’environnement a porté l'affaire en justice, arguant que cette modification entravait la circulation sur un axe stratégique.
Décision de justice en suspens
En février 2024, le tribunal administratif de Nice a donné raison aux opposants. Les juges ont estimé que « la mise à sens unique de cet axe de circulation rendait cet axe impropre aux fonctions assignées aux routes à grande circulation ». La mairie de Nice a immédiatement fait appel de ce jugement. La décision finale est désormais entre les mains du tribunal de Marseille.
La mairie veut conserver sa piste cyclable
Malgré la décision de première instance, l'équipe municipale actuelle ne compte pas faire marche arrière. En faisant appel, elle confirme sa volonté de maintenir l'aménagement actuel. Pour l'administration Estrosi, l'objectif est clair : préserver l'espace dédié aux cyclistes, considéré comme une avancée en matière de mobilité douce.
Contactés, les services de la mairie ont indiqué qu'ils attendaient l'issue de la procédure en appel avant de commenter davantage, mais ont réaffirmé leur attachement à la piste cyclable existante.
Le retour au double sens, une priorité pour l'opposition
La proposition d'Éric Ciotti
Principal opposant déclaré, Éric Ciotti a fait de la circulation à Rauba Capeu un de ses chevaux de bataille. Il promet, s'il est élu maire, de rétablir le double sens de circulation pour les voitures. Il qualifie l'organisation actuelle d'« aberration qui complique inutilement la vie des Niçoises et des Niçois ».
« Ma priorité sera de désengorger la circulation qui est aujourd’hui passablement compromise. »
Pour maintenir une voie pour les vélos, il propose de déplacer la piste cyclable sur le trottoir et les quais. Selon lui, des aménagements financés par le Conseil départemental en 2012 rendraient cette solution techniquement possible sans difficulté majeure.
Des visions alternatives émergent
Au-delà de la simple opposition entre sens unique et double sens, d'autres candidats proposent des approches différentes, cherchant à repenser la mobilité dans son ensemble.
Le véritable problème : le nombre de voitures
Plusieurs candidats s'accordent sur un point : le débat sur le sens de circulation à Rauba Capeu n'est que le symptôme d'un problème plus profond, celui du nombre élevé de voitures dans le centre-ville de Nice. La solution, pour eux, ne réside pas seulement dans l'aménagement de cet axe, mais dans une politique globale de réduction du trafic automobile.
Piétonnisation et politique globale pour les écologistes
Hélène Granouillac, candidate écologiste, estime que le choix binaire entre sens unique et double sens ne résout rien et ne fait que « déplacer les problèmes de circulation ». Elle plaide pour une « politique de la mobilité plus ambitieuse » avec davantage de pistes cyclables sécurisées.
Concrètement, elle propose une mesure forte : la fermeture de l'axe à la circulation au moins une fois par mois, pour permettre aux piétons et cyclistes de se réapproprier totalement l'espace.
Juliette Chesnel-Le Roux, qui mène une liste d'union de la gauche et des écologistes, abonde dans ce sens. Elle rappelle que la piétonnisation de Rauba Capeu était une proposition des écologistes dès 2020 et se réjouit de voir le quartier devenu « apaisé » et « agréable pour se promener ».
Réduire le trafic pour tout concilier
Jean-Marc Governatori, candidat de la liste « L’écologie au centre », adopte une position médiane. Il souhaite conserver l'aménagement actuel, tout en reconnaissant que la situation n'est « pas optimale ».
Pour lui, le fond du problème est le volume de voitures. Sa stratégie consisterait à diminuer leur nombre en centre-ville, ce qui, selon lui, permettrait à terme de rétablir le double sens à Rauba Capeu sans créer d'embouteillages. Une vision qui cherche à concilier les usages plutôt qu'à les opposer.
Alors que la décision de la cour d'appel de Marseille est attendue, le sort de Rauba Capeu reste en suspens. Une chose est sûre : cet axe emblématique sera au cœur des débats qui animeront la campagne municipale de 2026 à Nice.





