Face à une augmentation des plaintes de riverains concernant des personnes en situation d'errance et souffrant d'addictions, le maire de Nice, Christian Estrosi, a officiellement demandé au Centre Hospitalier Universitaire (CHU) de revoir sa stratégie de prise en charge. Cette démarche s'inscrit dans un contexte de tensions croissantes autour de la sécurité et de la santé publique dans le centre-ville.
Points Clés
- Le maire de Nice a envoyé un courrier au directeur général du CHU, Rodolphe Bourret, pour demander une meilleure prise en charge sanitaire des personnes sans abri souffrant d'addictions.
- Cette initiative fait suite à des plaintes récurrentes de résidents et à des épisodes de tension, comme la fermeture temporaire de la rue Tiranty durant l'été.
- La municipalité met en avant son soutien financier aux associations et le déploiement d'un nouveau bus sanitaire pour aller à la rencontre des populations vulnérables.
- Un congrès international sur l'addictologie prévu le 3 novembre à Nice pourrait accélérer la mise en place d'une stratégie commune entre la ville et l'hôpital.
Une pression croissante sur les autorités
La situation des personnes souffrant de toxicomanie dans les rues de Nice est devenue un sujet de préoccupation majeur pour les habitants et les autorités. De nombreuses plaintes ont été enregistrées, faisant état d'un sentiment d'insécurité lié à ce que la mairie décrit comme des "populations errantes souffrant d’addictions".
Cet été, la municipalité avait pris une mesure forte en fermant temporairement la rue Tiranty, connue pour être un lieu de rassemblement. Bien que de courte durée, cette action a mis en lumière l'exaspération de certains riverains et la volonté de la mairie d'agir sur le volet de l'ordre public.
Contexte : la rue Tiranty
Surnommée la "rue des toxicomanes" par certains, la rue Tiranty a été au cœur des débats durant l'été. Sa fermeture, bien que critiquée par des associations et des membres de l'opposition qui prônaient une approche plus sociale, visait à endiguer les troubles et la mendicité agressive dans ce secteur du centre-ville.
L'appel direct au Centre Hospitalier Universitaire
Dans une lettre adressée cette semaine à Rodolphe Bourret, directeur général du CHU de Nice, Christian Estrosi a franchi une nouvelle étape. Il demande à l'établissement de santé de "repenser la prise en charge sanitaire" de ces personnes vulnérables.
Le maire souligne que le nombre de personnes sans abri et dépendantes à des stupéfiants est "toujours plus nombreux", ce qui a une "incidence majeure pour la population". Il insiste sur le fait que le CHU, qui dispose "d'experts reconnus sur le plan international", a un rôle central à jouer.
"Les populations les plus en difficulté doivent y être prises en charge", a insisté le maire dans son courrier, appelant l'hôpital à retravailler son "offre de soins en augmentant sa capacité d’accueil".
Christian Estrosi a également précisé que la municipalité était prête à apporter son soutien, y compris financier, si cela s'avérait nécessaire pour augmenter les capacités d'accueil de l'hôpital.
Les actions déjà menées par la municipalité
Tout en sollicitant le CHU, la mairie met en avant les dispositifs qu'elle soutient déjà activement. La commune affirme son engagement auprès du "mouvement associatif", notamment à travers le financement des Centres d'Accueil et d'Accompagnement à la Réduction des risques pour Usagers de Drogues (CAARUD).
Soutien financier aux associations
- Fondation de Nice : 160 000 euros versés par la municipalité.
- Groupe SOS : 12 000 euros versés par la municipalité.
Face à une demande croissante, le nombre de places dans l'un de ces centres sera prochainement augmenté.
Un nouveau bus sanitaire sur le terrain
Une autre initiative récente est le déploiement d'un bus sanitaire. Cette unité mobile a pour mission d'aller directement à la rencontre des personnes en situation d'errance et d'addiction.
L'équipe du bus est composée d'un médecin, d'une infirmière et d'un travailleur social. Ensemble, ils offrent une première écoute, des soins de base et une orientation vers des structures adaptées. C'est une démarche proactive visant à ne pas attendre que les personnes en difficulté fassent le premier pas.
Vers une stratégie commune et un "schéma directeur"
L'organisation d'un congrès international d'addictologie à Nice le 3 novembre prochain est perçue par le maire comme une opportunité. Il espère que cet événement servira de catalyseur pour définir une stratégie commune et un "schéma directeur" avec le CHU.
L'objectif est clair : mieux coordonner les actions de la ville, de l'hôpital et des associations pour une prise en charge plus efficace des personnes dépendantes. Cette approche intégrée est réclamée depuis plusieurs mois par différents acteurs politiques.
Dès le mois de juillet, lors de la fermeture de la rue Tiranty, l'opposant socialiste Patrick Allemand plaidait pour une solution sanitaire et sociale plutôt que sécuritaire.
"Plutôt que d’empêcher les gens de circuler, il est indispensable de mettre en place un dispositif d’accompagnement et d’ouvrir un local en centre-ville. Des travailleurs sociaux plutôt que des vigiles", déclarait-il à l'époque.
La lettre de Christian Estrosi au CHU semble désormais ouvrir la voie à une approche plus concertée, mêlant santé publique et gestion de l'ordre public, pour répondre à un défi complexe qui touche le cœur de la ville.





