Le tribunal correctionnel de Nice a condamné par défaut un pilote de ligne à la retraite de 72 ans à une peine de quatre ans d'emprisonnement. Joël Calmet, qui réside en Martinique, a été reconnu coupable d'agressions sexuelles répétées sur les deux jeunes filles de son ex-compagne, alors âgées de 5 et 7 ans.
Les faits, qui remontent à 2013, ont été révélés en 2019 lorsqu'une des victimes s'est confiée à l'assistante sociale de son collège. L'accusé, absent lors de son procès, a également fait l'objet d'un mandat d'arrêt.
La révélation des faits et le début de l'enquête
L'affaire a débuté en novembre 2019, soit six ans après les faits. Une collégienne niçoise a pris la parole pour raconter les agressions subies en 2013. Elle et sa sœur cadette étaient alors parfois gardées au domicile de Joël Calmet, le compagnon de leur mère à l'époque.
Devant les enquêteurs, l'aînée, née en 2005, a décrit des attouchements sexuels répétés. Elle a expliqué comment l'homme profitait de leur jeune âge pour commettre des gestes intimes. Sa sœur, née en 2008, a également été entendue et a livré un récit concordant.
Expertises psychologiques concluantes
Les expertises psychologiques menées sur les deux sœurs ont joué un rôle crucial dans le dossier. Les spécialistes ont conclu à une absence totale d'affabulation de la part des jeunes filles, validant ainsi la crédibilité de leurs témoignages.
L'enquête a permis de recueillir des récits précis et cohérents, formant la base de l'accusation portée contre l'ancien pilote de l'aviation civile et militaire.
Des aveux partiels et une défense minimisant les actes
Interrogé par les gendarmes en Martinique, où il s'est installé, Joël Calmet a reconnu une partie des faits tout en les minimisant. Il a admis un seul acte sur la fille aînée, prétendant avoir agi à sa demande. Il a cependant nié toute agression sur la plus jeune des sœurs.
« C'est arrivé une fois », a-t-il affirmé aux enquêteurs durant sa garde à vue, à l'issue de laquelle il a été laissé libre sans contrôle judiciaire.
L'expert psychiatre qui l'a examiné n'a décelé aucune pathologie mentale particulière. Il a toutefois jugé qu'un suivi thérapeutique serait nécessaire en cas de condamnation, qualifiant une injonction de soins d'« opportune ».
Le rôle trouble de l'ex-compagne
L'ex-compagne de l'accusé et mère des victimes, aujourd'hui placée sous tutelle, a été entendue en 2021. Elle a nié avoir assisté ou participé aux agressions. Cependant, ses déclarations ont soulevé des questions, puisqu'elle a admis que son ancien compagnon visionnait des contenus pédopornographiques et exprimait des fantasmes sexuels impliquant des enfants.
Une enquête critiquée par la partie civile
Lors de l'audience, l'avocate de la plus jeune victime, Maître Bénédicte Page-Cohen, a vivement critiqué le déroulement de l'enquête, la qualifiant de « laborieuse et sommaire ». Elle a pointé plusieurs défaillances, notamment l'absence de poursuites contre l'ex-compagne en tant que complice, malgré ses propres aveux sur le comportement de l'accusé.
Une perquisition jugée insuffisante
Un autre point de friction a été l'examen du matériel informatique de Joël Calmet. Selon la partie civile, la vérification de ses tablettes, de son ordinateur et de son téléphone en une seule heure était largement insuffisante. « En trois mois, à partir du moment où il a reçu sa convocation, il a eu largement le temps de tout effacer », a dénoncé l'avocate.
Maître Page-Cohen a également souligné un élément jugé inquiétant : le couple avait acquis une maison en Thaïlande, un pays connu pour le tourisme sexuel impliquant des mineurs. Cet élément a contribué à dresser le profil d'un individu d'« une dangerosité extrême ».
Un procès par défaut et une condamnation ferme
L'absence de Joël Calmet à son procès a été un élément central de l'audience. Le président du tribunal, Christian Legay, a exprimé son regret : « C'est dommage, nous n'aurons pas ses explications ».
Le ministère public, représenté par Fabien Cézanne, avait requis une peine de trois ans de prison ferme assortie d'un mandat d'arrêt. Il a estimé que la nature des faits et l'absence du prévenu rendaient tout sursis simple ou probatoire inenvisageable.
Le tribunal a finalement suivi cette logique en prononçant une peine plus lourde. Joël Calmet a été condamné par défaut à quatre ans d'emprisonnement. Un mandat d'arrêt a été immédiatement délivré à son encontre pour assurer l'exécution de cette peine.