À l'approche des élections municipales de mars 2026 à Nice, le paysage politique de la gauche apparaît plus fragmenté que jamais. La France insoumise (LFI), en alliance avec le collectif Viva !, a annoncé la présentation de sa propre liste ce dimanche 12 octobre 2025, portant à au moins cinq le nombre de candidatures concurrentes dans ce camp, une situation qui contraste fortement avec les appels passés à l'unité.
Une gauche niçoise divisée en de multiples listes
L'espoir d'une alliance unifiée de la gauche et des écologistes pour les prochaines élections municipales à Nice semble définitivement écarté. Alors que les élections de 2020 avaient déjà montré les conséquences négatives de la division, la situation actuelle s'avère encore plus complexe. Plusieurs listes distinctes se préparent à entrer en campagne, rendant le paysage politique particulièrement illisible pour les électeurs.
Cette multiplication des candidatures est perçue par de nombreux observateurs comme une opportunité pour les forces politiques de droite, notamment pour le maire sortant Christian Estrosi et son rival Éric Ciotti. La dispersion des voix pourrait en effet empêcher toute liste de gauche d'atteindre un score suffisant pour peser dans le scrutin.
Les principales listes de gauche et écologistes déclarées
- Une liste d'union entre le Parti Communiste Français (PCF), le Parti Socialiste (PS) et Les Écologistes, menée par Juliette Chesnel-Le Roux.
- La liste écologiste indépendante de Jean-Marc Governatori.
- Les listes portées par les élues municipales et métropolitaines Hélène Granouillac et Sylvie Bonaldi.
- La nouvelle liste de La France insoumise (LFI) et du collectif Viva !.
- Une possible sixième liste pourrait émerger si Place publique, le parti de Raphaël Glucksmann, décide de se présenter de manière autonome.
LFI et Viva ! font cavalier seul
La France insoumise, dirigée localement par Olivier Salerno et Anne-Laure Chaintron, a choisi de s'associer au collectif citoyen Viva ! pour lancer sa propre dynamique. La présentation des premiers noms de leur liste, baptisée "Nice Front populaire" (NFP), est prévue ce dimanche sur la place Garibaldi. Ce nom fait directement référence à l'alliance nationale formée pour les élections législatives de 2024, mais la version niçoise se fera sans le PS, le PCF ou encore Les Écologistes.
Le souvenir de 2020
Lors des élections municipales de 2020, la liste citoyenne Viva !, déjà distincte des autres formations de gauche, avait obtenu 8,90 % des voix au premier tour. Ce score, bien que significatif, n'avait pas été suffisant pour se qualifier pour le second tour, illustrant les risques de la division.
Mireille Damiano pressentie comme tête de liste
Selon plusieurs sources, l'avocate Mireille Damiano pourrait être désignée pour conduire cette nouvelle liste. Figure reconnue pour son engagement auprès des migrants et des sans-papiers, et représentante du syndicat des avocats de France, elle avait déjà été la tête de liste de Viva ! il y a cinq ans. Son profil militant et ancré dans la société civile correspond à la ligne défendue par LFI et ses alliés.
À ses côtés, on retrouverait les co-chefs de file de LFI Nice, Olivier Salerno et Anne-Laure Chaintron, ainsi que d'autres figures locales comme l'ancien communiste Robert Injey et David Nakache, président de l'association Tous Citoyens !.
Un projet de rupture pour Nice
Dans leur communication, les initiateurs de la liste "Nice Front populaire" justifient leur démarche par l'urgence de proposer une alternative crédible à la gestion actuelle de la ville. Ils pointent du doigt plusieurs problématiques majeures qui, selon eux, nécessitent un changement radical de politique.
"Crise du logement exacerbée, taux de pauvreté record, surtourisme asphyxiant, pollution récurrente, retards d’équipements collectifs criants… Notre ville a besoin d’un profond changement pour rompre avec des décennies de gestion affairiste", déclarent-ils dans un communiqué.
Leur projet se veut une réponse aux défis sociaux et écologiques que rencontre la capitale azuréenne. Ils ambitionnent de construire un programme qui place la justice sociale et la transition écologique au cœur de l'action municipale.
Les défis sociaux et environnementaux de Nice
- Logement : Une forte tension sur le marché immobilier, aggravée par la prolifération des locations touristiques.
- Pauvreté : Un taux de pauvreté parmi les plus élevés des grandes villes françaises.
- Tourisme : Des débats récurrents sur l'impact du surtourisme sur la qualité de vie des habitants et sur l'environnement.
- Environnement : Des épisodes de pollution de l'air fréquents et des enjeux liés à la gestion de l'eau et des déchets.
Une stratégie face à la droite et l'extrême droite
La nouvelle liste se positionne clairement en opposition à la majorité municipale actuelle et à la menace de l'extrême droite. L'objectif affiché est de mobiliser les électeurs déçus et de proposer une voie différente de celle incarnée par Christian Estrosi et Éric Ciotti.
"Face au risque d’un énième mandat de Christian Estrosi, face au danger d’une mainmise de l’extrême droite d’Éric Ciotti sur notre ville, il y a urgence", insistent les porteurs du projet. Ils appellent à un rassemblement de la société civile autour d'une plateforme "résolument écologique, résolument de gauche".
Cependant, cette stratégie d'affirmation d'une ligne politique distincte se heurte à la réalité d'un électorat de gauche qui devra choisir entre de multiples options. L'éparpillement des voix reste le principal obstacle à la concrétisation de cette ambition de changement, et l'issue du scrutin de mars 2026 demeure très incertaine pour ce camp politique.