Une centaine de personnes ont manifesté mardi soir dans les rues de Nice pour protester contre le projet de la mairie de nommer un parvis en l'honneur de Nicolas Sarkozy. L'événement, organisé le jour même de l'incarcération de l'ancien président, a mis en lumière une controverse plus large sur l'hommage rendu à des personnalités politiques condamnées par la justice.
Points Clés
- Une centaine de militants ont défilé à Nice pour s'opposer au projet de nommer un parvis "Nicolas-Sarkozy".
- La manifestation a eu lieu le jour de l'incarcération de l'ancien chef de l'État.
- Les organisateurs dénoncent l'hommage rendu à des personnalités politiques ayant eu des démêlés avec la justice.
- Le parcours a inclus d'autres lieux niçois portant les noms de Jacques Médecin, Charles Pasqua et Jacques Chirac.
Une mobilisation symbolique
C'est une déambulation au timing soigneusement choisi qui a parcouru le centre de Nice ce mardi 21 octobre. Alors que l'actualité était marquée par l'incarcération de Nicolas Sarkozy, une centaine de militants associatifs et de représentants de la gauche se sont rassemblés pour exprimer leur désaccord face à une décision municipale.
Au cœur de la contestation : la volonté du maire, Christian Estrosi, de baptiser du nom de l'ancien président le parvis du futur hôtel des polices. Pour les manifestants, cette proposition est inacceptable au vu des condamnations judiciaires de l'homme politique.
Le contexte du projet
Le projet de nommer le parvis du futur hôtel des polices de Nice "Nicolas-Sarkozy" a été formulé par le maire Christian Estrosi. Cette proposition s'inscrit dans une démarche visant à rendre hommage à l'ancien président, une figure politique dont il est proche. La concomitance de la manifestation avec l'incarcération de M. Sarkozy a donné un écho particulier à cette opposition locale.
"Intolérable et même inadmissible"
Les mots sont forts pour qualifier ce projet. David Nakache, président de l'association Tous Citoyens et membre du mouvement Viva !, qualifie l'initiative d'« intolérable et même inadmissible ». Ce sentiment est largement partagé parmi les participants, qui voient dans ce choix un mauvais signal envoyé aux citoyens.
Jonathan Gensburger, comédien et membre de la CGT spectacle, est à l'origine de cette visite guidée contestataire. Il explique sa démarche par un principe simple : le respect de la fonction publique et l'exemplarité.
« Ça me dérange tout simplement parce qu’il a été condamné et même très lourdement, à 5 ans de prison. Ça serait un homme politique de gauche ça serait pareil », assure-t-il. Il distingue le soutien personnel que le maire peut apporter à son ami de l'utilisation de l'espace public pour un hommage officiel.
Un parcours des lieux controversés
La manifestation ne s'est pas limitée à dénoncer le cas de Nicolas Sarkozy. Le cortège a suivi un itinéraire précis, s'arrêtant devant d'autres rues et places de Nice dont les noms font débat. Ce parcours a servi à illustrer une pratique jugée problématique par les organisateurs.
Plusieurs étapes ont marqué cette déambulation :
- La rue Jacques-Médecin : ancien maire de Nice condamné pour des affaires de corruption.
- L'allée Charles-Pasqua : ancien ministre de l'Intérieur, également condamné par la justice.
- Le cours Jacques-Chirac : ancien président de la République condamné dans l'affaire des emplois fictifs de la mairie de Paris.
Pour les manifestants, le projet de parvis Nicolas-Sarkozy est donc la polémique de trop, s'inscrivant dans une série de choix toponymiques qui, selon eux, banalisent les condamnations d'élus.
Une question de principe
La critique des manifestants ne se fonde pas sur l'appartenance politique des personnalités honorées, mais sur leur casier judiciaire. Ils estiment que nommer un lieu public est un acte fort qui doit célébrer des figures exemplaires, ce qui exclurait toute personne condamnée pour des manquements à la probité.
Quelles alternatives pour les rues de Nice ?
Au-delà de la critique, les participants à la manifestation ont souhaité ouvrir le débat sur les personnalités qui mériteraient d'être honorées dans l'espace public niçois. Ils appellent à des choix plus consensuels et porteurs de valeurs universelles.
Jonathan Gensburger s'interroge publiquement : « N’y avait-il pas des noms de résistants, de femmes, de Badinter à donner aux rues de Nice ? ». Cette question, laissée en suspens, résume l'aspiration des manifestants à voir la ville célébrer des parcours de vie jugés plus inspirants.
Cette mobilisation, bien que modeste par sa taille, soulève une question de fond sur la mémoire collective et les symboles que choisit une municipalité pour marquer son territoire. Le débat sur le futur nom du parvis de l'hôtel des polices est désormais ouvert.