La campagne pour les élections municipales de 2026 à Nice a pris une tournure financière cette semaine. L'équipe du maire sortant, Christian Estrosi, a présenté une analyse chiffrée des premières propositions de son adversaire, Éric Ciotti, affirmant que leur coût dépasserait les 600 millions d'euros, bien loin des 50 millions annoncés par le candidat.
Philippe Pradal, président de la commission des finances de la Ville et membre de l'équipe de campagne de Christian Estrosi, a qualifié les annonces d'Éric Ciotti d'« irresponsables ». Selon ses calculs, seulement cinq des mesures phares du candidat de l'Union des droites pour la République (UDR) représenteraient près de 620 millions d'euros de dépenses nouvelles ou de pertes de recettes pour la ville sur la durée du mandat.
Points Clés
- L'équipe de Christian Estrosi estime le coût de cinq propositions d'Éric Ciotti à près de 620 millions d'euros.
- Éric Ciotti avait initialement évalué son programme à 50 millions d'euros sur la mandature.
- Les principales mesures contestées concernent la sécurité, les crèches, le stationnement et la fiscalité.
- Le camp Estrosi met en garde contre un risque de coupes budgétaires massives dans les services publics.
Une bataille de chiffres engagée
Lundi 15 décembre 2025, Éric Ciotti dévoilait les premières grandes lignes de son projet pour Nice depuis sa permanence de campagne. Interrogé sur le financement, il avait avancé un coût global de 50 millions d'euros en investissement sur l'ensemble de la mandature, complété par un budget de fonctionnement annuel d'environ 10 millions d'euros.
La réponse de la majorité municipale ne s'est pas fait attendre. Philippe Pradal a organisé une contre-offensive médiatique, calculette en main, pour détailler ce qu'il considère comme le coût réel des promesses du candidat. « Ce n’est pas sérieux », a-t-il déclaré, dénonçant un décalage majeur entre les chiffres annoncés et la réalité budgétaire de la collectivité.
Sécurité : le coût du doublement des effectifs
L'une des propositions centrales d'Éric Ciotti est de doubler la présence des policiers municipaux sur le terrain. La ville de Nice compte actuellement 425 agents. Pour l'équipe Estrosi, cette mesure impliquerait le recrutement d'au moins 200 nouveaux policiers.
Le coût annuel d'un policier municipal, incluant le salaire et les charges sociales, est estimé à 52 000 euros. Le recrutement de 200 agents représenterait donc une dépense supplémentaire d'au moins 10,4 millions d'euros par an, uniquement pour les salaires.
« Il faudra également doter ces agents d'équipements, de véhicules, d'armement et bien sûr d'uniformes », précise Philippe Pradal. Selon lui, si l'on interprétait la promesse comme un doublement total des effectifs, la facture annuelle grimperait à 22 millions d'euros.
Les mesures sociales et économiques en question
Le volet social du programme de M. Ciotti est également scruté de près. La promesse de créer 1 000 places de crèches supplémentaires est l'un des points de friction majeurs.
Selon les données de la municipalité, chaque place en crèche coûte 5 200 euros par an en frais de fonctionnement à la collectivité. La création de 1 000 places entraînerait donc une charge annuelle additionnelle de 5,2 millions d'euros. « Et ce calcul ne prend pas en compte les coûts d'acquisition du foncier ou de construction des nouvelles structures », avertit M. Pradal.
Stationnement et Carnaval : des cadeaux coûteux ?
Pour soutenir le commerce de proximité, Éric Ciotti propose d'étendre la gratuité du stationnement en voirie à deux heures, contre une heure actuellement. L'équipe du maire sortant a chiffré cette mesure précisément.
« Nous savons très bien ce que cela coûte. Étendre la gratuité à deux heures représenterait un manque à gagner de 11 millions d'euros par an pour la ville », souligne Philippe Pradal.
Une autre proposition symbolique, la gratuité du Carnaval de Nice pour les Niçois sur au moins une journée, a aussi été chiffrée. Chaque corso carnavalesque représente un coût d'organisation de 520 000 euros, qui ne serait plus compensé par la billetterie pour la journée concernée.
Le poids de la fiscalité dans le débat
Le point le plus sensible de l'analyse financière reste la promesse d'Éric Ciotti d'annuler la dernière augmentation de la taxe foncière. Cette mesure, populaire auprès des propriétaires, aurait des conséquences directes sur les finances de la ville. Selon Philippe Pradal, cela priverait la municipalité de 50 millions d'euros de recettes chaque année. Sur la durée de la prochaine mandature, qui sera exceptionnellement de sept ans, la perte s'élèverait à 350 millions d'euros.
Un programme jugé « irréaliste »
En additionnant le coût de ces cinq mesures phares, l'équipe de Christian Estrosi arrive à un total qui dépasse largement les estimations du candidat Ciotti. Le camp du maire sortant qualifie ces annonces de « poudre aux yeux » et s'interroge sur la faisabilité d'un tel programme sans sacrifices drastiques.
Philippe Pradal estime que pour financer ces promesses, le candidat de l'UDR n'aurait d'autre choix que de :
- Réduire massivement les subventions aux associations culturelles et sportives.
- Diminuer les financements alloués aux seniors via le Centre Communal d'Action Sociale (CCAS).
- Envisager la privatisation de certains services publics.
Cette analyse financière lance véritablement la bataille pour la mairie de Nice, plaçant la crédibilité budgétaire au cœur des débats. Les électeurs seront sans doute attentifs aux réponses qui seront apportées pour clarifier le financement des projets de chaque candidat d'ici 2026.





