Depuis la réduction de la vitesse de 70 à 50 km/h sur la route du bord de mer (RM6098) à Saint-Laurent-du-Var, de nombreux conducteurs ont eu la mauvaise surprise de recevoir une accumulation d'amendes. Sans flash visible, le radar a piégé des usagers habitués à l'ancienne limitation, soulevant des questions sur la signalisation et les recours possibles.
Face à cette situation, une avocate spécialisée propose des conseils pour contester les contraventions sans reconnaître l'infraction, alors que les autorités locales justifient la mesure par des impératifs de sécurité.
Points Clés
- La vitesse sur la RM6098 à Saint-Laurent-du-Var a été abaissée de 70 à 50 km/h fin juin 2025.
- Deux radars sans flash visible ont généré un grand nombre de contraventions, souvent reçues avec retard.
- Des automobilistes ont accumulé jusqu'à dix amendes de 135 euros chacune avant de réaliser le changement.
- Une avocate conseille de verser une consignation pour contester les amendes sans perdre de points ni subir de majoration.
- Les autorités défendent la mesure pour des raisons de sécurité et rappellent que les panneaux avertissant des radars ne sont pas obligatoires.
Une pluie d'amendes inattendue
Le changement de réglementation sur la route du bord de mer, un axe très fréquenté reliant Cagnes-sur-Mer à Nice, a pris de nombreux usagers au dépourvu. Depuis la fin du mois de juin 2025, la vitesse maximale autorisée est passée de 70 à 50 km/h. Cependant, cette modification n'a pas été immédiatement assimilée par tous.
Le principal problème provient du fonctionnement des deux radars installés sur ce tronçon. Contrairement aux anciens modèles, ils ne produisent pas de flash lumineux visible lorsqu'un véhicule est en excès de vitesse. Par conséquent, des conducteurs, pour la plupart des habitués de cette route, ont continué à rouler à leur vitesse habituelle pendant plusieurs jours, voire plusieurs semaines.
La conséquence est une accumulation de procès-verbaux. Les témoignages se multiplient, faisant état de trois, cinq, et même dix amendes reçues en l'espace de quelques semaines. Chaque infraction est sanctionnée par une amende de 135 euros, créant des situations financières très difficiles pour certains.
Des situations personnelles critiques
Les amendes en série touchent des profils variés, mais avec un impact souvent lourd. Alexandre, un retraité de 78 ans, explique sa situation : « Je suis passé 7 fois avant de recevoir le premier PV, qui est arrivé 27 jours après l'infraction. Avec une petite retraite de 800 euros, comment faire ? »
Jocelyn Silvetti, infirmier de 38 ans, a été verbalisé à plusieurs reprises à 6h20 du matin en se rendant à son travail à l'hôpital. « Si j'avais été flashé une fois, j'aurais compris et ralenti, mais là, sans flash, il n'y a rien de pédagogique », déplore-t-il. Il a payé les deux premières amendes mais craint d'en recevoir d'autres.
Pour certains, comme Cédric, un commerçant d'une quarantaine d'années, les conséquences vont au-delà de l'aspect financier. Avec une dizaine d'amendes, la perte de points associée menacerait directement son permis de conduire, indispensable à son activité professionnelle. Il a donc décidé de contester.
Chiffres Clés
- -20 km/h : La réduction de la vitesse maximale autorisée sur la RM6098.
- 135 € : Le montant de l'amende forfaitaire pour un excès de vitesse inférieur à 20 km/h en agglomération.
- 27 jours : Le délai de réception du premier PV rapporté par un automobiliste, expliquant l'accumulation des infractions.
La question de la signalisation et la réponse des autorités
Plusieurs conducteurs ont mis en cause la signalisation au moment du changement. Certains évoquent un panneau temporaire où le chiffre « 70 » aurait été masqué par un « 50 » en papier. Cet argument a été rapidement écarté par les autorités.
La préfecture a précisé qu'un nouveau panneau avait bien été commandé. Elle a surtout rappelé qu'il n'existe « pas d'obligation légale d'implanter ce type de panneau [d'avertissement de radar], le panneau indiquant la présence du radar suffit ».
De son côté, la mairie de Saint-Laurent-du-Var a défendu cette décision. Elle assure que « cette mesure n’est ni brutale, ni punitive, mais au contraire guidée par des enjeux de sécurité, de cadre de vie et de continuité territoriale ». La municipalité a également invité les conducteurs qui s'estiment lésés à « exercer les voies de recours prévues par la loi ».
Contexte réglementaire
La signalisation annonçant la présence de radars fixes a été réintroduite en France en 2011 dans un but « pédagogique ». Cependant, la loi n'impose pas leur présence. L'absence d'un panneau avertisseur de radar ne constitue donc pas un motif valable pour annuler une contravention. La seule signalisation obligatoire est celle qui indique la limitation de vitesse en vigueur.
Quels recours pour les automobilistes ?
Face à cette situation, de nombreux conducteurs se demandent comment réagir. Payer l'amende revient à reconnaître l'infraction, entraînant la perte de points. Contester semble complexe. Maître Aziza Abou El Haja, avocate au barreau de Nice, propose une stratégie claire.
La consignation : une étape cruciale
L'avocate insiste sur un point fondamental : il ne faut surtout pas payer l'amende directement. Elle recommande de verser une consignation.
« L’union fait la force, donc il ne faut surtout pas payer, mais que tout le monde verse une consignation sur le site antai.gouv.fr, en expliquant bien quel radar est concerné et pourquoi. »
La consignation est une somme, généralement égale au montant de l'amende forfaitaire, déposée auprès du Trésor public. Cette démarche permet de rendre la contestation recevable. Ses avantages sont multiples :
- Elle ne constitue pas une reconnaissance de l'infraction.
- Elle suspend le retrait de points sur le permis de conduire le temps que la contestation soit examinée.
- Elle évite la majoration de l'amende pour non-paiement dans les délais.
L'inconvénient est la perte du bénéfice de l'amende minorée, applicable en cas de paiement rapide. Maître Abou El Haja estime cependant que si un grand nombre de contestations similaires sont déposées, « peut-être que l’État fera un geste ».
Un enjeu de sécurité plus large sur cet axe
La réduction de la vitesse sur la route du bord de mer s'inscrit dans un contexte plus global d'amélioration de la sécurité. Fin août, un grave accident a eu lieu sur ce même axe, soulignant sa dangerosité.
Une femme de 37 ans a été violemment percutée par une voiture alors qu'elle traversait sur un nouveau passage piéton. Cet aménagement remplace une ancienne passerelle dont le retrait avait suscité la controverse. La victime, projetée à 35 mètres, a survécu.
En réponse à cet événement et pour renforcer la sécurité, la Ville de Saint-Laurent-du-Var a annoncé le 16 septembre 2025 l'installation d'une nouvelle signalétique lumineuse. Des panneaux clignotants ont été posés pour alerter les automobilistes de la présence des passages piétons, en complément des feux tricolores déjà en place.