Une femme malvoyante de Nice, titulaire d'un doctorat en lettres modernes, pensait avoir été recrutée comme professeure contractuelle pour la rentrée 2025. Cependant, le rectorat des Alpes-Maritimes a clarifié la situation, indiquant qu'il s'agissait d'une simple présélection et non d'une embauche ferme. Ce désaccord a laissé la candidate, Laura Huret, sans emploi ni revenu, soulevant des questions sur les processus de recrutement et l'inclusion des personnes en situation de handicap dans l'Éducation nationale.
Points clés
- Laura Huret, docteure en lettres modernes et malvoyante, croyait avoir obtenu un poste d'enseignante contractuelle.
- Le rectorat a précisé que le mail initial était une présélection, non un recrutement définitif, attribuant la confusion à une "formulation" nationale.
- Madame Huret dénonce un manque d'aménagements et une proposition de mi-temps incompatible avec sa situation.
- Le rectorat maintient son offre de poste à temps partiel à Vence, mais cherche des solutions pour Nice centre.
Un processus de recrutement source de confusion
Laura Huret, 42 ans, résidant à Nice, est atteinte d'un kératocône, une maladie dégénérative de la cornée qui entraîne une perte progressive de la vue. Elle est également très photosensible et utilise une canne blanche pour se déplacer. Forte de son doctorat en lettres modernes et de son expérience en tant qu'ancienne enseignante à l'université de Nice, elle a postulé à une annonce pour un poste de professeure contractuelle.
Après l'examen de son dossier, Madame Huret a participé à un entretien en visioconférence d'une heure avec une inspectrice. Lors de cet échange, les aménagements nécessaires à son poste ont été abordés. Elle a expliqué avoir besoin d'une salle orientée au nord pour minimiser l'exposition au soleil. Pour le reste, elle se dit capable de s'adapter à toutes les conditions d'enseignement.
"C'était un véritable entretien d'embauche, d'une heure. On a évoqué les adaptations de poste ; je n'ai besoin que d'une salle orientée au nord pour qu'il y ait moins de soleil. Pour le reste, je m'adapte à tout," a déclaré Laura Huret.
Le 5 juin, Madame Huret a reçu un courrier électronique qui, selon elle, confirmait son recrutement pour la rentrée scolaire 2025. Ce message demandait la fourniture de pièces justificatives pour "finaliser le recrutement". Elle était alors "persuadée d'être embauchée".
Chiffres clés du recrutement
- 1 heure : Durée de l'entretien de Madame Huret.
- 5 juin : Date du mail qui a créé la confusion.
- Rentrée 2025 : Période pour laquelle le poste était envisagé.
La position du rectorat face aux allégations
Malgré le mail reçu en juin, aucun contrat ni affectation n'a été transmis à Laura Huret. Le rectorat a ensuite précisé que le mail ne constituait pas une offre d'emploi ferme, mais une indication que sa candidature avait franchi une première étape de sélection. Il s'agissait d'une inscription dans un "vivier" de candidats aux compétences validées.
Selon le rectorat, la formulation initiale du mail, générée automatiquement par un outil ministériel, était "source de confusion". Ce paramétrage national a depuis été corrigé. Le rectorat a démenti toute discrimination liée au handicap de Madame Huret.
Contexte des recrutements contractuels
Les postes d'enseignants contractuels sont souvent pourvus en fonction des besoins immédiats des établissements scolaires. Les candidats inscrits dans un "vivier" sont considérés comme éligibles, mais leur affectation n'est pas garantie et dépend des disponibilités et des spécificités des postes à pourvoir.
Le rectorat a confirmé que Madame Huret fait partie de ce vivier de candidats. L'inscription dans ce vivier ne garantit ni une affectation immédiate, ni une embauche, les postes étant proposés "selon les besoins".
Des propositions d'aménagement jugées insuffisantes
Face à cette situation, Laura Huret a exprimé son désarroi. Elle affirme être "sans emploi ni revenu" et se demande si elle doit "changer de voie juste parce que [elle est] malvoyante". Elle rapporte avoir reçu, il y a quinze jours, une proposition de mi-temps à Vence. Cependant, cette offre est "irréalisable" pour elle.
Madame Huret explique qu'elle habite Nice et ne peut pas utiliser les transports en commun pour se rendre à Vence. Les coûts quotidiens d'un taxi seraient prohibitifs et rendraient le poste économiquement insoutenable. Elle déclare n'avoir reçu "aucune proposition d'aménagement" pour faciliter son accès au poste, ce que le rectorat conteste.
Le rectorat a indiqué avoir contacté Madame Huret pour "préciser ses contraintes" et envisager des "aménagements nécessaires". La candidate a fait part de son souhait d'obtenir une affectation à temps plein dans le centre de Nice. Toutefois, le seul besoin actuel en lettres modernes se situe à Vence, sur un poste partagé.
Impact sur Laura Huret
- Sans emploi : Madame Huret est actuellement sans activité professionnelle.
- Sans revenu : Elle ne perçoit aucune rémunération.
- Proposition de mi-temps : Offre à Vence jugée "irréalisable" en raison des contraintes de transport.
- Souhait : Poste à temps plein dans le centre de Nice.
Cette situation met en lumière les défis que rencontrent les personnes en situation de handicap lors des processus de recrutement, même lorsque leurs compétences sont reconnues. Les discussions entre Laura Huret et le rectorat se poursuivent pour trouver une solution adaptée.
La reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH)
Madame Huret bénéficie d'une reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH). Le rectorat a rappelé que cette reconnaissance ne "garantit pas un recrutement". Cependant, il a affirmé que sa candidature a été "étudiée avec bienveillance".
La RQTH vise à faciliter l'accès à l'emploi et le maintien dans l'emploi des personnes en situation de handicap, notamment en permettant des aménagements de poste. Dans ce cas précis, la complexité réside dans l'adéquation entre les besoins spécifiques de la candidate et les postes disponibles sur le terrain.
La question reste ouverte quant à la capacité du système éducatif à proposer des solutions concrètes et adaptées pour des profils comme celui de Laura Huret, afin de garantir une véritable inclusion professionnelle.