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Municipales 2026 : Tensions politiques à Nice, Menton et Cagnes

À six mois des municipales 2026, l'échiquier politique des Alpes-Maritimes est bouleversé. Analyse des forces en présence à Nice, Menton et Cagnes-sur-Mer.

Léa Dubois
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Léa Dubois

Journaliste spécialisée dans la politique locale et les affaires publiques de la Côte d'Azur. Léa Dubois analyse les stratégies des acteurs politiques, les enjeux électoraux et les politiques menées par les collectivités territoriales.

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Municipales 2026 : Tensions politiques à Nice, Menton et Cagnes

À six mois des élections municipales de 2026, le paysage politique des Alpes-Maritimes est en pleine ébullition. L'alliance entre Éric Ciotti et le Rassemblement National rebat les cartes dans un département traditionnellement ancré à droite, créant des tensions inédites à Nice, Menton et Cagnes-sur-Mer.

Ces trois villes clés se préparent à des scrutins marqués par des rivalités personnelles, des ruptures idéologiques et l'émergence de nouvelles figures politiques, promettant des campagnes particulièrement disputées.

Points Clés

  • Nice : Un duel fratricide s'annonce entre le maire sortant Christian Estrosi et son ancien allié Éric Ciotti, désormais soutenu par le RN.
  • Menton : La succession du maire Yves Juhel est ouverte, avec une course incertaine entre des candidats locaux, Louis Sarkozy et la favorite du RN, Alexandra Masson.
  • Cagnes-sur-Mer : Le maire historique Louis Nègre fait face à un jeune challenger du RN, Bryan Masson, dans un contexte de choc des générations.

Nice : La rupture de deux anciens alliés

La capitale azuréenne est le théâtre d'un affrontement politique majeur. Christian Estrosi, maire depuis 2008, briguera un nouveau mandat face à son ancien protégé, Éric Ciotti. Cette élection marque la première confrontation directe entre les deux hommes qui ont longtemps dominé la droite locale.

Leur collaboration a débuté avec la victoire de Christian Estrosi en 2008, où Éric Ciotti avait été nommé premier adjoint. Ils ont ensuite partagé le pouvoir pendant des années, l'un à la mairie, l'autre à la tête du Conseil général (devenu départemental). Mais leur relation s'est progressivement dégradée au cours de la dernière décennie.

Une fracture idéologique profonde

La rivalité, initialement personnelle, s'est transformée en une véritable rupture idéologique. Christian Estrosi a opéré un rapprochement avec la majorité présidentielle, d'abord sous Emmanuel Macron puis via le parti Horizons d'Edouard Philippe. De son côté, Éric Ciotti, après avoir présidé Les Républicains, a scellé une alliance controversée avec le Rassemblement National en juin 2024, créant son propre mouvement, l'Union des droites pour la République (UDR).

Cette divergence stratégique place les électeurs de droite niçois devant un choix crucial. La campagne, qui s'annonce déjà tendue, ne sera pas seulement une élection, mais un véritable règlement de comptes politique entre deux figures qui ont façonné le département pendant plus de vingt ans.

La gauche en quête d'unité

La gauche niçoise espère profiter de cette division à droite, mais elle est elle-même confrontée à ses propres fractures. Deux blocs principaux se dessinent :

  • Une union regroupant le Parti Communiste, le Parti Socialiste et Les Écologistes, qui a désigné l'élue municipale Juliette Chesnel-Le Roux comme tête de liste.
  • Un autre pôle mené par La France Insoumise, avec Anne-Laure Chaintron et Olivier Salerno, alliés aux restes du collectif citoyen Viva!, qui avait obtenu 8,90 % des voix en 2020.

Malgré des tentatives de rapprochement depuis fin 2024, les discussions n'ont pas encore abouti à une liste commune. L'incapacité à s'unir pourrait limiter leur capacité à jouer un rôle d'arbitre dans le duel Estrosi-Ciotti.

Menton : Une succession très convoitée

À Menton, le départ du maire Yves Juhel ouvre une nouvelle ère politique. La course à sa succession est déjà lancée avec plusieurs candidats déclarés et d'autres en embuscade, transformant la ville frontalière en un point chaud du département.

Le RN en position de force

Alexandra Masson, députée du Rassemblement National de la 4e circonscription, est considérée comme la grande favorite. Bien qu'elle n'ait pas encore officialisé sa candidature, son entrée en campagne est imminente. Lors des dernières élections législatives, elle a obtenu 56,55 % des voix dans la ville de Menton, un score qui témoigne de son fort ancrage local.

Face à elle, plusieurs prétendants se positionnent. Florent Champion, ancien adjoint, s'est allié à l'ex-premier adjoint Patrice Novelli pour former un tandem local. Sandra Paire, conseillère régionale LR et finaliste malheureuse en 2020, tente de relancer sa candidature avec son mouvement "Nouvel Élan pour Menton".

L'arrivée de Louis Sarkozy

La campagne a pris une nouvelle tournure avec la candidature de Louis Sarkozy. Âgé de 28 ans, le fils de l'ancien Président de la République s'est installé à Menton avec des ambitions claires. Il devra toutefois surmonter l'étiquette de "parachuté".

Récemment adoubé par la fédération des Républicains des Alpes-Maritimes, Louis Sarkozy semble bien parti pour obtenir l'investiture officielle du parti, ce qui pourrait marginaliser la candidature de Sandra Paire.

Un duel entre Alexandra Masson et Louis Sarkozy est de plus en plus probable, mais les candidats locaux comme Florent Champion comptent sur leur connaissance du terrain pour créer la surprise. D'autres forces politiques, comme le PCF et Reconquête, ont également manifesté leur intérêt, ce qui pourrait fragmenter davantage l'électorat.

Cagnes-sur-Mer : Le choc des générations

La deuxième ville de la métropole Nice Côte d'Azur se prépare à un affrontement symbolique entre l'expérience et la jeunesse. Louis Nègre, maire emblématique depuis 1995, a confirmé sa volonté de briguer un sixième mandat. Il sera confronté à un jeune challenger déterminé.

Bryan Masson, député RN de la 6e circonscription et âgé de 30 ans, a officialisé sa candidature. Installé sur le terrain depuis plusieurs mois, il représente une nouvelle génération politique qui cherche à bousculer l'ordre établi.

Une alliance stratégique pour le RN

Pour déstabiliser le maire sortant, Bryan Masson a formé une alliance de poids avec Josy Piret, l'ancienne première adjointe de Louis Nègre. Lors des élections de 2020, elle avait mené une liste dissidente qui avait recueilli un score significatif de 34,48 % des suffrages. Ce tandem pourrait sérieusement menacer la position de Louis Nègre, réputé pour sa gestion tranquille et sa solide implantation.

La campagne s'articule déjà autour de tensions idéologiques, notamment sur le projet de construction d'une nouvelle salle de prière musulmane, un sujet qui divise localement. De plus, l'ombre de la guerre entre Estrosi et Ciotti plane sur Cagnes-sur-Mer. Plusieurs membres de la majorité de Louis Nègre, dont Carine Papy et les époux Rofidal, ont déjà rejoint le camp d'Éric Ciotti, allié au RN. Cette situation pourrait fragiliser le maire sortant et complexifier encore davantage ce scrutin municipal.