Dans une interview accordée le 4 octobre 2025, Renaud Muselier, président de la région Sud, a abordé de front les grands dossiers politiques actuels. Il a notamment proposé un référendum pour sortir de l'impasse nationale, tout en détaillant ses stratégies pour les prochaines élections municipales dans la région. Il a également réaffirmé la tenue des Jeux Olympiques d'hiver de 2030, qualifiant Nice de "modèle" de gestion.
Points Clés
- Renaud Muselier suggère un référendum à questions multiples comme solution à la crise politique nationale.
- Il se positionne sur plusieurs élections municipales clés : Nice, Menton, Marseille et Toulon.
- Il confirme la tenue des Jeux Olympiques d'hiver de 2030 dans les Alpes, malgré l'instabilité politique.
- Le président de région qualifie la gestion de Christian Estrosi à Nice de "modèle français et européen".
Une situation nationale jugée dans l'impasse
Face à un climat politique tendu en France, Renaud Muselier a exprimé son inquiétude quant à une possible nouvelle dissolution de l'Assemblée nationale. Selon lui, une telle décision ne servirait que les intérêts des extrêmes. "Mme Le Pen le veut, pas pour le bien des Français mais pour obtenir une loi d’amnistie", a-t-il déclaré, ajoutant que La France insoumise chercherait par ce biais à provoquer la démission du Président.
Pour le président de la région Sud, la stabilité institutionnelle est primordiale. Il rejette l'idée d'une démission d'Emmanuel Macron, la qualifiant de scénario menant au "chaos pour la France".
La proposition d'un référendum
Afin de débloquer la situation, Renaud Muselier avance une solution : l'organisation d'un référendum à questions multiples. "Pourquoi ne ferait-on pas un référendum avec plusieurs questions ? Ce sont les Français qui trancheraient, sur le budget par exemple, ou sur la décentralisation", a-t-il suggéré. Il estime que cette consultation directe légitimerait les décisions politiques à venir.
Contexte des sondages
L'analyse de Renaud Muselier intervient après la publication d'un sondage Ifop qui place Marine Le Pen et Jordan Bardella en tête des intentions de vote au premier tour de la présidentielle, avec un tiers des voix. Le sondage montre également une progression de Raphaël Glucksmann et un recul d'Edouard Philippe. Pour Muselier, ces chiffres confirment que le "bloc central" devra présenter une candidature unique pour espérer l'emporter.
Stratégies locales en vue des municipales de 2026
Renaud Muselier a longuement détaillé sa vision pour les prochaines élections municipales dans les villes clés de la région Sud. Il a affirmé son soutien à plusieurs personnalités tout en critiquant les stratégies de ses opposants.
Soutien affirmé à Christian Estrosi à Nice
Le président de région n'a pas tari d'éloges sur le travail du maire de Nice, Christian Estrosi. "Moi qui travaille beaucoup avec Christian Estrosi, je vois ce qu’il a fait de sa ville. C’est incroyable !", a-t-il affirmé. Il qualifie Nice de "magnifique" et de ville qui "rayonne à l'international".
Concernant la candidature d'Éric Ciotti, il critique son changement de position : "Il disait qu’il remercierait Estrosi toute sa vie et il se présente contre lui." Pour Muselier, la gestion de Nice est un "modèle tant au niveau français qu’européen".
"On n’est jamais réélu sur un bilan, mais quand même, Nice est magnifique. Qu’est-ce que [Ciotti] peut faire de plus ? La ville rayonne à l’international."
Un appel à l'union à Menton et Toulon
À Menton, Renaud Muselier soutient une union derrière la candidature de Louis Sarkozy. Il estime que c'est la seule stratégie viable pour battre la candidate du Rassemblement National. "Si on part divisés, on perd les clés de la ville. Si on y va ensemble, on peut gagner", a-t-il insisté, soulignant le poids du nom Sarkozy dans cette ville.
À Toulon, il se félicite du choix de Michel Bonnus comme candidat de la droite, soutenu par l'ancien maire Hubert Falco. Il juge que ce profil a de bonnes chances de l'emporter face à la candidate RN, Laure Lavalette, donnée en tête des sondages.
Relations et alliances à Cannes et Marseille
Renaud Muselier a reconnu des relations autrefois "orageuses" avec David Lisnard, le maire de Cannes, mais a indiqué qu'elles se sont améliorées. "On discute, ça va mieux", a-t-il confié, tout en respectant son travail en tant que "grand maire".
À Marseille, il observe avec attention l'alliance entre Stéphane Ravier et Franck Allisio pour le RN, qui totalisent environ 30 % dans les sondages. Il note que l'union fait la force, une leçon qu'il applique à son propre camp.
Les Jeux Olympiques d'hiver 2030 confirmés
Malgré l'instabilité politique et économique nationale, Renaud Muselier a fermement garanti la tenue des Jeux Olympiques et Paralympiques d'hiver de 2030 dans les Alpes françaises. Il a répondu aux doutes exprimés par Edgar Grospiron, patron du comité d'organisation.
Des JO à budget maîtrisé
Selon Renaud Muselier, le budget de ces Jeux est estimé à 2 milliards d'euros, ce qui en ferait "les moins chers de l'histoire". Il s'appuie sur le succès de Paris 2024, qui a été bénéficiaire, pour affirmer la viabilité du projet. La projection tient également compte du réchauffement climatique.
Il a précisé que la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, avec ses deux pôles de Briançon et Nice, accueillera la moitié des épreuves et la cérémonie de clôture. Seuls deux éléments manquent encore : le vote de la loi olympique à l'Assemblée et la finalisation du budget de l'État.
Interrogé sur la menace de la gauche de retirer Nice de l'organisation en cas de victoire, il a ironisé en comparant cette posture à celle du maire de Marseille, Benoît Payan, qui s'était opposé à des événements sportifs avant de s'en attribuer le succès une fois en poste.
Positions personnelles et gestion régionale
Renaud Muselier a également abordé des sujets plus personnels, comme son rapport à la justice et ses ambitions politiques passées.
Réaction à l'affaire Sarkozy
Concernant la condamnation de Nicolas Sarkozy, il a exprimé son incompréhension face à la sévérité de la peine, y voyant une "volonté de l'humilier". Il soutient donc la décision de Christian Estrosi de nommer le parvis du futur hôtel des polices de Nice au nom de l'ancien président, considérant cela comme un "témoignage" pour un "grand Président".
Le souvenir de la tempête Alex
Cinq ans après la tempête Alex qui a dévasté les vallées des Alpes-Maritimes le 2 octobre 2020, faisant dix-huit morts, Renaud Muselier a rappelé l'engagement de la Région. "La Région a été là dans l’urgence, là dans la réparation et sera là demain", a-t-il déclaré, précisant que son action se limitait à ses compétences.
Enfin, il a confié avoir fait le deuil de son ambition de devenir maire de Marseille. "J’ai travaillé toute ma vie pour être maire", a-t-il admis, mais il se dit aujourd'hui "très heureux" à la présidence de la Région, un poste qui lui permet d'avoir une vision globale sur les territoires, des difficultés d'Avignon et Marseille au "modèle" que représente Nice.