Trois élus d'opposition du conseil départemental des Alpes-Maritimes ont tiré la sonnette d'alarme concernant l'état des collèges publics de Nice. Lors d'une conférence de presse, ils ont dénoncé un « retard d'investissement majeur » dans la maintenance et la sécurité de ces établissements, pointant la responsabilité du Département.
Martine Ouaknine, David Clares et Franck Martin, membres du groupe Rassemblement républicain, accusent Éric Ciotti, président de la commission des finances du Département, de négliger ses responsabilités locales tout en affichant un discours sécuritaire au niveau national.
Les points clés
- Des élus d'opposition accusent le Département d'un manque d'investissement dans les 19 collèges publics de Nice.
- Des problèmes de sécurité, tels que des systèmes incendie défaillants et des clôtures vieillissantes, sont signalés.
- Moins de 25 % du « Plan collèges horizon 2028 » de 300 millions d'euros aurait été exécuté à mi-parcours.
- Les élus réclament un audit de sécurité complet et une transparence totale sur les travaux engagés.
Un plan d'investissement jugé au ralenti
Au cœur des critiques se trouve le « Plan collèges horizon 2028 », un programme d'investissement ambitieux de 300 millions d'euros sur sept ans. Voté en 2021, il concerne les 73 collèges publics du département, dont 19 se trouvent à Nice. Selon les élus d'opposition, les résultats se font attendre.
« Nous sommes en 2025, donc à mi-parcours, et aucun bilan n’a été publié », a déclaré Martine Ouaknine. Elle affirme que, d'après les données disponibles, « moins d’un quart du plan a été mis en œuvre, ce qui est vraiment très peu ».
Ce manque de progression soulève des questions sur la gestion des fonds et la priorisation des travaux. Les conseillers départementaux déplorent une absence de transparence, demandant des comptes sur les montants engagés et les chantiers réalisés dans chaque établissement.
La sécurité des élèves et du personnel en question
La sécurité est l'un des principaux motifs d'inquiétude. David Clares, ancien commandant des sapeurs-pompiers, a dressé un tableau préoccupant de la situation sur le terrain. Il a évoqué des infrastructures critiques qui ne seraient plus aux normes.
« Les systèmes de sécurité incendie sont défaillants, obsolètes, tout comme les réseaux électriques. Les plans particuliers de mise en sûreté, qui déterminent les conduites à tenir face à tous les risques, dont le risque attentat, ne sont pas mis à jour depuis des années », a-t-il affirmé.
Selon lui, seuls 20 % des collèges du département seraient équipés de portiques de sécurité. Il a également mentionné des clôtures vieillissantes et une couverture de vidéoprotection incomplète, des failles qui pourraient compromettre la sécurité des élèves et du personnel.
Le rôle du Département
En France, les conseils départementaux ont la charge de la construction, de l'entretien et du fonctionnement des collèges publics. Cette compétence inclut la maintenance des bâtiments, la restauration scolaire, ainsi que le recrutement et la gestion des agents techniques territoriaux (ATTEE) qui y travaillent.
La situation du collège Jean-Henri-Fabre, dans le canton de Nice-Nord, a été citée en exemple. Le personnel de cet établissement avait organisé un débrayage en octobre pour réclamer davantage de moyens après un incident, illustrant les tensions existantes.
Des conditions d'apprentissage dégradées
Au-delà des questions de sécurité, les élus ont également mis en lumière la dégradation des conditions d'accueil des élèves. Martine Ouaknine a décrit des problèmes concrets qui affectent le quotidien des collégiens.
- Salles de classe surchauffant en été
- Réseaux électriques obsolètes
- Plafonds qui se fissurent
- Maintenance générale sans suivi rigoureux
Ces éléments contribuent à un environnement d'apprentissage qui n'est pas jugé optimal. L'élue a critiqué ce qu'elle perçoit comme un « double discours » d'Éric Ciotti.
« Il dépose une proposition de loi pour imposer la climatisation dans toutes les écoles de France, mais il n’a même pas doté les collèges dont il a la charge de la même solution concrète », a-t-elle lancé.
Des demandes précises
Face à ce constat, les trois élus ont formulé plusieurs exigences claires : un audit de sécurité pour chaque collège, la publication annuelle de l'état de conformité des établissements, un plan de remise à niveau des installations électriques et incendie, et une transparence totale sur les diagnostics.
Une controverse sur fond de politique locale
Cette conférence de presse intervient dans un contexte politique local tendu. Les critiques formulées par Martine Ouaknine, proche du maire de Nice Christian Estrosi, sont perçues par l'entourage d'Éric Ciotti comme une manœuvre politique.
L'entourage du député, qui n'a pas souhaité commenter directement, dénonce une attaque orchestrée dans le cadre de la préparation des prochaines élections municipales à Nice. Les tensions entre les deux figures politiques de la droite locale sont bien connues et se manifestent régulièrement sur différents dossiers.
Les trois élus se défendent de toute « politique politicienne », assurant que leur seule préoccupation est le bien-être et la sécurité des milliers de collégiens niçois. Ils affirment que leurs multiples courriers adressés au président du conseil départemental sont restés sans réponse, les poussant à rendre leurs inquiétudes publiques.





