La Rentrée Solennelle du Barreau de Nice, tenue le 27 octobre 2025, a été l'occasion pour les avocats niçois de réaffirmer leur engagement en faveur de l'indépendance de la justice et des libertés individuelles. Cet événement a également rendu un vibrant hommage à Robert Badinter, figure emblématique de la défense des droits humains.
Points Clés
- Hommage à Robert Badinter pour son héritage en matière de droits humains.
- Appel à la vigilance face aux critiques contre l'institution judiciaire.
- Défense de l'indépendance du barreau et du secret professionnel.
- Dénonciation de la surpopulation carcérale à Nice.
- Engagement à servir les justiciables, y compris les plus vulnérables.
Un hommage appuyé à Robert Badinter
La cérémonie a débuté par un hommage émouvant à Robert Badinter, décédé le 9 février 2024. La vice-bâtonnière, Maître Valérie Serra, a salué la mémoire de cet « avocat lumineux qui plaidait pour la vie, pour l'humanité et pour la dignité. » Ses combats, notamment l'abolition de la peine de mort et la défense des droits des homosexuels, continuent d'inspirer la profession.
Selon Maître Serra, les avocats doivent rester les « garants de la démocratie et des libertés individuelles. » Elle a souligné l'importance de s'inspirer de l'héritage de Badinter pour construire une justice plus humaine et respectueuse des droits fondamentaux.
Chiffre Clé
Le taux d'occupation de la maison d'arrêt de Nice dépasse les 200%, une situation dénoncée comme alarmante par le barreau.
La justice face aux critiques et la surpopulation carcérale
Maître Valérie Serra a exprimé ses préoccupations concernant l'état actuel de la justice. Elle a dénoncé les critiques répétées envers l'institution judiciaire, y compris de la part de responsables politiques. Ces attaques, selon elle, ébranlent la confiance du public et menacent l'État de droit.
Un autre point de tension majeur abordé fut la surpopulation carcérale. La maison d'arrêt de Nice affiche un taux d'occupation supérieur à 200%. La vice-bâtonnière a interpellé les pouvoirs publics sur leur « résignation » face à cette situation, appelant à une action concrète pour améliorer les conditions de détention.
« Notre indépendance, c'est notre noblesse dans une société qui a renoncé à ses aristocraties. »
L'indépendance du barreau : un pilier de la démocratie
Le bâtonnier Emmanuel Brancaleoni a centré son discours sur l'importance cruciale de l'indépendance du barreau. Il a décrit le contexte international actuel comme une « heure grave » où « les démocraties se fissurent et la parole publique s'érode. » Dans ce paysage, la justice représente « l'un des derniers sanctuaires où l'on prend encore le temps. »
Cette lenteur, loin d'être un défaut, est selon lui « nécessaire » et abrite « la dignité du droit. » Face aux accusations de « gouvernement des juges », le bâtonnier a rejeté toute tentative de restreindre les droits fondamentaux au nom d'une sécurité illusoire.
Le rôle de l'avocat
Les avocats sont des acteurs essentiels de l'État de droit. Ils garantissent les droits de la défense, assurent la représentation des justiciables et contribuent à l'équilibre des pouvoirs. Leur indépendance vis-à-vis du pouvoir politique est fondamentale pour le bon fonctionnement de la justice.
Défendre les droits, même face aux pressions
Maître Brancaleoni a insisté sur la nécessité pour les avocats d'avoir le courage de dire non, y compris à leurs clients ou aux pouvoirs publics. « Je ne crois pas que réduire les droits n'ait jamais produit plus de justice, seulement plus de peur », a-t-il déclaré. Il a rappelé les situations difficiles vécues par des confrères dans d'autres pays, où ils sont « arrêtés, torturés, effacés. »
Cette réalité souligne l'importance de la protection du secret professionnel des avocats, une mesure qui témoigne de la liberté d'une société. Le bâtonnier a souligné que l'indépendance « ne s'octroie pas, elle se conquiert chaque matin. »
- Exemplarité en toutes circonstances.
- Vigilance face aux atteintes aux libertés.
- Défense du respect scrupuleux des droits de la défense.
Une profession au service des justiciables invisibles
La vice-bâtonnière Valérie Serra a également mis en avant la coopération « précieuse » avec l'ensemble de la famille judiciaire niçoise. Cette collaboration vise à servir des justiciables souvent invisibles. Parmi eux, les mineurs, les étrangers en rétention et les victimes qui n'osent pas toujours parler.
Le barreau s'engage à être la voix de ceux qui n'en ont pas, assurant que leurs droits soient défendus avec la même ferveur. Le bâtonnier Brancaleoni, dont le mandat se termine en fin d'année, a réaffirmé la mission fondamentale du barreau de Nice : faire vivre un contre-pouvoir essentiel. « Tant qu'il y aura de l'injustice dans ce monde, il faudra des voix pour la dénoncer », a-t-il conclu, saluant une profession qui demeure « les derniers gardiens d'une certaine idée de la vie humaine. »
Les Secrétaires de la Conférence du Jeune Barreau
Les Secrétaires de la Conférence du Jeune Barreau, Maître Dylan Champeau (1er secrétaire), Maître Esther Auclair (2e secrétaire), et Maître Walid Gouli (3e secrétaire), ont également joué un rôle actif dans l'organisation de cette rentrée solennelle, préparant un procès fictif en amont de l'événement principal.





